C’est un sticker collé sur la vitrine de nombreux restaurants, cafés et boulangeries, que le regard du client survole bien souvent sans y prêter grande attention. Et pourtant, le “food hygiene rating” prétend attester d’un certain niveau de salubrité et d’hygiène dans les différents commerces de bouche anglais, gallois et nord irlandais. Mais que se cache-t-il réellement derrière ces écriteaux ? Et peut-on leur faire confiance ?
D’apparence, le “food hygiene rating” se résume à une note allant de 0 (besoin urgent d’amélioration) à 5 (très bien), délivrée par les autorités locales sous la houlette de la Food Standards Agency. Ce service gouvernemental indépendant avait été créé à cet effet en 2000 après l’éclatement de plusieurs affaires touchant à la sécurité alimentaire britannique. Une initiative que salue Zied Ben Ayed, un Français – arrivé à Londres en 2009 – qui a pris pour habitude de consulter la note obtenue par un établissement avant de s’y rendre. “En 2012, je suis allé manger dans un restaurant de mon quartier et j’ai fait une intoxication alimentaire avant de me rendre compte – quelques jours plus tard – que cet endroit était noté 2″, relate le consultant de 30 ans.
Pensé sur un modèle de transparence, l’autorité publique – qui n’a pas souhaité répondre à nos nombreuses sollicitations – évalue aussi bien les restaurants, cafés et boîtes de nuits que les supermarchés, cantines scolaires et hôpitaux. Pour ce faire, des inspecteurs accrédités opèrent des “visites inopinées” tous les 6 à 24 mois selon les établissements. Ce que confirme Clémence Dagenais-Everell, co-gérante de la crêperie “Le Merlin”. “Notre dernière inspection (remontant au 18 juillet 2019, ndlr) s’est faite sans avis préalable”. Un témoignage qui dénote toutefois avec le récit d’Hélène Bataille, co-créatrice de “Bisou les madeleines”, qui a quant à elle été avertie la veille du contrôle.
Dans les faits, l’inspection repose sur trois axes principaux que sont le respect des procédures d’hygiène lors de la manipulation des aliments, l’état structurel du bâtiment (comprenant la propreté, l’aménagement, l’éclairage ou encore la ventilation), et enfin les procédures de contrôle et d’inventaire internes à la cuisine. Autant de critères censés rassurer le consommateur et être bénéfiques au commerce. “Il est prouvé qu’une ‘bonne hygiène alimentaire est bonne pour les affaires’”, peut-on lire sur le site internet de la ville de York.
Pour tendre vers le niveau d’hygiène réglementaire, il apparaît que les contrôles s’opèrent d’une manière relativement bienveillante. “Alors qu’en France les services sanitaires sont la grande terreur des restaurateurs, ici c’est fait de manière très pédagogique en préférant les recommandations aux sanctions”, confie Hélène Bataille dont le dernier contrôle remonte au 18 septembre dernier. “Au début, l’inspectrice m’a interrogé sur la logistique de la cuisine, puis elle a regardé tous les rangements à la lampe torche et vérifié toutes les dates de péremption”, relate la Française avant de s’exclamer, “elle n’a pas pu passer à côté de quelque chose”. Ravie d’avoir maintenu sa note de 5, la cheffe d’entreprise l’a immédiatement partagé sur les réseaux sociaux. “C’était important pour nous de confirmer notre note car beaucoup de clients y prêtent attention comme un gage de la qualité de notre travail”, explique-t-elle.
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Une publication partagée par BISOU | Les Madeleines (@bisoulesmadeleines) le 18 Sept. 2019 à 11 :30 PDT
De son côté, Clémence Dagenais-Everell dit comprendre sa note de 3. “Nous avons une très bonne hygiène et nos réfrigérateurs sont impeccables, en revanche nous avons perdu des points sur l’aspect structurel (l’agencement et l’équipement, ndlr)“, explique la co-gérante du Merlin. Mais à en croire la Canadienne, obtenir la note maximale nécessiterait d’importants investissements. “Chaque année nous réalisons des travaux au rythme permis par les finances d’un restaurant de quartier comme le nôtre”, détaille-t-elle. D’ailleurs, son restaurant, comme beaucoup d’autres, n’affiche pas le sticker du “food hygiene rating” sur sa vitrine. Si cette omission ou ce refus de communiquer n’a rien d’illégal en Angleterre (contrairement au Pays de Galles ou à l’Irlande du Nord), elle constitue en revanche un signal pour Zied Ben Ayed. “En général, les restaurants qui ont 5 en sont fiers et l’affichent, pour les autres je préfère regarder ce qui se dit sur internet avant d’y mettre les pieds”, confie-t-il.
Si scruter les vitrines ne suffit donc pas, de nombreux outils sont mis à la disposition du public pour connaître instantanément la notation d’un établissement. A cet effet, le site internet de la Food Standards Agency dispose d’un moteur de recherche à plusieurs entrées permettant de cibler un établissement en particulier ou bien de rechercher les adresses les mieux notées dans un périmètre donné. En outre, des applications mobiles telle que Food hygiene ratings UK permettent également d’obtenir ces informations. Enfin, il est possible de se procurer – sous une quinzaine de jours – la copie numérique d’un compte-rendu d’inspection en en faisant directement la demande auprès de l’autorité locale de référence, à savoir le conseil de quartier (communément appelé “council”) ou la mairie.