Depuis le 1er octobre 2021, conséquence des nouvelles règles migratoires post-Brexit, le passeport est devenu obligatoire pour se rendre au Royaume-Uni. Cela concernait tous les voyageurs européens, incluant également les élèves français mineurs et scolarisés en France en déplacement dans le cadre d’un voyage scolaire. Cette lourdeur administrative a alors entraîné une baisse immédiate du nombre de ces voyages, alors que, comme le rappelait le sénateur Pascal Allizard (Les Républicains) en le 20 octobre 2021, “le Royaume-Uni représente la principale destination pour les voyages scolaires et linguistiques français”. Selon Euronews, 10,000 voyages étaient même organisés chaque année par des écoles françaises, dans le but de faire découvrir la culture anglaise, mais aussi améliorer l’anglais des petits hexagonaux, avec une retombée financière de ces séjours de £100 millions pour l’économie du Royaume-Uni.
Deux ans après l’entrée en vigueur de cette mesure, le gouvernement britannique a décidé de faire marche arrière. En effet, le ministre de l’Intérieur, James Cleverly, vient d’annoncer que cette obligation n’aurait plus lieu d’être à partir du jeudi 28 décembre 2023 pour les voyages scolaires comptant au moins cinq enfants. “Les enfants ressortissants de l’UE, de l’EEE (espace économique européen, ndlr) et de la Suisse pourront voyager avec leur carte d’identité nationale”, a-t-il ainsi déclaré, ajoutant que pour les enfants non européens, et donc titulaires d’un visa de leur pays de résidence, devront cependant toujours présenter un passeport “mais n’auront pas besoin d’obtenir un visa de visite”. Un visa qui coûtait £100 et qui devait être demandé auprès de l’ambassade du Royaume-Uni en France ou dans le pays européen où étaient scolarisés ces élèves.
Cette nouvelle mesure a été applaudie par de nombreux acteurs économiques, qui font le lien entre la France et la Grande-Bretagne. A commencer par le PDG de Brittany Ferries, qui confiait, il y a encore un an, son inquiétude. “On n’a plus de groupes scolaires, et de manière globale on a moins de Français qui empruntent ces lignes”, analysait Christophe Mathieu, parlant d’une perte du trafic de passagers français de 60%, même si cette clientèle ne représentait qu’environ 20% du nombre total de passagers. Mais aujourd’hui, le patron est ravi. “C’est une excellente nouvelle pour (l’entreprise) car les échanges culturels font partie de notre ADN. Les modifications apportées aux règles suppriment un obstacle au voyage, facilitant ainsi le développement et la croissance des étudiants. Nous sommes ravis que ce changement entre en vigueur avant la fin du 31 janvier 2024, à temps pour les saisons de Pâques et d’été de l’année prochaine”.
L’ambassadrice du Royaume-Uni en France s’est elle aussi réjouie de ce changement de cap. “Mon tout premier voyage à l’étranger a eu lieu dans le cadre d’un échange scolaire avec la France – un véritable coup de foudre pour ce pays ! Je suis donc ravie que nous assouplissions les voyages des groupes scolaires, conformément aux engagements mutuels pris lors du sommet”, a ainsi écrit Menna Rawlings sur son compte X (ex-Twitter).
Mon tout premier voyage à l'étranger a eu lieu dans le cadre d'un échange scolaire avec la France – un véritable coup de foudre pour ce pays !
Je suis donc ravie que nous assouplissions les voyages des groupes scolaires, conformément aux engagements mutuels pris lors du sommet. https://t.co/JKrbVgYYAA
— Menna Rawlings (@MennaRawlings) December 8, 2023
Les discussions pour cet assouplissement ont été engagées lors du dernier sommet franco-britannique, qui s’est déroulé le 10 mars dernier à Paris. Le Premier ministre Rishi Sunak avait promis de faciliter les voyages scolaires entre les deux pays. La promesse a donc été tenue. “Je suis heureux pour la profession. C’est un grand pas en avant, la dernière zone d’ombre vient de tomber, plus aucun enfant en France ne sera écarté d’un voyage scolaire outre-Manche. La procédure était fastidieuse, surtout pour les enfants étrangers résidant en France”, a déclaré au média Tourmag, Edward Hisbergues, le directeur de PG TRIPS, spécialiste des voyages scolaires au Royaume-Uni. Ce dernier avait contribué à un gros travail de lobbying, allant même jusqu’à adresser une lettre à Boris Johnson et se rendre à une réception à la Chambre des Lords à Londres, pour faire tomber ce dernier frein à l’activité.