Après un faux départ en 2019 à cause de l’arrivée de la pandémie, Staycation arrive enfin à Londres. Une arrivée qui signe le premier pas à l’international pour cette start-up française, dont l’idée est simple : donner la possibilité de réserver une chambre d’hôtel pour 24 heures au sein d’établissements prestigieux et ainsi y vivre une expérience unique définie pour chacun des hôtels partenaires. L’objectif étant de permettre aux clients de s’évader du quotidien sans partir loin de chez eux. Car ce “service urbain” s’adresse à une clientèle locale, en recherche de déconnexion le temps d’une journée, et cela, sans avoir à voyager.
Un concept qui plaît puisqu’en cinq ans, Staycation est déjà parvenu à conquérir le marché français, avec parmi les hôtels partenaires les prestigieux palaces parisiens Le Lutetia ou encore Le Bristol, et a réussi à convaincre une communauté de plus de deux millions d’abonnés. C’est grâce notamment à une offre de près de 500 expériences différentes imaginées à partir de thématiques comme le bien-être, l’insolite, l’ultra-luxe. “On s’adapte à toutes les envies et tous les besoins”, assure Kevin Hutchings, l’un des trois co-fondateurs.
Cette application est née à l’été 2017 dans sa tête et celle de deux de ses amis, Mathieu Ecollan et Mathieu Dugast. “En discutant avec un hôtelier, on s’est rendu compte que le dimanche était un jour compliqué pour le secteur, car avec le chassé-croisé des clients, entre le départ des touristes et l’arrivée des clients business en début de semaine, la plupart des chambres restaient vides”, confie Kevin Hutchings. En y réfléchissant, les trois futurs associés découvrent qu’en dissociant les hôtels de la dimension voyage, ces établissements devenaient des hauts lieux “lifestyle” et “agréables”, où il fait bon de profiter de services intéressants, comme une piscine, un spa ou des repas gastronomiques…
La clientèle locale est la cible parfaite : résidente à proximité des hôtels, ne souhaitant pas forcément partir loin de chez elle, n’ayant pas un budget démesuré pour une expérience unique, mais étant à la recherche d’un “break” dans sa vie quotidienne. “C’est un modèle très vertueux pour les hôteliers, car ils peuvent proposer du ‘last minute’, avec des réductions sur les prix, pour des chambres non louées”, estime Kevin Hutchings. Le rôle de Staycation sera de son côté de réfléchir à l’offre d’expériences uniques et adaptées à chaque établissement, qui peuvent aussi y voir une manière de se challenger et trouver des nouvelles activités de divertissement. “Cette nouvelle clientèle peut apporter une forte valeur ajoutée à l’hôtel, puisqu’elle va poster sur les réseaux sociaux. C’est aussi un atout pour montrer aux clients traditionnels que l’établissement est très prisé par les locaux”. Pour réserver, c’est assez simple. Tout ce passe via l’application, où chaque mercredi matin des offres, actualisées toutes les semaines, pour le dimanche suivant sont proposées. Le principe ? “Le premier arrivé, le premier servi”.
Après son succès français, Staycation a donc décidé de sauter le pas de l’international. “Londres est une ville intéressante pour nous, non seulement parce que c’est la deuxième ville hôtelière du monde mais aussi parce qu’elle offre une dimension culturelle et urbaine qui correspond aux critères de Staycation”, confie Kevin Hutchings. C’est donc logiquement que l’entreprise française a souhaité commencer son développement international dans la capitale anglaise. Un “soft launch”, sorte de “version bêta” pour mieux comprendre le marché londonien, avait ainsi déjà eu lieu entre 2019 et 2020. “Notre ambition, quand on a voulu se lancer à Londres, n’était pas que d’attirer des clients français résidant là. Mais aussi les Britanniques. Et pour cela, il était nécessaire de comprendre leurs besoins pour s’adapter et adapter l’offre”.
Alors que ce premier lancement commençait sa phase d’accélération, la pandémie de Covid s’est invitée. Staycation a donc dû mettre en veille ses ambitions londoniennes, le temps de laisser passer l’orage. “On a finalement fait le choix de resserrer notre activité en France et d’y poursuivre notre développement”, explique Kevin Hutchings. L’équipe n’en a pas pour autant oublié Londres, et a préparé en coulisses son futur retour. “On a aussi pu revenir avec plus de moyens et plus de bagages d’information pour ce nouveau lancement”.
Dans la liste des hôtels partenaires londoniens, Staycation compte déjà de jolis noms, comme le Portobello Hotel, Henrietta, Haymarket Hotel, Corinthia Hotel, Courthouse Hotel Shoreditch, Novotel Canary Wharf. Chaque établissement offre des expériences différentes. “On se lance petit à petit”, confie Kevin Hutchings. Vingt packages sont déjà disponibles avant que d’autres viennent allonger la liste dans les prochains mois. Une équipe de cinq personnes est présente à Londres pour justement réfléchir au développement.
Cette arrivée à Londres n’est pourtant pas considérée comme un départ de zéro pour le co-fondateur. “Les clients viennent pour les mêmes raisons, l’envie de se ressourcer et découvrir de nouvelles choses. Développer Staycation à l’international, c’est un peu comme traduire un roman du français à l’anglais. L’approche reste la même, on ne fait qu’adapter le concept à un nouvel environnement”.
Après Londres, Staycation ne s’interdit pas d’aller voir au-delà des frontières de la capitale anglaise, comme à Manchester par exemple. “Ce que nous offrons est quelque chose d’international et on peut aussi penser à d’autres marchés autres que le Royaume-Uni”. Le co-fondateur pense notamment aux Etats-Unis et à l’Asie. “On a vraiment envie de se développer dans de grandes capitales, surtout dans un monde post-Covid où les gens consomment l’hôtel différemment. Pour les établissements, Staycation est aussi le moyen de les rapprocher d’une nouvelle clientèle”. Une clientèle dont l’âge moyen est de 31 ans en France. “En général, le profil du client d’un hôtel est de 55 ans, là on apporte une nouvelle génération de consommateurs”.