“Je ne veux pas exposer quelque chose à quelqu’un, mais plutôt le contraire: exposer quelqu’un à quelque chose.” C’est ainsi que Pierre Huyghe définit son travail. Faire interagir ses concepts artistiques et le public, c’est l’objectif principal du Français, basé à New-York, qui expose son UUmwelt jusqu’au dimanche 10 février à la Serpentine Gallery de Londres.
Bien que Pierre Huyghe modifie intentionnellement les sites sur lesquels il travaille, la particularité de cet artiste est qu’il laisse à ses expositions la liberté de changer de manière imprévisible au cours de la période où elle existe. Pour celle proposée à la Serpentine Gallery, le Français a commencé par sélectionner un ensemble d’images et de descriptions et les a soumises à un être humain. Alors que cette dernière recréait ces images dans son esprit, son activité cérébrale était capturée par un scanner, avec l’aide d’un neuroscientifique japonais. Les données produites par le cerveau du cobaye étaient ensuite transmises à un réseau de neurones profonds, qui tentait de reconstruire les clichés en rassemblant des éléments de sa propre banque d’images.
Ce procédé complexe est ainsi reproduit sur grands écrans LED répartis dans toute la galerie. Les rythmes et les pauses dans la succession des images sont alors modifiés sans cesse par l’environnement du lieu, comme des capteurs détectant la lumière, les niveaux de température et d’humidité, la présence d’insectes – l’exposition inclut des mouches vivantes – et le regard des visiteurs produisant une boucle de rétroaction. De quoi constituer un écosystème exceptionnel regroupant acteurs humains, animaux et technologiques.