Qu’elle soit, ou non, en lien direct avec leur décision de rentrer, l’épidémie de Covid s’est parfois fait ressentir sur leur “impatriation”. Témoignages de ces expatriés du Royaume-Uni revenus en France entre 2020 et 2021.
Lorsqu’on lui annonce en septembre qu’elle ne pourra conserver son poste – dans l’événementiel – à cause de la pandémie, Julie (*) tente pendant plusieurs mois de retrouver du travail à des postes administratifs à Londres. En vain. “Ce n’était probablement pas la bonne période et le fait, aussi, que je doive postuler dans des secteurs autres que l’événementiel, où j’avais moins d’expérience, n’a pas dû aider.” Elle décide donc de rentrer en France, fin février.
Khady mûrit, elle, la décision de rentrer définitivement alors qu’elle se trouve à Paris lors de la première vague. Venue se confiner avec ses proches à la mi-mars 2020, la Française – enseignante dans un établissement britannique – travaille un peu à distance. Puis démissionne. Fatigue professionnelle, envie de se rapprocher de sa famille, de son ami (à Paris aussi)… Rentrer, elle y songeait déjà, c’est vrai, mais se donnait encore du temps. “La Covid a précipité les choses. En venant quelques semaines, j’ai repris goût à la France.”
De son côté, à bientôt 30 ans, Céline a ressenti le besoin “d’évoluer” dans sa vie personnelle et professionnelle. De retour en août après deux ans à Brighton, elle pense que la Covid a aussi joué. “La vie s’étant arrêtée, je me suis posée et ai réfléchi à mon avenir.”
Une fois de retour, retrouver un emploi – même dans un contexte périlleux – semble s’être fait sans trop de complications pour la plupart de ces Français. Certains ayant pu jouer de leur différence. A l’instar de Julie, qui a retrouvé en mars dernier un poste en communication au sein d’une entreprise internationale. Il faut s’y exprimer en anglais, ce qui ne pose bien sûr aucun problème à la jeune femme, qui a passé un peu plus de sept ans au Royaume-Uni.
Céline, elle, a décroché, en octobre 2020, un CDD dans le social. Titulaire, à l’origine, d’une licence dans ce domaine, la jeune femme avait travaillé pour une institution venant en aide à de jeunes autistes en Angleterre. Une expérience a priori bien perçue à son retour dans l’Hexagone. “Le fait d’être partie seule, sans rien au début, a permis de montrer ma détermination et motivation. Et l’anglais peut être utile dans le social, en France, pour accompagner des personnes étrangères.”
De retour à l’été 2020, Yohann a lui trouvé rapidement un travail en restauration, secteur pourtant fragilisé par la crise. Mais pour son amie, les choses ont été plus compliquées. “En mars, elle n’avait toujours pas reçu le formulaire U1 (**) pour percevoir quelque chose de Pôle emploi.” Une situation liée à la Covid, selon Yohann, qui se dit “très déçu” du manque de soutien côté français. Administrativement, c’est vrai que la crise sanitaire a pu rendre un peu moins aisées les démarches de ces “impatriés”. Notamment pendant les confinements en France. “Tous les bureaux étaient fermés, c’était donc beaucoup de coups de fil…, indique Khady. Mais, bon, rien d’insurmontable non plus.”
Recréer des liens dans ce contexte peut aussi être un peu plus dur. En Haute-Savoie, Coraline a eu un poste à un endroit où elle ne connaissait personne. Et les restrictions n’aident pas. “Depuis octobre, il n’y a plus de soirée à l’extérieur.” La jeune fille s’est tournée vers les réseaux sociaux pour tenter de rencontrer du monde.
Pas de nouveau cercle amical non plus pour Agnès qui dit d’ailleurs “à peine” voir ses amis existants. Et sa famille. “C’est aussi le fait de ne pas vouloir prendre le risque de contaminer les gens qu’on aime.” Elle ne semble toutefois pas regretter son retour. “J’ai eu plaisir à retrouver de bonnes baguettes fraîches avec du bon beurre”, rit-elle.
Comme Khady, qui a beaucoup apprécié ses 10 années d’expatriation mais a l’impression “d’avoir fait le tour” de sa vie à Londres. Céline, en revanche, ressent un peu de nostalgie et se dit qu’elle repartira outre-Manche “le plus souvent possible, en vacances.” Quant à Julie, elle se sent bien pour l’heure. Mais sait aussi qu’en ayant acquis la nationalité britannique avant de partir, “la porte reste ouverte”.
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(*) Les personnes n’ont pas souhaité préciser leur nom pour préserver leur anonymat.
(**) Formulaire retraçant les périodes de cotisations à l’assurance chômage, ici, en l’occurence les périodes cotisées au Royaume-Uni (et donc émis par l’administration britannique).