Après Paris, le Bustronome est en train de conquérir Londres. Alors que le concept a débarqué il y a seulement un an de l’autre côté de la Manche, il a vite trouvé son public et un deuxième bus va être mis en service dès le mois d’août. Mais Bertrand Mathieu, l’un des deux co-fondateurs et qui vit désormais dans la capitale anglaise, voit encore plus grand.
Le Bustronome est né à Paris en septembre 2014. Cinq ans plus tard, quatre bus tournent dans les rues de la capitale française, attirant locaux et touristes en quête d’un déjeuner ou d’un dîner original. Le concept ? Sillonner – à une vitesse faible – la ville en bus à double étage – offrant ainsi une vue imprenable sur les monuments grâce au toit vitré – tout en dégustant de bons plats frais et préparés sur place dans la petite cuisine (elle mesure 2.5 mètres sur 4.5 mètres) installée au premier étage du véhicule. De quoi vivre une expérience hors du commun.
A la tête de ce projet, deux anciens collègues de travail, Jean-Christophe Fournier et Bertrand Mathieu. “On vient du monde de la banque, de l’informatique et du conseil”, commente ce dernier. Mais alors qu’est-ce qui pousse deux cadres à se lancer dans la gastronomie ? L’envie d’être son propre patron tout d’abord, mais surtout s’épanouir dans un domaine qui les intéressait. Cependant, hors de question de se lancer dans la restauration sans une étude préalable de marché. “On s’est aperçu que beaucoup de chefs étoilés étaient intéressés par le food-truck, mais pour nous l’idée d’avoir un sandwich entre les mains sans pouvoir s’asseoir pour le déguster tranquillement nous paraissait un peu compliqué pour les clients”, explique Bertrand Mathieu.
L’idée était donc de trouver un lieu où les personnes pourraient donc s’asseoir. “On a tout de suite pensé au bus à double étage”, lance le Français. Mais petit problème : où le garer ? Car à Paris, obtenir l’autorisation de stationner n’est pas une mince affaire. “C’est là qu’on s’est dit qu’il faudrait le faire rouler”. Ainsi naît le Bustronome. Dès le départ, les deux associés souhaitaient proposer des plats de qualité – du ‘fine dining’ – pour leur concept. “On savait que quand on n’a pas de grande expérience dans le domaine de la restauration, il faut y venir avec une idée originale”, commente Bertrand Mathieu. Pour la cuisine, ils démarrent avec l’aide d’un traiteur, mais rapidement ils décident d’internaliser en créant des collaborations avec divers chefs, qui montrent de l’intérêt à leur idée.
En cinq ans donc, à raison de la mise en circulation d’un bus par année, le Bustronome s’est déployé sur toute la capitale française. Un vrai succès, qui a poussé les deux associés à réfléchir à l’expansion du concept hors des frontières hexagonales. Londres arrive très rapidement comme la ville idéale pour ce premier pied international. “On savait que le concept pouvait être déployé dans n’importe quelle capitale touristique du monde, mais si on a choisi Londres en premier, c’est parce qu’elle présentait de grandes similarités avec Paris”, confie Bertrand Mathieu, “il y a le même niveau de vie, beaucoup d’entreprises sont installées là, les touristes sont nombreux”.
Seul petit hic : la conduite à gauche. “On ne pouvait pas faire de test avant de se lancer, car nos bus parisiens ont le volant à gauche. On a donc dû acheter un nouveau bus et se lancer directement”. Un pari osé, mais qui a payé puisqu’un an après la mise en service du premier Bustronome de Londres (avec un parcours allant de Tower Bridge au Musée d’Histoire naturelle en passant par le London Eye, Westminster et Piccadilly), un deuxième devrait arriver à l’automne prochain.
“Créer son entreprise en Angleterre, c’est très simple. En revanche, il y a beaucoup de démarches administratives à faire, qui sont un peu plus compliquées, comme l’ouverture d’un compte bancaire car il faut être résident”. Concernant l’autorisation de rouler, c’est à Transports for London (TfL) que les associés ont dû demander. “Il y a beaucoup de documents à remplir pour assurer la sécurité des passagers. On doit donner son itinéraire, on a une inspection du bus toutes les 4 à 8 semaines sans compter les services d’hygiène qui viennent faire des vérifications”.
Malgré toutes ces contraintes avant son installation à Londres, le Bustronome a aujourd’hui trouvé son public, plus exigeant qu’à Paris. “Ici, on a trois types de clientèle : locale, touristique et d’entreprise. S’il y a bien une touche française dans les plats, on se doit de toujours proposer une cuisine thématique anglaise”, assure Bertrand Mathieu, “par exemple, on revisite à la française le traditionnel ‘fish and chips’”. Au déjeuner, les personnes peuvent goûter à 4 plats et au dîner à 6. “On organise aussi des afternoon teas”, précise le Français, toujours dans l’idée de coller aux attentes du public britannique.
Avec un rythme d’un bus par an comme à Paris, Mathieu Bertrand et Jean-Christophe Fournier espèrent continuer à quadriller Londres. Mais ils ont aussi des vues sur le continent américain. En ligne de mire : New York et Las Vegas.