“Nous nous rapprochons du moment où Eurostar aura de réels problèmes de trésorerie… Nous devons conclure ces discussions le mois prochain”. Ce dernier appel a été lancé mercredi 17 mars par le directeur général de la SNCF lui-même.
La compagnie ferroviaire transmanche est en effet au bord de la faillite. Face une baisse de 95% du nombre de passagers en 2020, crise sanitaire oblige, Eurostar a perdu beaucoup d’argent. Depuis plusieurs mois, l’entreprise ne cesse donc d’interpeller les gouvernements britanniques et français pour qu’ils organisent son sauvetage financier. Mais pour l’heure, chacun se renvoie la balle, le Royaume-Uni rappelant à la France qu’elle est actionnaire majoritaire, la SNCF étant effectivement détentrice à 55%.
Si les politiques des deux côtés de la Manche ont promis de trouver une solution – sans pour autant préciser laquelle et sous quelle garantie -, le temps presse et Eurostar craint encore plus aujourd’hui pour sa survie. Lors d’un entretien accordé au Financial Times, Jean-Pierre Farandou a confirmé que des “discussions très avancées” étaient en cours avec les gouvernements français et britannique étaient afin d’obtenir d’éventuels prêts garantis par l’État (certains parlent d’une demande de £60 millions d’Eurostar auprès des autorités britanniques) pour aider l’opérateur ferroviaire à traverser la crise de la Covid-19. “Nous espérons que ce sera des semaines [pas des mois] car la situation financière va être très difficile à la fin mai, début juin”, d’après le directeur général de la SNCF.
Selon le journal britannique, des aides ont déjà été accordées à Eurostar mais elles ont toutes été déjà absorbées pour compenser les pertes liées à la baisse du nombre de passagers. “Les actionnaires, qui comprennent également la Caisse de dépôt et placement du Québec, Hermes Infrastructure et l’opérateur ferroviaire belge (la SNCB), ont déjà injecté 200 millions d’euros pour maintenir l’Eurostar à flot pendant la crise, mais la société a déclaré que cet argent était ‘fini'”, écrit ainsi le Financial Times.
Eurostar espère obtenir gain de cause, arguant que le train est aussi important que l’avion. Le secteur aérien a en effet eu accès à des aides des Etats, se chiffrant à des milliards de livres sterling et d’euros. “Il faut que ce type de soutien soit étendu aux trains à grande vitesse internationaux”, martèle depuis des mois la compagnie ferroviaire. “Eurostar est encore plus important après le Brexit”, a déclaré Jean-Pierre Farandou, “cela vaut le coût de se battre. Eurostar est stratégique, c’est géopolitique”.