Depuis samedi 29 février, le V&A accueille la première grande exposition européenne sur le kimono avec près de 300 pièces, la moitié tirée des collections du musée londonien et le reste généreusement prêté par des musées et des collections privées en Grande-Bretagne, en Europe, en Amérique et au Japon.. Symbole ultime du Japon, le kimono est souvent perçu comme traditionnel, intemporel et immuable. Kimono: Kyoto to Catwalk a justement été conçue pour s’opposer à cette idée, en présentant ce vêtement comme une icône de la mode dynamique et en constante évolution.
L’exposition, qui se déroulera jusqu’au dimanche 21 juin, révèle la signification vestimentaire et sociale du kimono des années 1660 à nos jours, au Japon et dans le reste du monde. Dans la première section, on retrouve des kimono rares des XVIIème et XVIIIème siècles, exposés pour la première fois au Royaume-Uni. On y apprend que les classes marchandes de plus en plus riches ont exigé être à la pointe de la mode, manière pour elles d’exprimer leur nouvelle richesse, leur confiance et leur goût, tandis que les principaux acteurs et célèbres courtisanes de l’époque furent les pionniers de la popularité du kimono. Le visiteur apprend également que la confection restant simple, l’attention a été rapidement portée sur la création de motifs somptueux, utilisant des techniques sophistiquées.
Après avoir conquis le cœur des Japonais, le kimono a été rapidement exporté vers Europe au milieu du XVIIème siècle, où il a eu un impact immédiat sur le style occidental. Cette internationalisation a aussi permis au Japon d’importer des tissus étrangers (notamment français, indien, néerlandais) pour y être incorporés dans les créations de kimono. Il faudra néanmoins attendre le début du XXème siècle pour voir une plus grande démocratisation de cette tenue dans les rues européennes. Peintures, estampes, films, accessoires vestimentaires et autres objets sont par ailleurs présentés tout au long de l’exposition Kimono: Kyoto to Catwalk, offrant un contexte supplémentaire à l’histoire fascinante du style, de l’attrait et de l’influence du kimono.
En continuant la visite, on découvre aussi comment le kimono a inspiré les plus créateurs de mode du monde entier. Parmi eux, le Français Jean-Paul Gaultier qui avait imaginé une tenue pour un clip de Madonna ou encore le Britannique Alexander McQueen qui avait créé un kimono des plus originaux pour la chanteuse islandaise Björk pour illustrer la pochette de son album Homogenic. Freddy Mercury et David Bowie font aussi partie des artistes qui ont succombé à cette tenue japonaise.
Outre le monde de la musique, ce vêtement a par ailleurs été source d’inspiration pour le cinéma. L’exposition comprend la tenue portée par Toshirō Mifune dans Sanjūrō, tout comme les costumes de Memoirs of a Geisha ou encore ceux de Star Wars.