C’est la conjugaison de plusieurs facteurs qui a poussé le dispensaire français, présent à Londres depuis plus de 150 ans, à ouvrir un espace santé jeunes, effectif dès mercredi 4 septembre. Tout d’abord, la présence de nombreux psychologues et psychothérapeutes – tous bénévoles – au sein de l’établissement médical mais aussi la demande croissante de la part des jeunes, notamment étudiants ou ayant des petits jobs, ont fait partie des motivations premières. Sans compter, rappelle la directrice des lieux, Laure Daya, qu’“en plus de l’aspect médical du dispensaire, l’aide psychologique s’est fortement développée depuis dix ans”. A cela s’ajoute la volonté d’utiliser au maximum les capacités du bâtiment, “qui dispose d’espaces disponibles”.
Ainsi la gynécologue Christilla Nevi, qui avait déjà eu la charge d’un tel service en France, suggère alors à l’équipe d’ouvrir cet espace santé jeunes. Une idée rapidement validée par la directrice en accord avec les bienfaiteurs du dispensaire. Ce sera alors Laure De Nadaillac, ancienne journaliste reconvertie en psychologue clinicienne, qui gèrera ce nouveau service, établi sur un rythme hebdomadaire, entièrement gratuit et s’adressant exclusivement aux Francophones âgés de 13 à 25 ans.
“Les jeunes pourront venir entre 5pm et 8pm, des horaires choisis hors de ceux habituels du dispensaire”, assure Laure Daya. Une mesure pour faire en sorte que les jeunes patients se sentent à l’aise. “La traditionnelle salle d’attente sera ainsi transformée en salon privé pour les recevoir en toute confidentialité”, complète la directrice. Ils seront accueillis par la réceptionniste avant d’être redirigés vers une infirmière ou un médecin ainsi que la psychologue, “car elle est certainement la meilleure personne pour aider un jeune à trouver les mots pour savoir ce qui ne va pas”. La consultation pourra rester anonyme s’il n’y a pas de consultation médicale. Amour, sexualité, addictions, harcèlement (moral, physique, sur internet), nutrition, mal-être ou encore santé en général seront autant de thèmes qui pourront être abordés par les patients.
Un site internet dédié à l’espace santé jeunes devrait rapidement être mis en place, ainsi qu’une page Facebook et un compte Instagram. “On réfléchit à mettre en place un tchat en ligne, pas forcément en direct avec des réponses instantanées. L’idée sera plutôt d’encourager les jeunes à venir”, détaille Laure Daya. La mise en place de ce nouveau service a été un long travail pour l’équipe du dispensaire, et “ce n’est pas encore fini”, souligne la directrice. “On verra ensuite quelle sera la demande et comment on pourra développer l’espace santé jeunes. Je ne vois pas cela comme quelque chose de fixe. Contrairement à ce qui existe en France, où c’est la commune qui donne des subventions, on fonctionne sur de l’argent privé, on se doit donc de faire évoluer les choses”, commente la Française. Le dispensaire a déjà des contacts avec des écoles “très demandeuses, surtout en termes de soutien psychologique”. Les lycées français ou encore l’université Paris-Dauphine de Londres sont autant d’établissements scolaires qui ont déjà manifesté leur intérêt.
Laure Daya se veut aussi rassurante auprès des parents, rappelant que l’objectif de cet espace santé jeunes n’est pas “de faire quelque chose derrière leur dos”, mais “d’aider le jeune à formuler sa demande d’aide”. “En venant au dispensaire, il sera pris en charge par des professionnels et orienté vers les bons services du NHS si besoin”, explique la directrice.