48 heures : c’est la durée dont disposait les 11 membres du collectif audiovisuel francophone Onzala pour écrire, tourner et monter un court-métrage dans le cadre du “London 48h Film Festival”. Nommé six fois, le groupe a remporté quatre prix, dont celui du meilleur film, lors de la remise des récompenses qui a eu lieu dimanche 13 décembre.
Créé depuis 3 ans, Onzala, composé de onze artistes francophones vivant ou ayant vécu à Londres, n’en était pas à sa première réalisation. Mais 100 lendemains était sans doute la première réalisée en aussi peu de temps. “Vendredi 23 octobre, les 38 équipes se sont connectées sur Zoom avec le directeur du festival. Ce dernier a lancé le chrono après nous avoir donné les éléments imposés : une ligne, un genre, un personnage et un accessoire”, explique Morgan Sebode, réalisateur du film récompensé.
Si tous les participants avaient la même ligne, à savoir “How many times do I have to say it ?”, chacun avait un genre différent. Onzala a alors dû concevoir un court-métrage de science-fiction d’une durée comprise entre 5 et 7 minutes, avec comme éléments imposés un bouquet de fleurs et un personnage, Quinn Crookshank, agent de santé et de sécurité. Pour être le plus efficace possible, le collectif francophone avait déjà défini les rôles de chacun : quatre membres ont écrit le script, dont Morgan Sebode qui est aussi le réalisateur, quatre autres se sont répartis les tâches de production et trois ont joué les comédiens.
L’action de leur film tourne alors autour d’une pointeuse de l’époque présente sur leur lieu de tournage du week-end. “Deux personnes se rendent compte qu’en appuyant dessus, il est possible de revenir dans le temps. Ils se demandent alors comment ils vont pouvoir en tirer profit. Notre script questionne les limites de l’être humain quand ce dernier peut se permettre d’aller très loin”, confie le réalisateur.
À la fin des 48 heures, durant lesquelles ils n’ont pas eu le temps de dormir, aucun membre du collectif n’a vraiment réalisé ce qu’ils venaient d’accomplir. “On n’avait plus les idées très claires. On était content car le travail était fini, mais de là à se projeter sur un potentiel résultat…” Cependant, une fois les courts-métrages mis en ligne pour le vote du public, ils ont commencé à être contactés par différentes compagnies. Puis, ils ont été sélectionnés parmi les 12 finalistes dont les productions allaient être projetées lors de la cérémonie finale.
Mais ce n’est qu’en arrivant dans le théâtre dimanche 13 décembre, pour l’attribution des récompenses, qu’ils ont vraiment pris conscience que leur film, en français mais sous-titré en anglais, avait plu. “Des gens sont venus nous voir pour nous féliciter et nous dire qu’ils avaient apprécié notre travail, se souvient Morgan Sebode. Puis lors de sa diffusion sur grand écran, ce qui était déjà dingue pour nous, les spectateurs ont super bien réagi. C’est clairement notre première victoire.”
Certes la première, mais certainement pas la dernière. “On a remporté quatre prix : meilleur film, meilleur script, meilleure utilisation de l’accessoire et Laura Turcatti a remporté celui de la meilleure actrice.” Comme le collectif Onzala est le vainqueur de l’édition londonienne, et que ce festival a lieu dans de nombreux pays occidentaux – dont la France -, il est invité à se rendre à Cannes puis à Washington pour se confronter aux gagnants des autres capitales. C’est pourquoi leur court-métrage n’est pas encore accessible au grand public. Mais une fois le résultat final tombé, il sera possible de le visionner sur le site du festival ainsi que sur leur compte Youtube, où sont d’ores et déjà publiées deux de leurs créations.
Si l’obtention de ce prix leur permet de gagner en visibilité, cette récompense représente avant tout, pour eux, une victoire d’équipe. “On est fier du travail que l’on a fait tous ensemble et de l’équipe que l’on est. Les spectateurs ont eux-mêmes ressenti dans le film que notre plus grande force était le collectif. Que le public remarque notre ‘truc à nous’, c’est exactement ce que l’on voulait. Ce prix nous motive donc à continuer dans cette direction.” D’autant plus qu’en février 2021, Onzala participera à un nouveau festival, le Nikon Film Festival, où il compte bien, une nouvelle fois, se démarquer.