Dans le cadre de la campagne des législatives françaises, French Morning London dresse le portrait de chacun des candidats au poste de député des Français d’Europe du Nord (incluant le territoire du Royaume-Uni). Le premier tour du scrutin commencera dès le vendredi 27 mai pour le vote en ligne, et se tiendra le dimanche 5 juin dans les bureaux de vote.
“Si je me présente, c’est parce qu’il n’y a jamais eu, sur la circonscription, un député avec une expérience de terrain”, explique Laurence Helaili-Chapuis. Pour se faire élire sur la troisième circonscription des Français de l’étranger, la Française, installée à Dublin, mise avant tout son expérience d’élue locale. Candidate aux consulaires en 2014, elle fut, à 28 ans, “la plus jeune élue en Europe et la deuxième plus jeune dans le monde”. “En 2021, toujours pour les élections consulaires, notre liste a décroché trois sièges sur les quatre disponibles et récolté 60% des voix”, argumente celle qui est devenue depuis présidente du conseil consulaire et qui siège à l’Assemblée des Français de l’étranger, “on a réalisé le meilleur score sur l’Europe du Nord avec la deuxième meilleure participation au monde en matière de nombre d’électeurs”.
Elle rappelle que, depuis huit ans, elle “travaille au service de la communauté installée dans la circonscription”. “La majorité en Europe du Nord, c’est nous. Si les électeurs nous ont fait confiance, c’est parce que nous étions des candidats du terrain, on connaissait les enjeux et on a toujours entretenu une proximité avec les habitants”. Et ce service à la communauté se poursuit, assure la trentenaire, mère de trois enfants. “Cela a été le cas par exemple, lors de la crise sanitaire. En Irlande, au début de la pandémie, il n’y avait ni masques ni gants. On a pu trouver 45,000 masques qui ont été distribués par des bénévoles, même chose pour le gel hydroalcoolique qui nous a été fourni par des salons de tatouages tenus par des Français. Les gants ont été donnés par une coiffeuse française, des médecins français ont donné de leur temps pour répondre aux questions lors de webinaires”, énumère Laurence Helaili-Chapuis.
A celles et ceux qui diraient qu’elle ne connaît que l’Irlande, territoire qu’elle habite depuis 12 ans, cette mère de famille, actuellement en congé maternité, répond qu’elle a vécu quatre ans à Londres et qu’un de ses trois enfants y est même né. Elle prend aussi pour exemple le fait qu’elle se rend régulièrement en Irlande du Nord. “Ce sont les Français oubliés du Royaume-Uni, tout comme ceux de l’île de Man ou du Pays de Galles”. Elle met par ailleurs en avant que son suppléant, Nicolas Hatton, est un fin connaisseur des problématiques du Royaume-Uni. Le quinquagénaire est en effet l’un des fondateurs de The 3 million, association de défense et de protection des droits des citoyens européens dans le cadre du Brexit. “C’était un choix naturel”, juge-t-elle, “c’est aussi un homme de terrain qui fait un travail remarquable et qui a l’intérêt général chevillé au corps”.
Cette proche du sénateur centriste des Français de l’étranger, Olivier Cadic, partira sans étiquette pour cette première candidature aux législatives. “Indépendante ne signifie pas indifférente”, précise-t-elle, “si je suis élue, je siégerais dans la majorité présidentielle”. Car pour elle, “la politique menée par le gouvernement (me) convient même si certaines situations n’ont pas bien été anticipées, comme la question des Gilets Jaunes ou encore sur les réticences à la vaccination anti-Covid. Si la majorité avait eu des élus plus proches des Français, elle aurait pu anticiper” tous ces mouvements de protestation. Elle estime avoir “un bon positionnement”, qui s’appuie sur une formule simple : “ni allégeance docile, ni opposition stérile”. “Ma priorité restera toujours de faire réussir la France”, justifie Laurence Helaili-Chapuis.
La candidate indépendante dit “partager les idées politiques du député sortant, Alexandre Holroyd”, mais dénonce sa méthode. “On ne l’a pas beaucoup vu sur la circonscription, il n’a vécu ni le Brexit ni la crise sanitaire avec les Français du Royaume-Uni”, lance-t-elle. Or, selon elle, “il faut toujours confronter les grandes idées à la réalité pour ne pas prendre des décisions sans connaître ce qui se passe au plus près”. Si elle était élue, Laurence Helaili-Chapuis promet de “simplifier la vie des ressortissants français” de la circonscription, notamment au Royaume-Uni, où la communauté se plaint souvent de ne pas pouvoir obtenir de rendez-vous au consulat de Londres pour (re)faire leur passeport. Elle propose ainsi de dématérialiser les demandes, mesure qu’elle soutient depuis son premier mandat d’élue consulaire en 2014. “Cela se fait déjà en Irlande et au Royaume-Uni”, commente-t-elle avant de préciser que cette dématérialisation ne concernerait cependant pas les premières demandes. “Il faudrait aussi que les personnes aillent récupérer elles-mêmes leur document pour éviter les fraudes”.
Concernant les retraites, la trentenaire estime qu’il y a “une veille à faire” afin de “vérifier que les droits des Français soient respectés”. “Les Français de l’étranger n’ont pas les moyens de se plaindre comme les Français, comme ce fut le cas pour la CSG et GRDS, c’est pourquoi il faut maintenir une vigilance constante sur ces grands sujets nationaux”, lance Laurence Helaili-Chappuis, avant de préciser qu’elle est pour la sauvegarde du système par répartition.
Autre priorité dans son mandat, si les électeurs lui accordent leur confiance, l’éducation. “L’intérêt d’être une élue locale, c’est de siéger par exemple dans la commission des bourses scolaires et de connaître au plus près les problématiques. Être dans le système éducatif français est une grande chance, mais pour certains parents ce n’est pas possible d’inscrire leurs enfants à cause des frais de scolarité. Le système de bourse devrait donc être indexé sur l’inflation, il faudrait également supprimer le fait que l’achat d’une résidence principale soit inclus dans l’attribution des bourses car c’est inacceptable”. Elle promet par ailleurs de mettre en place des conseillers éducation, comme il existe aujourd’hui des conseillers en commerce extérieur, pour qu’ils puissent voir ce qui se passe ailleurs et trouver ainsi des solutions. “C’est aussi une manière d’optimiser le travail qui est fait sur place par les élus locaux”. Enfin, si elle est élue, Laurence Helaili-Chapuis promet de créer des permanences parlementaires, autant virtuelles que physiques, sur la circonscription.