Déjà présente depuis une quinzaine d’années sur le sol britannique, Babolat se lance un nouveau défi. L’entreprise lyonnaise, spécialiste entre autres de la fabrication de raquettes de tennis, de pickleball et de badminton, a pour ambition de gagner des parts de marché sur le padel. Ce sport s’est en effet imposé, ces dernières années, comme LA discipline tendance. La preuve en est avec l’ouverture de plusieurs centres, rien qu’à Londres, permettant aux amateurs de s’adonner à leur pratique préférée.
Pour réussir ce pari, Babolat vient de dépêcher un nouveau directeur régional, David Gire, qui connaît bien l’entreprise (il y travaille depuis plus de 20 ans) mais qui est aussi un spécialiste du padel. Au Royaume-Uni, la discipline n’en est qu’à ses débuts et c’est pourquoi Babolat veut se positionner dès à présent. “Nous avons des niveaux de maturité différents selon les pays en Europe”, commente David Gire, le plus mature étant l’Espagne – représentant 50% du marché mondial – avec trois millions d’adeptes et des milliers de terrains disponibles – le padel est devenu le deuxième sport national – et les moins matures étant l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse mais aussi le Royaume-Uni donc. “Mon objectif est ainsi de planter, comme je l’ai fait ailleurs, une petite graine pour être au début de l’aventure du padel ici”.
Car si Babolat est surtout connu pour ses raquettes de tennis, aujourd’hui, la vente de raquettes de padel représentent 20-25% du chiffre d’affaires. De quoi donner envie à l’entreprise de miser davantage sur le padel et donc de s’ouvrir vers un marché en plein boom. Mais pourquoi autant de succès ? “Parce qu’il y a déjà le plaisir du sport, puis c’est facile, amusant, facile d’accès, tout le monde peut s’y mettre. On joue à quatre, donc il y a un côté social qui plaît beaucoup. Ça fait un peu penser, disons, au double, au tennis”, avance David Gire.
La promotion de la discipline par des anciens sportifs de haut niveau, notamment des footballeurs – ce fut le cas en Suède avec Zlatan Ivanović – a popularisé la pratique. “10% de la population suédoise a déjà touché une raquette de padel, c’est énorme”. D’autres pays sont également en train de succomber à cette folie du padel, à commencer par l’Italie. “Tous les joueurs de football en première ligue sont venus à ce sport et ont communiqué dessus, via les réseaux sociaux. Je m’en souviens très bien parce qu’à l’époque j’étais le patron de la France et de la Belgique sur le padel. On avait le même niveau de terrain entre la France et l’Italie. A peu près le même qu’en Angleterre aujourd’hui. Cinq ans plus tard, on atteint en Italie les 10,000 terrains dont 2,000 rien qu’à Rome, alors que la France en est à 2,500 actuellement.”
L’Italie est ainsi devenue le deuxième marché européen avec 1,5 million de pratiquants. La météo, dans le sud du pays, la conversion d’anciens espaces de foot en court de padel, le prix au mètre carré moins élevé… Tout ceci a largement contribué à la montée en puissance de ce sport. “C’est moins le cas dans le nord qui ressemble plus à la France, à la Suisse, l’Allemagne ou l’Angleterre”.
Mais pour David Gire, le Royaume-Uni est certainement le marché qui va rattraper son retard le plus rapidement. Des centres comme le Padium à Canary Wharf, avec des terrains en intérieur et extérieur, est une des preuves de la rapidité du développement de la pratique de ce côté de la Manche. “On parle de sept à huit autres projets en cours, rien que pour cette année, à Londres. Il existe 700 cours en Angleterre à ce jour. À la fin de l’année, il y en aura 1,200 ou 1,300. L’année prochaine, 2,000”, prophétise le Français.
Pas question donc pour Babolat de manquer le coche. “Les seuls freins que je vois en Angleterre sont ceux économiques, avec la capacité des investisseurs à mettre de l’argent et à faire avancer ce sport. Une fois qu’il y aura un peu plus de joueurs, il y aura probablement plus de médias, de tournois, d’événements”. Et qui sait, peut-être que la fédération de tennis britannique se rebaptisera “fédération de tennis et de padel”, comme cela fut le cas en Italie.
Autre frein qui pourrait de présenter à l’avenir, le manque d’entraîneurs pour répondre aux besoins des joueurs. “Des clubs ouvrent, ils se remplissent très très vite. Les gens jouent et puis ils se disent : “il faut que je progresse”. Mais où est l’entraîneur ? Où prendre des cours ? Et ce sont de vrais entraîneurs de padel qu’il faut, pas des entraîneurs de tennis reconvertis. Le rôle des opérateurs sera d’intégrer dans leur réflexion une stratégie d’accompagnement du consommateur sur tous ces besoins via des services”.
La mission du Français sera de son côté de convaincre les distributeurs britanniques, comme Sport Direct, de miser sur le padel. Pour cela, il pourra compter sur son équipe d’une dizaine de personnes, qui travaillent aussi sur les autres domaines d’activité de l’entreprise. “Mon rôle sera de mettre les bonnes énergies au bon endroit”. Le terrain a déjà été bien travaillé par ses prédécesseurs, reconnaît-il. “Je suis là pour apporter mes connaissances sur le padel et la gestion des grands comptes parce que c’était mon métier pendant de nombreuses années. Il y aura aussi des challenges à relever sur la chaîne d’approvisionnement, sur les douanes, sur le ‘credit management’… Bref des choses un peu moins drôles, mais qu’on va devoir améliorer rapidement pour offrir un bon service à nos clients”.
Si le padel est bien dans la ligne de mire de Babolat, l’entreprise n’oublie pas pour autant son ancrage dans le tennis. C’est juste à côté de Wimbledon, au sein du Wimbledon Club, le plus grand club de la ville, que la marque a installé son bureau. “Nous sommes partenaires depuis de nombreuses années. C’était donc assez logique d’être là”, avance le Français, “nous sommes vraiment dans l’épicentre du tennis”. Et quand il parle d’épicentre, il parle non seulement du stade qui accueille chaque année le championnat, mais aussi de la concentration de clubs dans le secteur. “Cela n’existe nulle part ailleurs en Angleterre”.
Babolat se fécilicite ainsi d’être “au cœur du réacteur”. D’ailleurs, ce sont des ces bureaux que l’entreprise prévoit d’installer un showroom de qualité. “Nous allons aussi pouvoir recevoir des clients, des partenaires, faire des tests. On a de gros événements prévus ici au club, évidemment en amont de Wimbledon”.