“La ligne sera ouverte de début juillet à début octobre. Si le taux de remplissage est bon, on ne s’interdit pas de la maintenir pour les vacances de la Toussaint, Noël et peut-être même en avril l’an prochain”, explique Clément Pellistrandi, co-fondateur de la compagnie L’Odyssey. Et si ce professionnel du transport aérien a des raisons d’espérer que la liaison qu’il va lancer à partir du 1er juillet entre Deauville et London City rencontre le succès, c’est que cette ligne a déjà existé il y a quelques années. “On sait donc qu’il y avait une certaine appétence pour cette liaison”, analyse le chef d’entreprise.
Le vol, qui reliera donc la capitale anglaise à la ville normande, durera une cinquantaine de minutes. Les départs et arrivées se feront le vendredi et dimanche après-midi, un positionnement idéal, selon Clément Pellistrandi, pour attirer une clientèle intéressée par un aller-retour sur le week-end. “Cela évite le parcours compliqué via l’Eurostar”, estime le Français, “le trajet en train peut prendre entre six et sept heures avec un changement de gare à Paris, donc pour un court séjour cela peut freiner certaines personnes. En revanche, avec notre liaison, la connexion est directe”. Le choix de faire décoller et atterrir les vols à London City n’est donc pas anodin. “Non seulement c’est un aéroport en cœur de ville mais les contrôles sont aussi beaucoup plus rapides. A l’arrivée, si l’usager n’a qu’un bagage à main, il peut être sorti de l’aéroport de Deauville en quelques minutes. C’est un gain de temps phénoménal”.
Parce qu’elle souhaite proposer un service premium, la compagnie aérienne française assurera la liaison entre les deux villes par un avion régional, donc de taille réduite. “C’est un avion qui compte normalement 34 sièges mais on va les réduire à 27 pour permettre le transport de bagages supplémentaires mais aussi apporter davantage de confort pour les passagers, qui auront ainsi plus de place pour leurs jambes”, détaille Clément Pellistrandi, “notre objectif étant de rendre le voyage le plus agréable possible”. Mais tout cela a un prix et le chef d’entreprise assume. “Nous n’avons pas vocation à être un ‘low cost’”, souligne-t-il. Il faudra donc compter entre 300 et 350 euros pour un aller-retour sur L’Odyssey.
Le Français sait qu’il pourra certainement trouver le public pour ce genre de vol. Il faut dire qu’il n’est pas nouveau dans le secteur. Clément Pellistrandi vient du monde du transport aérien et c’est en 2019 qu’il crée L’Odyssey, qui fait partie du groupe Jet Airlines. Il a été rejoint dans l’aventure par David Roman. Ensemble, ils ont souhaité proposer uniquement des vols régionaux. La pandémie s’étant invitée dans leur projet, les deux associés se sont alors vite adaptés en mettant en service des vols à la demande, en jets privés. “L’an dernier, on a lancé notre première liaison entre Genève et Deauville sur un avion de sept places. On a pu tester ce marché premium et cela a plutôt bien fonctionné”.
Une levée de fonds a été ensuite réalisée pour continuer le développement de L’Odyssey, dont la base est installée à Genève. Si Clément Pellistrandi ne souhaite pas révéler le montant de la somme collectée, il confie cependant que des investisseurs importants ont y participé, à l’instar d’Alexandre de Juniac, ancien PDG d’Air France et IATA (International Air Transport Association) ainsi que Charles Beigbeder d’Audacia Capital ou encore Paul de Rosen de la SNCM (Société nationale maritime Corse-Méditerranée). Cette levée de fonds aura ainsi permis le lancement de nouvelles lignes, dont celle entre Deauville et Londres. L’aéroport londonien a d’ailleurs tout de suite accepté d’accueillir cette liaison, car il savait le potentiel déjà existant de cette ligne.
Le premier vol aura lieu vendredi 1er juillet prochain et Clément Pellistrandi espère que les clients britanniques ou français, qui ont envie d’un week-end à Deauville, qui y ont une résidence secondaire ou simplement de la famille, trouveront en cette ligne une option de choix pour leur déplacement. Si ce lancement s’avère concluant, L’Odyssey pourrait alors imaginer un développement plus large dans les prochaines années. “On a des grosses vues sur Londres”, conclut le chef d’entreprise, sans en dire davantage.