Délaissant momentanément la Grande-Bretagne et le nord de l’île d’Irlande, French Morning London s’est cette fois intéressé aux toutes petites îles britanniques qui parsèment le nord de l’Écosse, sont ancrées en mer d’Irlande ou encore près des côtes françaises… A travers le témoignage de Français qui y vivent.
“C’est très vallonné. Et très vert, avec beaucoup de moutons. Sinon, c’est de la côte sauvage, avec des falaises à perte de vue. C’est super beau, surtout en été.” Solène Giraudeau-Potel, Française de 29 ans, a vécu six années en Écosse avant d’aller sur l’île principale des Shetlands (le “Mainland”), tout au nord du Royaume-Uni, il y a un an. Elle y travaille pour la Shetland Amenity Trust, association œuvrant à la préservation de l’héritage culturel et naturel local. “Le Mainland fait un peu moins de 1000 kilomètres carrés. La ville principale, Lerwick, compte près de 7.500 habitants.” La Française y apprécie de pouvoir être proche de la nature, la proximité avec les gens…
Mais craint aussi un peu l’hiver, ses tempêtes, le manque de lumière – “le soleil se couche à 14h30” – et l’éloignement. “Pour rejoindre Abeerdeen, il faut 12-14 heures en ferry. Sinon, avec l’avion, c’est assez cher, vu qu’il y a qu’une seule compagnie…(et il n’y a bien sûr pas de liaison directe avec la France, ndlr).” Ayant acheté un voilier avec son compagnon – amarré, pour l’heure, à Skeld, sur la côte ouest – la Française devrait, cela dit, pas mal bouger à l’avenir…
De son côté, Marie Bruhat a opté pour un endroit encore plus petit et isolé : Fair Isle, micro-territoire de 8 kilomètres carrés perdu entre le “Mainland “ (le site fait partie des Shetlands) et l’archipel des Orcades, au sud. Naturellement, il n’y a pas foule – “il n’y a qu’une cinquantaine d’habitants… “ – et les côtes les plus proches ne sont qu’à une quarantaine de kilomètres… Pas de quoi décourager la Française, qui y vit depuis 2017 et est tombée amoureuse de cette mer “à perte de vue”, ces paysages “toujours changeants”…
Diplômée en design textile, Marie Bruhat avait découvert Fair Isle à l’occasion d’un stage de tricot. Elle a, depuis, pu y avoir un logement – qu’elle occupe avec son conjoint – et y lancer sa propre collection de vêtements tricotés, rendant hommage à la tradition ‘Fair Isle’ … Petite population oblige, elle s’est aussi bien investie dans la vie de la communauté – “tout le monde, ici, fait des petits boulots en plus car sinon l’île ne pourrait pas fonctionner” – en rejoignant la brigade des pompiers locale.
En pleine mer d’Irlande, entre la Grande-Bretagne et l’île d’Émeraude, l’Île de Man (570 kilomètres carrés et 85.000 habitants) a un statut particulier. Britannique…. “mais sans faire partie du Royaume-Uni”, comme le rappelle Christophe Delaplassette, Français qui y vit depuis dix ans. Le territoire est une “dépendance de la Couronne” et est très autonome. Les règles varient donc pour ce qui est de l’accès au travail des étrangers. Et ce, indépendamment du Brexit (les Britanniques non Mannois doivent aussi s’y plier). “Les cinq premières années, c’est un peu galère car il vous faut un permis de travail… Au bout de cinq ans, vous êtes considéré comme ‘Isle of Man Worker’ “. Et n’avez ainsi plus besoin de permis.
Une liberté dont jouit aujourd’hui Christophe Delaplassette, qui a ouvert une crêperie à Douglas, la capitale. Originaire de Bretagne, le Français se plaît sur l’île, en dépit des difficultés administratives du début. “J’ai visité quasiment tous les pays d’Europe occidentale et n’ai trouvé nulle part un aspect sécuritaire comme ici. Vous pouvez laisser votre maison ouverte, votre voiture avec les clefs dessus… Et puis, c’est joli. Et les gens sont sympas.”
Avec Guernesey, à côté, Jersey fait partie des “îles Anglo-normandes”. Situées à quelques kilomètres des côtes françaises, ce sont pourtant des “Crown dependencies”, à l’instar de l’Île de Man… La culture y est anglophone, malgré la proximité avec la France. “Dans le quotidien, les gens ne parlent pas du tout français mais anglais”, indique Alexandrine Gagnaire, Française installée sur Jersey (120 kilomètres carrés, environ et plus de 100.000 habitants) depuis un peu plus d’un an et demi. Et ce, non sans difficultés…
Arrivée en plein Covid, la jeune femme a dû faire face à des soucis d’emploi et de logement (les droits des non Jersiais étant, là aussi, souvent restreints, en particulier durant les cinq premières années). Pour l’heure, la Française souhaite néanmoins rester. Pour le cadre naturel, d’une part – “d’une beauté assez inouïe” – et très “dog friendly”, point capital pour la jeune femme, venue avec son compagnon à quatre pattes… Mais aussi par rapport au travail d’”infirmière vétérinaire” qu’elle a finalement décroché et pour lequel elle est encore en formation. “Le standard britannique est le standard le plus élevé en termes de ‘vet nursing’.”
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Photo de Une : Fair Isle. Crédit photo : Marie Bruhat