5 décembre 2022, 11.30pm. L’heure de la consécration a sonné pour Notpla, l’une des cinq initiatives gagnantes du prix Earthshot 2022. Dans un hôtel non loin de Tower Bridge à Londres, les fondateurs Pierre-Yves Paslier et Rodrigo Garcia Gonzalez accompagnés de dix membres de l’entreprise, ont célébré la nouvelle annoncée par David Beckham, en direct de Boston aux États-Unis. Récompensée pour son alternative durable au plastique à base d’algue, l’entreprise éminemment européenne a pour ambition de s’orienter vers l’international et de financer de plus amples innovations dans le secteur du goémon.
Nichée dans le quartier de Hackney Wick à Londres, Notpla est un bijou d’innovation écologique. Fruit de la collaboration entre un Français et un Espagnol, la start-up écologique a dorénavant des ambitions outre-Atlantique. « Nous visons la commercialisation à grande échelle aux États-Unis, nous allons investir davantage dans la recherche et le développement et dans nos machines », explique Margaux Deguerre, responsable du marketing et de la communication.
L’entreprise révolutionnaire fondée en 2014 s’est fait un nom dans le milieu du packaging écologique à une vitesse fulgurante, notamment grâce à ses collaborations avec Lucozade en 2019 et JustEat en 2020. De la bulle comestible au papier à imprimer en passant par les sachets alimentaires, NotPla propose une vaste gamme de produits à base d’algues. L’entreprise a l’embarras du choix, entre 30,000 et un million d’espèces différentes sont recensées à travers le monde selon Michael Guiry, chercheur à l’université de Galway en Irlande.
En plus d’un chèque de £1 million, « l’équipe de Earthshot offre un accompagnement à tous les finalistes, cela comprend un accès à leur réseau d’entreprises et d’investisseurs philanthropiques », indique Margaux Deguerre. L’entreprise entretient des liens forts avec les acteurs environnementaux dans le secteur de la plante marine (SeaWeed Europe ou encore la Safe SeaWeed Coalition) et souhaite contribuer au développement d’une industrie très prometteuse.
« Nous voulons promouvoir les fermes d’algues européennes. La culture de l’algue est durable, la pousse est plus rapide que celle du bambou », précise la responsable du marketing et de la communication de Notpla. Séquestration du carbone, création d’emplois dans les communautés locales, production de biomasse algale… la liste des arguments en faveur de la culture de ce « champion caché des océans » est longue, comme l’indique une récente étude publiée dans le journal scientifique Frontiers.
« Nous souhaitons augmenter nos capacités de production pour les Oohos et Notpla Film, ce qui demande à nos équipes de recherche et de développement d’optimiser certaines propriétés de nos matériaux », annonce Margaux Deguerre. Un plus grand soutien aux échelles gouvernementales est toutefois nécessaire pour permettre aux entreprises telles que NotPla de porter leurs fruits.
Les initiatives européennes en faveur du développement de l’algue ne sont qu’à leurs balbutiements malgré l’expansion fulgurante du secteur à l’international. « À l’heure actuelle, il est difficile d’obtenir une licence pour créer des dessertes d’algue européenne. Depuis peu, l’Europe se met en marche pour mettre les algues au cœur de son projet écologique, c’est une très bonne nouvelle », observe la responsable du marketing et de la communication de Notpla.
Le marché de l’algue pourrait atteindre les 320 milliards de dollars des États-Unis d’ici à 2030, selon un rapport du Center for Climate and Energy Solutions et attire depuis plus d’un an des géants pétroliers asiatiques tels qu’Eneos et Honda. Derrière l’Asie et les États-Unis, l’Union européenne est l’un des plus gros exportateurs d’algues à l’étranger, avec une projection de demande estimée à 9 milliards d’euros d’ici à 2030. Face à cette poussée phénoménale, la Commission européenne a proposé le mois dernier une série de 23 actions pour satisfaire la demande croissante du marché de la plante marine.
Crédit photo de Une : Notpla