“A l’heure actuelle, toutes les industries proposent des programmes de fidélité, à l’exception des restaurants, cafés et boîtes de nuit. On peut donc aller dix fois dans le même établissement sans avoir le moindre geste commercial”, tel était le constat fait par Guillaume Faure en 2017 alors qu’il finit des études en marketing international. Mi-septembre 2019, le Français, entouré de quatre associés, lançait donc sur App store “Mine nightlife”, une application mobile destinée à être la carte de fidélité de demain dans l’hôtellerie-restauration mais également les clubs et bars londoniens.
Les ambitions affichées par Guillaume Faure et ses partenaires ont tout du mythe de la startup venue combler un vide sidéral. Ici, il s’agit de redynamiser le secteur de la vie nocturne londonienne, en déclin notoire depuis plusieurs années. A en croire le Marseillais, la moitié des boîtes de nuit aurait fermé dans la capitale anglaise au cours de la dernière décennie. La raison ? Un pouvoir d’achat qui se réduit inexorablement avec l’augmentation du coût de la vie, combiné à de nouvelles habitudes de consommation comme l’achat d’alcool en supermarché, au détriment naturellement de la consommation au comptoir. “Notre objectif est d’être un intermédiaire entre les établissements et le public”, résume le jeune chef d’entreprise, avant d’ajouter que “Mine nightlife a été pensé comme un jeu pour permettre aux consommateurs d’avoir plus sans dépenser plus et aux lieux de faire le plein”.
Concrètement, l’utilisateur de l’application se voit attribuer un QR code qu’il devra présenter au moment de payer dans chacun des établissements partenaires. Ce faisant, chaque commande rapporte un certain nombre de points qui, cumulés, donneront droit à une consommation gratuite. Mais pour ne pas se limiter à la simple somme d’argent dépensée, les créateurs de la plateforme ont imaginé d’autres paramètres permettant d’obtenir des points comme le fait de parrainer un proche ou de partager une photo sur les réseaux sociaux. Des “challenges” seront ainsi proposés de temps à autre aux utilisateurs, comme sortir en période creuse ou bien venir accompagnés de deux amis par exemple. Mais, précise Guillaume Faure, “les fonctionnalités arriveront au fil du temps pour laisser le temps à nos utilisateurs de s’y accommoder progressivement”.
Si le Français peut se permettre de voir loin et grand, c’est que le jeune chef d’entreprise de 25 ans a déjà une longue expérience dans le milieu de la vie nocturne dont il connaît les rouages et les contraintes. En classe de première, il s’improvisait déjà organisateur de soirée à thèmes en privatisant des boîtes de nuits et en gérant la communication et les animations de ses événements. Après avoir décroché son baccalauréat de science et technique de la gestion, il commence une licence en management de structures dans l’hôtellerie et le tourisme. En 2017, il s’expatrie outre-Manche pour y réaliser son master en marketing international à l’université de Coventry, à deux pas de Liverpool Street. En parallèle de ses études, il se fait embaucher en tant que serveur et gravit les échelons jusqu’à devenir manager.
En lieu et place du traditionnel stage de fin d’études, le Marseillais opte plutôt pour l’entreprenariat et commence à plancher sur son projet d’application. Il est vite rejoint par un camarade puis par un designer et deux développeurs avec qui il met alors au point Mine nightlife pendant près d’un an. Aujourd’hui encore, il est contraint de travailler à mi-temps dans la restauration mais espère pouvoir prochainement se consacrer à plein temps à son projet. “La plus grosse difficulté quand on arrive dans un pays étranger c’est d’arriver à se constituer un réseau”, confie-t-il. En effet, tout l’enjeu de de la startup est à présent de proposer une large panoplie d’adresses avec la plus grande communauté d’utilisateurs possible. Pour ce faire, l’équipe prépare la sortie de l’application sur Play store équipant les téléphones Android et envisage de s’étendre prochainement à l’hôtellerie, avant peut-être de dupliquer le modèle dans d’autres capitales européennes et notamment Paris.