Le premier tour de l’élection présidentielle est à moins de trois semaines. Et pour convaincre les Français du Royaume-Uni de l’intérêt de voter pour le candidat écologiste, Yannick Jadot, Julien Bayou, secrétaire général d’Europe Ecologie-Les Verts se rend à Londres, mercredi 23 mars. Il sera accompagné lors de cette soirée rencontre-débat avec la communauté française britannique, organisée au London Canal Museum, de la sénatrice des Français de l’étranger, Mélanie Vogel.
Mais pourquoi avoir choisi d’attendre la dernière ligne droite pour venir écouter les Français installés de ce côté de la Manche ? “Je peux comprendre que globalement les Français de l’étranger aient le sentiment d’avoir été laissés pour compte”, reconnaît Julien Bayou, “mais la campagne a esquivé beaucoup d’autres sujets. Pendant de longs mois, elle a été kidnappée par les idées de l’extrême droite avec pour débat central l’immigration”. Un vrai regret pour le secrétaire général d’EELV. Selon lui, cette “drôle de campagne”, qui a eu grand mal à démarrer, n’a cependant pas fait dévier le candidat Yannick Jadot de sa ligne, soulignant qu’il n’a jamais souhaité aller sur “le terrain des idées de l’extrême droite”.
Julien Bayou regrette également les outrances que certains candidats se seraient permises – une surenchère des propositions et déclarations notamment sur le thème de l’immigration -, mais aussi qu’Emmanuel Macron refuse de faire une vraie campagne de confrontation d’idées. “Le débat aurait permis de déjouer ses fausses promesses, de le contredire sur sa politique climatique et son travail sur l’Europe”, estime-t-il.
Mercredi 23 mars, lors de sa rencontre avec les Français du Royaume-Uni, Julien Bayou souhaite d’abord échanger sur les enjeux plus globaux des Français de l’étranger, et à commencer par leur représentativité en France. “Si Yannick Jadot est élu, il veut mettre en place un conseil régional des Français de l’étranger, pour aller au-delà de leur actuelle représentation au sein de l’Assemblée nationale et du Sénat à travers les députés et sénateurs des Français de l’étranger”. Ce conseil aurait ainsi son propre budget pour gérer les aspects sociaux (aides aux personnes les plus démunies) mais aussi le développement économique (soutien aux très petites et moyennes entreprises accordé selon la taille de l’entreprise, mais aussi leurs actions pour le climat et l’égalité salariale).
Parmi les autres préoccupations des Français de l’étranger auxquelles le candidat Yannick Jadot souhaiterait répondre, s’il est élu le 24 avril, les retraites. “Elles sont de plus en plus hachées pour les plus ou moins jeunes, mais aussi pour celles et ceux qui ont une carrière internationale et notamment les femmes. Notre objectif sera de gommer les inégalités avec la France et faire une réforme du mode de calcul”, propose Julien Bayou. Afin d’améliorer la qualité des services consulaires, le candidat écologiste promet par ailleurs de poursuivre la dématérialisation des démarches (carte d’identité, passeport…) sans pour autant oublier les personnes les plus vulnérables, celles qui n’ont pas accès à internet ou encore à un ordinateur. De même, Julien Bayou assure que si EELV arrive au pouvoir les barèmes pour les aides aux frais de scolarité seront relevés.
Aux Français du Royaume-Uni, Julien Bayou viendra également expliquer que si le Royaume-Uni n’appartient plus à l’Union européenne, Yannick Jadot, s’il est élu président de la République, travaillera à établir une nouvelle relation entre les deux pays, mais aussi avec les Etats-membres de l’UE. “Sans déroger cependant à certains sujets, comme sur ce qu’il se passe à Calais. Ce n’est pas tenable de voir des gendarmes français jouer les gardes fous du Royaume-Uni. Il existe un réel enjeu de l’organisation du passage des migrants”.
Julien Bayou estime que la France a aussi beaucoup à apprendre du Royaume-Uni sur certains plans. “Déjà de part sa logique de démocratie de résidence”, souligne-t-il, prenant l’exemple de l’Ecosse où les habitants, peu importe leur nationalité, peuvent participer à la vie démocratique. “Nous aimerions permettre aussi aux personnes extra-communautaires de voter. Et si elles ont des enfants qui pourraient être concernées par des décisions politiques, elles doivent aussi pouvoir participer au vote”. L’organisation politique britannique est aussi une source inspirante pour EELV. “Contrairement à la France, où le président a beaucoup trop de pouvoirs, au Royaume-Uni tout n’est pas sacralisé autour d’un seul individu. C’est toxique d’avoir un président qui décide de tout sans rendre des comptes”. Côté écologie, Julien Bayou souligne les efforts réalisés par l’Ecosse sur l’autonomie énergétique, en misant sur de l’éolien off-shore.
Le secrétaire général du parti croit dur comme fer que son candidat peut gagner, malgré les sondages qui donnent pour le moment Yannick Jadot à 5% des intentions de vote. “Ce sont les électeurs qui font l’élection et on l’a vu aux dernières élections européennes et municipales, où nous avons gagné des villes comme Lyon et Bordeaux. Et malgré les polémiques stériles, nous avons prouvé que notre gestion et nos idées fonctionnent”, commente Julien Bayou, “c’est pourquoi on ne va donc pas abdiquer sur notre capacité de peser dans le débat présidentiel”.
Surtout, dit-il, quand les propositions d’EELV prennent tout leur sens dans le contexte actuel. “Yannick Jadot parle depuis longtemps de la question de la défense européenne, et avec ce qui se passe en Ukraine, un pas de géant a été fait ces dernières semaines”. L’enjeu climatique et notamment la dépendance à des énergies fossiles en provenance d’autres pays, sujets de prédilection des écologistes, sont aussi au centre des débats aujourd’hui. De quoi, espère Julien Bayou, faire réfléchir les électeurs sur leur vote.
Car si EELV sait qu’elle a une réserve de voix chez les jeunes, sensibilisés aux grandes questions écologistes, reste que son discours n’est pas encore entendu par tous. “Le vote utile, c’est le vote pour le climat et la justice sociale”, lance-t-il pour ainsi convaincre les indécis, avant d’ajouter, “rien n’est joué. C’est un vrai rendez-vous pour tous les Français, ce n’est pas une élection de plus. Ils doivent choisir entre des projets de société et même de civilisation”. Car pour lui, ce qui se joue le 10 avril prochain est en effet “colossal”. “Les Français ont entre leurs mains la capacité de lancer un nouveau leadership, celui de l’écologie”.
Où : London Canal Museum, 12/13 New Wharf Road, London N1 9RT
Quand : Mardi 23 mars de 6.30pm à 8pm
Combien : gratuit
Pour s’inscrire : ici