“Ce show n’est pas que pour les fans de la série ou les amateurs de danse, mais pour tous ceux et toutes celles qui ont envie de se divertir”, lance Benoit Swan Pouffer. Aux côtés de Steven Knight, le scénariste de la désormais mythique série britannique Peaky Blinders (diffusée sur la BBC et Netflix), le chorégraphe français de la compagnie londonienne Rambert a imaginé tout un spectacle racontant la naissance du célèbre gang de Birmingham, mais aussi de l’histoire d’amour entre le chef de famille Shelby, Thomas, et une espionne irlandaise, Grace Burgess.
Le show, qui, après une première série de performances à Birmingham débutant mardi 27 septembre, arrivera à Londres du 12 octobre au 6 novembre au Troubadour Wembley Park Theatre, n’est pas une comédie musicale ou une pièce de théâtre, mais un spectacle de danse théâtral. “Il n’y aura aucun dialogue, tout passera par le corps”, explique le chorégraphe. Loin d’être une difficulté pour benoit Swan Pouffer pour qui “le langage corporel est un langage universel et parfait pour raconter des personnages complexes”.
Des personnages interprétés alternativement par Guillaume Quéau et Prince Lyons pour incarner Thomas Shelby, et Naya Lovell et Seren Williams pour le rôle de Grace Burgess. Le chorégraphe français a tenu, comme il l’a fait tout au long de sa carrière, à choisir des danseurs de toutes couleurs et de toute forme physique. “L’envie de mettre sur scène des gens d’horizons différents a en effet toujours guidé mes choix”, confirme Benoit Swan Pouffer, lui-même métisse, né d’un père martiniquais et d’une mère parisienne.
Sur scène, les danseurs seront accompagnés en live par un orchestre dirigé par Yaron Engler sur une partition écrite par Roman GianArthur, incluant des morceaux emblématiques de la série, ainsi qu’un nouveau morceau de Laura Mvula, jeune artiste de jazz née à Birmingham. Il aura fallu deux mois pour finir l’ensemble du spectacle, confie Benoit Swan Pouffer, “sans compter le travail en amont pour bien respecter le script écrit par Steven Knight”. Mais le Français a de quoi être fier, lui qui a commencé la danse alors qu’il n’avait que six ans. C’est après avoir assisté au spectacle de danse de fin d’année de sa meilleure amie, que Benoit Swan Pouffer se prend de passion pour ce sport. “J’ai pratiqué d’autres sports dans ma jeunesse, comme du rugby, du foot ou encore de la natation, mais cet attachement à la danse ne m’a jamais quitté”, se souvient le Français.
Parce que, dit-il, il a été “entouré des bonnes personnes” qui l’ont guidé et poussé, il est reçu au conservatoire national supérieur de danse de Paris. Après sa formation, Benoit Swan Pouffer s’envole pour les Etats-Unis. Il s’installe à New York et devient, pendant sept ans, danseur principal pour l’Alvin Ailey American Dance Theatre. Puis, il est nommé, à 30 ans, directeur artistique du Cedar Lake Contemporary Ballet, poste qu’il occupe pendant dix ans. Son travail et son talent sont incontestables, au point que le New York Times qualifie sa prise de fonction de “success story new-yorkaise”.
Il est aussi acclamé pour avoir mis en avant une nouvelle génération de chorégraphes internationaux, comme Sidi Larbi Cherkaoui, Alexander Ekman, Crystal Pite ou encore Hofesh Shechter. Sentant un besoin de “déployer (s)es propres ailes”, il collabore ensuite avec Le Cirque du Soleil ou encore le Lido. C’est en 2018 que le Français arrive au Royaume-Uni grâce à sa rencontre avec la cheffe productrice de Rambert, Helen Shute, qui lui propose de devenir directeur artistique.
Le projet de “Peaky Blinders : The Redemption of Thomas Shelby” n’en est qu’un parmi d’autres pour Benoit Swan Pouffer, qui travaille sur d’autres spectacles. Mais pour l’heure, le chorégraphe met toute son énergie dans ce show, qui partira, après son passage à Birmingham et Londres, en tournée dans le Royaume-Uni : Cambridge, Southampton, Bradford, Northampton, Plymouth, Edimbourg, Cardiff… “On espère que ce spectacle voyagera aussi en dehors des frontières britanniques”, confie Benoit Swan Pouffer, “on a réellement envie de le partager au plus grand nombre”. Paris serait même sur la liste de cette tournée internationale.
Crédit de toutes les photos : Johan Persson