“Notre moteur principal est de permettre aux femmes de pouvoir s’entraider, d’avoir un espace de parole pour échanger sans aucun filtre“, affirme Margaux Cras, co-créatrice du collectif I Wanna Bees, fondé avec une autre Française de Londres, Léa Paulette Chevalier. Les deux femmes se sont rencontrées il y a deux ans via les réseaux sociaux, et depuis sont inséparables. “C’est comme une histoire d’amour”, s’amusent-elles.
Margaux Cras a posé ses valises dans la capitale anglaise il y a sept ans et a fondé deux salons de coiffure bio renommés pour leur savoir-faire à la française, Margaux Salon. Quant à Léa Paulette Chevalier, elle réside au Royaume-Uni depuis cinq ans et travaille à son compte depuis bientôt dix ans en tant que community manager, élaborant des stratégies de communication digitale pour ses clients.
“Lors de notre première rencontre, je me suis immédiatement identifiée à la personnalité de Margaux. Nous partageons toutes les deux un désir constant d’apprentissage et une multitude d’idées”, partage Léa Paulette Chevalier. En effet, l’idée de créer leur réseau, I Wanna Bees, dédié à la bienveillance, l’entraide et la sororité entre les entrepreneuses de Londres, a pris forme à la suite d’un événement organisé par les PIFL (Professionnels Indépendants Francophones de Londres). Cette communauté, reprise en main en 2018 par Cylia Rousset, offre elle aussi un espace d’échange, d’entraide et de promotion pour les entrepreneurs francophones installées dans la capitale anglaise. “Après cette rencontre, l’idée d’un collectif féminin m’est venue et Margaux m’a immédiatement soutenue en disant : ‘On a cette idée, maintenant on le fait ou on on ne le fait pas du tout.’ C’est ainsi que tout a commencé”, explique Léa Paulette Chevalier.
C’est aussi l’aspect personnel qui a inspiré la création d’I Wanna Bees, ajoute son associée Margaux Cras. “Ce projet nous tenait particulièrement à cœur, en tant que jeunes femmes entrepreneuses expatriées. Au début, nous n’avions pas une maîtrise parfaite de l’anglais, ce qui rendait la transition vers l’entrepreneuriat difficile. Nous avons donc démarré avec peu de ressources, mais avec une grande détermination.”
Concernant le nom du collectif, Margaux Cras l’explique par l’envie d’utiliser la musique Wannabe des Spice Girls comme introduction pour ainsi refléter leur “caractère solaire et enthousiaste”. Puis en y réfléchissant davantage, les deux fondatrices ont réalisé que l’extension Bees pouvait à la fois évoquer les abeilles et faire révérence au côté business (“biz”). “Nous avons tout de suite été séduites par ce symbole des abeilles représentant l’activité, la recherche et l’échange d’idées pour créer quelque chose de précieux, comme le miel. C’est une très belle image de communication : la signification correspondait parfaitement à notre vision”, raconte Léa Paulette Chevalier. C’est d’ailleurs grâce à cette métaphore filée qu’est né le slogan du collectif “Learn, Share, Collect, Create”.
Pour les deux jeunes associées, s’il est indéniable que hommes et femmes peuvent collaborer et se soutenir mutuellement, le choix d’un réseau exclusivement féminin s’explique par le fait que “parfois, entre femmes, nous nous comprenons mieux, nous partageons des expériences communes que nous vivons au quotidien. Par exemple, certaines peuvent être confrontées à des défis comme l’endométriose ou d’autres problèmes de santé et poursuivre leur travail même pendant leurs périodes menstruelles”, souligne Léa Paulette Chevalier, “elles peuvent avoir du mal à aborder ces sujets avec un homme, tandis qu’entre femmes, elles peuvent échanger, se conseiller, et se soutenir mutuellement.” Margaux Cras appuie cette réflexion. “Malgré nos maux, nous devons continuer à être maman, femme, cheffe d’entreprise. C’est pour ces raisons que cela faisait sens de créer ce collectif de femmes françaises.”
I Wanna Bees aspire à être bien plus qu’un simple réseau en offrant des ateliers mensuels récurrents de deux heures sur des sujets spécifiques. Si les fondatrices préfèrent garder le mystère entourant les thèmes et les intervenants, elles assurent que “tout est bien ficelé” et que ces moments d’échange se dérouleront en deux parties distinctes, l’une consacrée au partage d’expérience et l’autre à l’apprentissage. Leur tout premier événement se déroulera jeudi 23 mai et les 60 inscrites auront ainsi l’occasion de découvrir des témoignages inspirants, d’assister à des ateliers de formation et de rencontrer différentes entrepreneuses.
Toutes les femmes, quel que soit leur profil, sont les bienvenues, même celles qui ne sont pas cheffes d’entreprise, car ces rendez-vous s’adressent aussi à celles qui rêveraient de le devenir. “Ces workshop visent à répondre à leurs questions sur différents sujets ou à aider celles qui ont déjà une entreprise mais pouvant être confrontées à des défis ou des périodes de stagnation, voire à celles qui ont connu une croissance significative et se demandent comment gérer ce changement”, détaille Léa Paulette Chevalier.
Ces “moments mensuels”, comme les deux fondatrices les décrivent, auront tout de même un prix, l’accès au premier événement étant fixé à £25. Ce tarif se justifie simplement par le coût de la location de la salle accueillant ces événements. “Le but n’est pas de faire de notre collectif un business”, assure Margaux Cras.
Avant même le lancement officiel du projet, I Wanna Bees compte déjà plus de 120 entrepreneuses intéressées. Face à cet enthousiasme, les deux associées envisagent déjà l’avenir. L’idéal serait, pour elles, d’avoir un lieu unique où les “bees” pourraient venir travailler et se rencontrer autour d’un café, mais aussi se détendre grâce à une salle de yoga.
Le collectif s’adresse aujourd’hui aux femmes françaises, mais la question de l’ouverture de la communauté au monde anglophone se posera naturellement dans le futur, selon Margaux Cras et Léa Paulette Chevalier. Les créatrices affirment y avoir réfléchi, mais soulignent l’existence d’autres groupes dans la capitale anglaise, comme Women in Business Networking, qu’elles apprécient d’ailleurs beaucoup. La communauté française étant importante à Londres, elles estiment que la valeur ajoutée de leur collectif réside dans le fait qu’il soit nouveau, qu’il possède une identité unique et qu’il permette plus d’intégration dans le monde de l’entrepreneuriat anglais.