Converti au karaoké au cours d’un séjour tokyoïte, Arnaud Studer plaque la finance pour développer en France le karaoké à l’asiatique, dépoussiérant au passage un loisir vu comme ringard. Après Paris, Bordeaux et Madrid, le concept BAM Karaoke Box s’installe à Londres, en version XXL.
Après les tables en terrasse et un premier bar coiffé d’un paon roucoulant sous l’inscription fluorescente « le freak, c’est chic », ce sont des escaliers qui s’enfoncent sous terre, éclairés par des grands chandeliers déstructurés. Depuis le grand bar à cocktail en sous-sol, de longs couloirs décorés de tableaux classiques détournés avec ironie desservent la vingtaine de salles privées de karaoké. Au nombre de 22 en tout (dont une en rez-de-chaussée), chacune est unique, avec des thèmes allant du cocasse (The Zebra Room avec son arrière train empaillé) au sulfureux (The Scandalous Room aux silhouettes féminines nues sur fond rouge ou The Polo Room qui joue l’ambiguïté autour de ses harnachements pour chevaux) en passant par le raffiné (The Flamingo Room aux appliques assorties).
Un royaume chic extravagant, inspiré de l’univers de Nell Gwyn, l’une des plus célèbres maitresses du roi Charles II et figure scandaleuse de la fin du XVIIe siècle. Chacun des BAM Karaoke Box est en effet conçu comme une maison, propriété d’une personne en lien avec le quartier. A charge ensuite à l’équipe, épaulée par le designer, de « tirer des fils pour créer chaque salle, avec une cohérence, une unité » explique le fondateur, sages lunettes rondes et cheveux en bataille.
Avant d’être le roi du micro à la tête d’un parc de 85 salles privées de karaoké reparties dans trois pays, Arnaud Studer poursuivait un parcours classique école-de-commerce-travail-en-finance, qui « l’ennuyai[t] pas mal ». C’est alors qu’il cherche sans succès à réitérer à Paris son expérience de karaoké tokyoïte à l’asiatique, comprendre en petite salle privée, qu’Arnaud Studer flaire un nouveau marché. BAM Karaoke Box était né. « Quand nous avons ouvert le premier site à Paris en 2014, nous étions les premiers sur le karaoké haut de gamme avec des salles privées et un bar à cocktail ». Quatre nouveaux emplacements suivent à Paris, un autre à Bordeaux, puis deux à Madrid.
Le concept cartonne et fait des émules. Les concurrents utilisent même le logiciel de karaoké développé par l’entreprise en marque blanche. Une playlist de 40,000 titres, à la navigation très intuitive. « Nous gérons aussi la qualité de la musique, avec des studios à Madagascar et au Mexique, qui produisent les bandes-sons. Car dans le karaoké, celles-ci ne sont jamais originales, mais toujours des covers, ou des reprises ». Jamais en reste d’idées, BAM débarque aussi en entreprise avec son jukebox. Si vous ne venez pas à la musique, elle vient à vous.
Pour le site londonien ouvert en avril dernier, après 8 mois de travaux, le fondateur de BAM Karaoke Box a mis les bouchées doubles, et les billets sur la table. Un investissement de près de 7 millions d’euros pour croiser le fer (ou plutôt le micro) avec le monde de la nuit londonien « exigeant, très concurrentiel ». Et où, contrairement à la France, le concept de salle privée de karaoké existait déjà.
Sur près de mille mètres carrés, ce qui en fait de loin le plus gros site de la marque, BAM a ainsi ajouté des services supplémentaires. Une grande cuisine qui propose un vrai service de restauration : plats chiadés à partager et présentés dans une vaisselle siglée. Et un grand bar à cocktail, avec des séances open micro, des soirées avec DJ, des performances musicales à thème etc.
Avec un premier pied sur le marché britannique, BAM Karaoke box ne compte pas s’arrêter là. « Nous aimerions ouvrir deux ou trois autres lieux à Londres et cherchons activement à Soho, Liverpool Street et London Bridge ». Une base londonienne vue comme une tête de pont vers le marché américain. Quand la musique est bonne …
Où : 74 Victoria St, London SW1E 6SQ
Quand : mardi de 3pm à 12.30am ; du mercredi au vendredi de 3pm à 1.30am et samedi de 12pm à 1.30am
Informations : ici