“Le Wag” résonne parfaitement aux oreilles des Anglais, mais peut-être un peu moins à celles des Français. “To wag” signifie littéralement “frétiller” et fait référence à ce moment où un chien remue la queue car il est tout heureux de voir son maître rentrer à la maison. Via ses deux salons de toilettage, dont l’un ambulant ou l’autre, fixe, qui a ouvert ses portes samedi 15 mai à Fulham, Sacha Bertagnon se donne en effet comme objectif de rendre heureux chiens et maîtres anglais.
Cela fait maintenant un an et demi que la Française sillonne le centre de Londres avec son van. Mais elle n’est pas livreuse de pizza : elle est toiletteuse pour chiens et chats. Ces passions pour les animaux et le toilettage, elle les doit à sa mère. “Elle élève des chevaux de beauté. Or, ces derniers demandent à être toilettés régulièrement et avec précision. Ma mère m’a donc appris à le faire pour que je puisse l’aider”, explique la jeune toiletteuse.
Puis, il y a presque 3 ans et alors qu’elle travaillait à Londres dans le monde de la banque, elle adopte son premier petit compagnon, un poméranien. Bien qu’elle avait appris de nombreuses choses avec sa mère, elle décide de prendre des cours de toilettage. “Je voulais que mon chien soit toujours parfait, rigole-t-elle. Comme j’aime beaucoup voyager et que je savais que je ne trouverai pas nécessairement de salons de toilettage pendant mes déplacements, j’ai décidé de me former pour être capable de le faire moi-même.” Cependant, ironie du sort, son animal ne supporte pas les toilettages…
Après sa formation, Sacha Bertagnon a d’abord travaillé dans des salons. Mais elle a rapidement remarqué qu’il y avait une forte demande de ce service parmi la population britannique, ce qui l’a poussée à ouvrir sa propre boutique. “Je souhaitais rester vivre en Angleterre, donc j’ai fait des recherches sur la demande ici. J’ai alors compris qu’à Londres, les individus gâtent leurs animaux de compagnie, qui font vraiment partie de la famille. J’ai l’impression que ce sentiment est un peu moins fort en France.”
Ouvert en décembre 2019, son commerce ambulant a connu un démarrage en douceur aux alentours de Notting Hill. Puis peu avant le confinement, elle a déménagé à Clapham. “J’ai eu un peu de chance de me trouver dans ce quartier au moment du confinement. Même si on a dû fermer quelques semaines, on a pu rouvrir bien plus tôt que les salons de toilettage fixes car nous travaillons en extérieur. C’est comme ça qu’on a commencé à bien se faire connaître et à augmenter nos clients réguliers”, se satisfait la jeune femme.
La toiletteuse française a aussi un atout par rapport à ses concurrents mobiles. “Il existe deux ou trois autres salons ambulants dans la capitale mais contrairement à eux, je n’ai pas besoin de me brancher aux maisons des clients. De ce fait, je n’ai pas d’impératif pour me garer, je peux m’installer partout.”
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce concept a trouvé ses adeptes. “On a beaucoup de demandes. Aujourd’hui, il faut attendre 2 à 3 semaines pour avoir un rendez-vous, alors que l’on travaille tous les jours”, confie la Française. Victime de son succès, elle ne pouvait donc plus gérer toute seule son salon. “Pendant le confinement, j’ai demandé de l’aide à ma sœur. Puis comme la demande a continué à augmenter, je lui ai proposé de travailler avec moi.” Anais Bertagnon gère donc aujourd’hui tout ce qui concerne la communication et les prises de rendez-vous.
L’ouverture d’une boutique, qui comprend aussi un espace café pour que les propriétaires puissent se détendre pendant leur toutou se fasse chouchouter (“mais c’est ouvert à tout le monde”, confie la Française), lui a aussi permis de développer sa propre gamme de produits. “Ma sœur a peaufiné le design d’harnais, que l’on met en vente d’abord dans la boutique. À terme, on souhaite les rendre disponibles sur notre site internet et dans le van.” En plus d’accessoires, Sacha Bertagnon a aussi travaillé sur la conception d’aliments et de produits bien-être pour animaux.
Sinon, l’établissement fixe propose les mêmes prestations que celles du van : du lavage de dents aux soins du visage, en passant par les soins classiques de lavage, séchage et limage des ongles et par les coupes au standard de la race ou selon la volonté du client, tout y est. “La coupe la plus demandée par les clients est la “teddy bear cut”, grâce à laquelle l’animal est tout rond et ressemble à un nounours”, sourit-elle.
À la question de savoir si les soins font plus plaisir à l’humain qu’à l’animal, la jeune femme explique que selon elle, ils leur sont nécessaires comme une bonne hygiène de vie est nécessaire à l’homme. Un chien dont les ongles ne seraient pas limés régulièrement pourraient par exemple développer des plaies au niveau des coussinets. Cependant, la fréquence du toilettage dépendra de la race et de la santé du chien, tandis que le type de produits utilisés dépendra de la sensibilité de sa peau.
“60% des animaux se détendent et apprécient les soins. Certains détestent mais comprennent que c’est pour leur bien, et d’autres, même si c’est rare, sont agressifs.” Dans de tels cas, la Française propose à ses clients de travailler avec un spécialiste des comportements animaux. De plus, il lui est déjà arrivé plusieurs fois de découvrir des problèmes chez certains animaux, ce qui a permis une prise en charge efficace par le vétérinaire. “Toiletter un animal est pour moi indispensable à son bien-être”, confie-t-elle.
Forte de ce constat, Sacha Bertagnon, dont le van sillonne toujours les rues de Londres, va se laisser le temps de voir comment fonctionnera son premier salon fixe avec ses 7 nouveaux employés.