L’exposition Stanley Kubrick: The Exhibition a été inaugurée au Design Museum vendredi 26 avril. French Morning London a eu la chance d’assister à l’avant-première de l’événement et vous fait découvrir les détails de cette exposition de renommée mondiale.
L’entrée est certainement le moment le plus impressionnant de l’exposition. 5 écrans se divisent pour laisser passer les visiteurs à travers les images des scènes les plus cultes des films du réalisateur. On entre donc dans l’exposition sous les yeux des personnages masqués d’Eyes Wide Shut ou encore sous le regard angoissant du petit Danny dans Shining.
Dans la première salle, on découvre de nombreux objets ayant appartenus à Stanley Kubrick tels que des vieux livres, des carnets annotés, de vieilles cassettes ou encore sa calculatrice de poche. On rentre dans l’intimité et le quotidien de l’artiste en un clin d’œil grâce au décor fait d’anciennes malles, d’une bibliothèque personnelle et du fauteuil de réalisateur qui l’accompagnait sur tous ses tournages. En fond sonore, on est bercé par la voix du réalisateur américain qui parle de son processus de création. Cette salle d’archives nous fait aussi découvrir des lettres écrites à l’artiste notamment par l’actrice Audrey Hepburn mais aussi des scripts et scénarios rédigés à la main. Sur le mur sont accrochés les “claps” utilisés pour synchroniser les scènes sur chaque tournage.
On arrive ensuite dans la partie “tournage”. Ici, c’est l’aspect technique du travail de Stanley Kubrick qui est présenté. Caméras, objectifs et autres matériels sont disposés aux côtés des affiches des films et de photos en noir et blanc du réalisateur sur le tournage d’un de ses chefs-d’oeuvres, 2001: L’Odyssée de l’espace. Plus loin on aperçoit les premiers extraits des scènes mémorables de Lolita, Les Sentiers de la Gloire, Orange Mécanique, etc. La partie “montage” nous immerge, quant à elle, dans le bureau de Stanley Kubrick avec son vieil ordinateur et une étagère pleine de pellicules.
Chaque salle va ensuite rendre hommage à un film. On commence avec Les Sentiers de la Gloire suivi de Spartacus et de Full Metal Jacket. À chaque film correspond une couleur de mur et une ambiance différente. Les visiteurs se retrouvent au cœur du processus créatif face aux storyboards, aux costumes et aux photos de tournages. Britannique d’adoption, Stanley Kubrick a réalisé la totalité de ses films à Londres et dans ses alentours. On apprend donc comment le réalisateur a réussi à recréer le Vietnam sans quitter le Royaume-Uni par exemple. Une vidéo nous montre aussi une interaction entre Stanley Kubrick et l’acteur principal de Full Metal Jacket, alors que le réalisateur lui donne des conseils et lui fait répéter ses scènes.
On arrive ensuite dans une salle rose bonbon. “Si j’avais pu refaire le film, j’aurais souligné la composante érotique de leur relation de la même manière que Nabokov l’a fait.” Film hautement controversé, Lolita inspiré du roman éponyme russe a fait scandale de par sa violence (le film s’ouvre sur une scène de meurtre) et son traitement de la sexualité, même si le réalisateur trouve qu’il a trop “adoucit” son adaptation cinématographique du texte. Comme le roman de Nabokov avait déjà mauvaise réputation à l’époque, l’opinion publique s’est directement retournée contre le film de Kubrick à sa sortie. Photos sensuelles, une de journaux et extraits de films sont présents dans cette salle plus politique que jamais.
Les deux films qui vont suivre sont eux aussi très osés et provocateurs : Orange Mécanique et Eyes Wide Shut. L’un met en scène un groupe d’adolescents violents qui se déchaînent chaque nuit, frappant et violant d’innocentes victimes. L’autre raconte la découverte d’une secte où règne sexe et manipulation psychologique. Dans la salle d’Orange Mécanique, le design et la sculpture sont largement évoqués car très présents dans le film. En effet, un extrait du film nous montre la bande d’adolescents en compagnie de sculptures de femmes dans des positions souvent très explicites.
L’exposition se change ensuite en film d’horreur dans la salle consacrée à Shining. Avec la reconstitution miniature du labyrinthe, les robes des fameuses deux jumelles qui hantent les couloirs de l’hôtel, la machine à écrire où Jack tape indéfiniment le proverbe “All work and no play makes Jack a dull boy” (qui pourrait se traduire par “À trop travailler, on perd joie et santé) et les haches plantées dans le mur, le visiteur devient vite aussi oppressé et angoissé que les personnages du film. Jack Nicholson et Shelley Duvall, les deux acteurs principaux, racontent dans un extrait vidéo que Stanley Kubrick les poussait constamment à bout lors du tournage et que c’est cela qui a permis de créer un film aussi réaliste.
Après avoir passé les salles de Dr Folamour et Barry Lyndon, on arrive dans la dernière et plus grande salle de l’exposition consacrée au film 2001: l’Odyssée de l’espace qui marquera tout une génération et qui révolutionnera la science-fiction lors de sa sortie en 1968. On plonge dans l’univers futuriste du film au milieu de la reproduction de la station spatiale Hilton, des costumes d’astronautes et de la navette spatiale accrochée au plafond. Juste avant, l’exposition nous apprend comment le réalisateur a réussi à créer le décor lunaire du désert africain et nous fait découvrir les costumes de singe utilisés dans la séquence L’Aube de l’Humanité.
L’exposition Stanley Kubrick: The exhibition permet aux visiteurs de découvrir le processus créatif du réalisateur, sa manière de travailler et de penser. Elle nous amène dans les coulisses de chefs-d’œuvres cinématographiques du XXème siècle et nous rappelle aussi l’amour incontestable que portait l’artiste à l’Angleterre. 20 ans après la mort du réalisateur dans son manoir de Childwickbury au nord de Londres, le pays n’a pas oublié son fils adoptif et lui rend hommage en accueillant cette exposition rétrospective incontournable.