Dans le cadre de la campagne des législatives françaises, French Morning London dresse le portrait de chacun des candidats au poste de député des Français d’Europe du Nord (incluant le territoire du Royaume-Uni). Le premier tour du scrutin commencera dès le vendredi 27 mai pour le vote en ligne, et se tiendra le dimanche 5 juin dans les bureaux de vote.
« J’ai le sentiment d’avoir les propositions les plus intéressantes ». Artus Galiay est pour la première fois candidat aux élections législatives dans la circonscription d’Europe du nord et a à cœur de répondre au mieux aux attentes des citoyens. Activement engagé en politique depuis une dizaine d’années à Londres, ville dans laquelle il a posé ses valises en 2010, il a été investi par Les Républicains en décembre 2021.
En plus de celui de son parti, le Français de 34 ans a obtenu le soutien de l’UDI et des centristes. Il confie vouloir « rester sur cette logique de rassemblement de la droite et du centre ». Sa double casquette d’habitant de la circonscription et de politique lui permettent, dit-il, d’être au plus proche des préoccupations des Français d’Europe du nord. Elles sont, d’après les témoignages qu’il a reçus, le coût de l’éducation et des transports. C’est ces deux postes de dépenses qui sont au cœur du programme du candidat.
Ayant passé la majorité de sa vie à l’étranger, Artus Galiay est « extrêmement attaché au multilinguisme ». Né en Inde près de Pondichéry, il y a vécu pendant 6 ans. Il a ensuite intégré une école européenne à Bruxelles, ville dans laquelle il reste pendant 12 ans. C’est alors qu’il réalise un double diplôme Sciences Po – London School of Economics au niveau master que le Français découvre le Royaume-Uni, et plus particulièrement Londres en 2010. Le candidat « adore la ville » et s’y installe après ses études, et s’engage à ce moment-là avec l’UMP (qui deviendra ensuite Les Républicains).
Il est d’abord nommé responsable des jeunes du parti de droite puis se présente à l’élection interne en 2016, et est élu délégué pour la Grande-Bretagne. Réélu en 2018, il s’engage en parallèle auprès du cabinet de Xavier Bertrand comme conseiller Brexit et a à partir de ce moment « un pied de part et d’autre de la Manche, et passe beaucoup de temps au niveau de la frontière ». Cet engagement se poursuit lorsqu’il devient trois ans plus tard représentant de la région Hauts de France au Royaume-Uni, toujours auprès de Xavier Bertrand.
Fort de son expérience transfrontalière, il dit représenter un triptyque : « Je suis un député pour la France, pour les Français et pour tous les Français d’Europe du nord ». Artus Galiay précise que, s’il est élu, il sera un candidat dans « l’opposition pragmatique », puisqu’il considère « qu’on peut être beaucoup plus utile dans l’opposition que dans la majorité, car on a une liberté dans la parole et les actes, ce qui permet d’être un parlementaire efficace ».
Le Français a démarré sa campagne en janvier dernier, dans différentes villes du Royaume-Uni mais aussi dans d’autres pays de la circonscription tels que le Danemark et la Suède. Il a souhaité se lancer relativement tôt afin « d’être au plus proche des préoccupations des Français, et de pouvoir tester [ses] idées sur le terrain et les affiner ». Si les citoyens de la circonscription sont toutes et tous différents, certaines préoccupations restent néanmoins similaires, notamment par rapport à l’éducation.
Parce que l’éducation « est un impératif démocratique et ne devrait pas être un luxe », Artus Galiay souhaite « créer des classes bilingues dans les écoles publiques du pays d’accueil » à destination des enfants francophones. Le but est de permettre à toutes et tous d’accéder à une éducation française, pour l’instant fortement centralisée géographiquement et dans des écoles privées françaises. Créer une classe bilingue dans une infrastructure déjà existante, c’est, confie-t-il, réduire les coûts, qui s‘élèvent alors à la seule rémunération du professeur.
Au Royaume-Uni, le candidat a lancé un projet pilote à Newham, en partenariat avec Burhana Tajammal, directrice d’une école FLAM. « L’idée est de commencer par faire des classes after school afin de les intégrer vraiment dans le cursus local ». Pour que tout soit mené à bien, « l’important est d’être soutenu localement », et Artus Galiay a en ce sens « demandé le soutien politique du Secretary of State for Education, Nadhim Zahawi, pour pouvoir exécuter ces projets pilotes ».
Autre point sur lequel le Français espère se distinguer : les transports, sujet qu’il pense « être la responsabilité du député d’Europe du nord ». Il milite depuis quelque mois auprès d’Eurostar pour la réouverture des arrêts Ashford et Ebbsfleet dans le Kent. Outre cet engagement, Artus Galiay veut amener la concurrence sur un marché dont la compagnie détenue majoritairement par la SNCF a le monopole. « L’idée est de diversifier et d’améliorer les services à tous les usagers et consommateurs ».
Le but est ainsi de développer la concurrence pour que les Français du Royaume-Uni aient accès à une alternative moins coûteuse. Le candidat rappelle que « l’ouverture à la concurrence en Italie a permis de faire baisser les prix des billets de train de 30% ». La démarche est, souligne le jeune homme de 34 ans, aussi environnementale, afin de limiter les trajets en avion entre la France et le Royaume-Uni et donc réduire l’empreinte carbone des usagers.
Pour le reste de la circonscription, qui n’a pas la possibilité de prendre le train, Artus Galiay entend « se battre pour pérenniser les lignes aériennes fragilisées par le Covid, qui sont le lien entre la France et les Français d’Europe du Nord ».
Les Républicains ont peiné à atteindre les 5% de votes lors de l’élection présidentielle. Que ce soit en France ou dans la circonscription de Londres, le verdict est sans appel : ils sont loin derrière le Rassemblement National et Reconquête!. Pourtant, Artus Galiay croit en ses chances de gagner. Selon lui, « les législatives ne sont pas une déduction mécanique de la présidentielle et les Français regardent plus les propositions que les partis ». Et le candidat a l’intime conviction de répondre aux attentes des citoyens en ce sens. « J’ai le sentiment d’avoir les propositions les plus intéressantes ».
Khadiatou Diallo, Franco-britannique de 48 ans et « entrepreneure dans l’âme », sera sa suppléante dans cette élection. Attachée aux valeurs républicaines et à la France, elle est aussi partisante du made in UK. Ensemble, ils souhaitent « reconstruire les relations franco-britannique » et renforcer les liens commerciaux et humains afin de développer des opportunités pour les Français de l’étranger mais aussi de créer de l’emploi en France. Pour le candidat, « c’est la responsabilité d’un député que de contribuer à l’attractivité de la France ».