Le mouvement écologiste Extinction Rebellion (XR en abrégé) mène depuis lundi 7 octobre une série d’actions dans différentes villes du monde pour inciter les états à réduire drastiquement leurs émissions de CO2 afin de lutter contre la crise environnementale. Militante pour le mouvement depuis l’an dernier, la Française Karen Janody participe à l’opération qui se déroule actuellement à Londres.
Elle a amené son drapeau estampillé d’un sablier, symbole de l’urgence climatique. Karen Janody, Lyonnaise installée à Londres, était à la marche organisée par Extinction Rebellion samedi 12 octobre, sur Oxford street, accompagnée de ses deux enfants. “Cette marche est en réalité une ‘marche funèbre’, symbolique, où l’on fait le deuil des espèces qui sont mortes ou qui vont mourir à cause du changement climatique”, explique-t-elle.
La Française, responsable culturelle dans le secteur de la santé publique, a participé à d’autres actions durant la semaine. Les militants avaient décidé de bloquer un certain nombre d’infrastructures afin d’attirer l’attention des politiques et du public. Karen Janody s’est rendue à Westminster, puis au London City Airport, le 10 octobre. Habitante du quartier de Greenwich – non loin de l’aéroport – le projet d’augmentation du nombre de vols imaginé pour le site l’affecte particulièrement. “Cela va engendrer encore davantage de pollution et impacter notre santé et celle de nos enfants.”
La mère de famille a toujours été sensible aux questions environnementales, au point d’éprouver une certaine culpabilité lorsqu’elle s’est retrouvée enceinte de sa petite fille. “La perspective de l’amener dans un monde avec un futur potentiel aussi triste me mettait mal à l’aise. Mais quand elle est arrivée, c’est un besoin d’agir que j’ai ressenti, pour son avenir et celui de son frère.”
C’est finalement la parution d’un rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), en octobre dernier, qui va la convaincre de rejoindre Extinction Rebellion. Le document évoquait les conséquences désastreuses pour la planète qu’entraînerait une hausse globale des températures de plus de 1,5 C° (extinction d’espèces, montée des océans) et rappelait l’importance de réduire de 45% les émissions mondiales de CO2 d’ici 2030. “Cela nous laisse à peine 11 ans”, s’inquiète Karen Janody.
La Française, qui s’est installée en Angleterre en 1996, est aujourd’hui coordinatrice bénévole du groupe XR de Greenwich. “On fait du lobbying, explique-t-elle. Nous sommes parvenus à convaincre la municipalité de ce quartier de reconnaître l’état d’urgence climatique. La question est maintenant de savoir si cela va déboucher sur de vraies mesures… “
Outre la lutte contre l’augmentation des vols au London City Airport, les militants se mobilisent contre le projet d’ouverture du Silvertown tunnel également générateur, selon eux, de davantage de pollution. Karen Janody a par ailleurs récemment envoyé une proposition aux autorités de Greenwich pour demander l’ouverture d’“un pavillon pour la biodiversité”, visant à sensibiliser au jardinage et à la nécessité de reverdir les espaces urbains. “Ce qui me permet de lutter contre l’anxiété écologique, c’est justement de passer à l’action.”