La petite entreprise d’Hélène Bataille devient grande. Avec une autre pâtissière française, la fondatrice d’Yvonne & Guite, Caroline Coutand-Gavriloiu, elles ont décidé d’unir leurs forces en décembre dernier pour donner à “Bisou les madeleines” une nouvelle dimension.
“Caroline Coutand-Gavriloiu m’a contacté en mars dernier et m’a proposé un partenariat, que j’ai trouvé tout de suite intéressant. En plus, cela faisait quelques mois que je cherchais un business partenaire”, explique Hélène Bataille, “en travaillant seule, même si le produit est bon, on peut vite être saturée”. Deux ans après lancé son affaire, la chef d’entreprise vient donc de franchir une étape importante.
L’idée était dès le départ de fusionner les deux compagnies, Caroline Coutand-Gavriloiu étant la fondatrice de la marque Yvonne & Guite créée en 2015 et spécialisée dans la confection de canelés. Les deux femmes ont un point en commun, outre celui de pâtisser : elles ont changé de vie pour fonder leur entreprise à Londres. Caroline Coutand-Gavriloiu était une ancienne banquière, qui a préféré jeter le tablier de gestionnaire de marchés financiers pour endosser celui de pâtissière. Hélène Bataille a fait le même choix. Cette dernière est arrivée à Londres en 2013, après avoir quitté son poste de graphiste en France, pour y apprendre l’anglais et envisager de nouvelles opportunités professionnelles.
Après quelques mois à travailler dans des restaurants, “des jobs plus faciles à décrocher quand on ne parle pas anglais” lance-t-elle, elle se réinstalle comme graphiste indépendante pour le secteur… de l’hôtellerie et restauration. Un milieu qu’elle a toujours trouvé “créatif” lui laissant une grande liberté, à laquelle elle a toujours tenue. “J’ai besoin d’épanouissement, c’est ce qui donne d’ailleurs la motivation quand on est indépendant. C’est essentiel de pouvoir avoir cette marge de manoeuvre, de pouvoir s’exprimer et développer son identité”.
Mais au bout de deux ans et demi, Hélène Bataille aspire à d’autres challenges et surtout à moins de stress. L’idée de se lancer dans la confection de madeleines lui vient alors qu’elle passe des vacances chez ses grands-parents en Lorraine. Son grand-père excelle dans la cuisson de cette spécialité de la région. La jeune femme, qui avait l’habitude plus petite de le regarder faire, est elle-même une amatrice de la petite douceur. Elle avait même embarqué dans ses valises pour Londres tout le matériel pour pâtisser. Héritière du talent de son grand-père, elle faisait déjà profiter ses proches de ses madeleines, et tous étaient unanimes pour dire qu’elle avait un don certain pour confectionner cette spécialité. Beaucoup d’ailleurs lui conseillent alors de se lancer dans l’aventure.
Helène Bataille se laisse convaincre et monte sa petite affaire qu’elle baptisera “Bisou les madeleines”. Dans son laboratoire à Shadwell, elle expérimente, teste… La jeune femme joue à la petite chimiste mais se forme aussi pour tout connaître des savants mélanges afin de rendre son produit unique. En septembre 2016, tout est lancé et la gamme grandit avec du sucré (chocolat de Bayonne, piment d’Espelette, caramel au beurre salé, thé matcha, eau de rose, zeste de citron bio, noix de coco, fleur de sureau) et même du salé.
Après deux ans, la petite entreprise a pignon sur rue et Hélène Bataille est sur tous les fronts : elle est présente sur les marchés de Londres où elle vend les petites et grandes madeleines qu’elle réalise, fournit de grands événements et devient même une des chouchous de la marque Sézane qui propose à ses clientes de la matinée les douceurs sucrées de la Française. “J’en livre 800 par semaine”, détaille-t-elle. Avec cette fusion, la jeune femme et son associée vont davantage étoffer les collections avec une madeleine par mois selon les saisons. “Il y en aura pour tous les goûts, toutes les occasions”, se réjouit Hélène Bataille, comme pour les recettes salées : la Cherbourg avec carottes, cumin et olives, ou encore la Bastia avec du saumon, de l’estragon et de la moutarde ainsi que la Rocamadour avec du chèvre, un zeste de citron et des noix.
Autre étape dans son entreprise, le lancement d’une boutique en ligne en novembre 2018. “Il y a eu un bon démarrage”, se félicite la Française, qui explique aussi avoir créé une “Bisou box” et un “Bisou bag”. “Nous livrons maintenant partout dans le Royaume-Uni”. Leurs madeleines sont aussi disponibles sur une plateforme de vente “Not on the high street”. Un pas supplémentaire dans l’expansion de la marque sur le marché britannique.
La nouvelle association qu’Hélène Bataille et Caroline Coutand-Gavriloiu va dans ce sens. “Tout s’est fait naturellement. Je me suis rapidement rendue compte que nous étions très complémentaires. Caroline est davantage dans la stratégie, la logistique, la planification et moi plus dans la pâtisserie”. Un duo qui “échange beaucoup, ce qui fait que ça marche. Pour moi, le secret d’une bonne collaboration, c’est la communication”. Cette étape, les deux jeunes femmes l’accueillent avec une certaine excitation. “Londres est une ville difficile mais incroyable. Quand on monte une entreprise, tout peut aller très vite, il faut toujours être prête, il y a toujours de nouvelles choses qui peuvent arriver”, analyse Hélène Bataille.
Elle ne regrette pas un seul instant d’avoir changé de voie et d’avoir trouvé Caroline Coutand-Gavriloiu sur son chemin. “Bisou les madeleines, c’est maintenant quatre mains, deux cerveaux et donc dix fois plus de choses à imaginer. C’est tellement stimulant”.