Dans le cadre de la campagne des législatives françaises, French Morning London dresse le portrait de chacun des candidats au poste de député des Français d’Europe du Nord (incluant le territoire du Royaume-Uni). Le premier tour du scrutin commencera dès le vendredi 27 mai pour le vote en ligne, et se tiendra le dimanche 5 juin dans les bureaux de vote.
C’est sa première candidature aux législatives et il a été investi car, avance-t-il, “il n’y avait pas de candidat naturel qui avait émergé” depuis 2017. D’ailleurs, Willy Begon aurait déjà pu représenter le Rassemblement national, parti dont il est adhérent depuis dix ans, lors des précédentes élections parlementaires, mais à l’époque, les conditions, raconte-t-il, n’étaient pas réunies pour lui pour des raisons professionnelles. “Mais je m’étais beaucoup investi dans la campagne électorale du candidat de l’époque”, souligne le Français de 35 ans.
Avec le score très faible réalisé sur la circonscription par sa candidate à la présidentielle, Marine Le Pen (à part dans les pays Baltes, où elle a atteint en moyenne 20% au second tour), comment espère-t-il convaincre les Français de voter pour le RN ? S’il reconnaît qu’il a peu de chances d’être élu – “la probabilité est en effet très faible”, lâche-t-il -, il jure cependant que “ce n’est pas une candidature de témoignage”. La première raison qui l’a poussé à se présenter, confesse-t-il, repose avant tout sur un aspect financier. “Chaque vote apporte de l’argent au parti”, lance-t-il en toute transparence. Deuxième raison, l’envie, assure-t-il, de ne pas décevoir les électeurs du Rassemblement national. “Personnellement, en tant qu’électeur, j’aurais été déçu s’il n’y avait pas eu de candidat sur la circonscription et je me serais sans aucun doute désintéressé de cette élection. Il était donc essentiel de montrer que le RN, qui est un des plus gros partis de France, était capable de présenter des candidats partout. On doit ça aux électeurs et sympathisants, sans quoi ils se seraient sentis orphelins”.
Willy Begon ne pense pas qu’une alliance avec Reconquête aurait changé la donne sur ses chances d’être élu. D’ailleurs, ce non rapprochement avec le parti d’Eric Zemmour, il n’en pense rien. “C’est une décision nationale du RN que de partir seul. J’ai la chance d’avoir été choisi pour être candidat, et mon rôle est d’accepter les décisions de la direction du parti. Ce serait présomptueux de croire que je saurais mieux décider qu’elle”. Le Français, installé à Londres depuis 2009 et travaillant dans un fonds d’investissement, rappelle que le RN a annoncé que si un candidat de Reconquête est mieux placé au second tour, le parti se retirerait à son profit. Et lui, n’a-t-il pas été tenté de se rapprocher personnellement de Reconquête ? “Non, je n’ai jamais eu aucun doute sur l’envie de rester au Rassemblement national, où je me sens bien”. Cela fait d’ailleurs six ans qu’il gère la fédération RN de Grande-Bretagne.
Côté propositions, le candidat RN explique qu’il reprendra celles formulées pour les Français de l’étranger mais aussi pour les Français de France par Marine Le Pen lors de la présidentielle. Plus localement, le trentenaire se donne deux priorités. D’abord, trouver une solution pour permettre aux ressortissants français d’obtenir un rendez-vous dans les différents consulats pour leurs démarches administratives. “Au Royaume-Uni, par exemple, c’est impossible de prendre rendez-vous. Pour un pays riche comme le nôtre, c’est surprenant”, lâche Willy Begon, “ce n’est pas la faute du consulat qui, je pense, fait du bon travail, c’est juste un problème de ressources”. Pour pallier le problème, le candidat RN propose donc d’”allouer des crédits pour embaucher plus de monde”.
Autre priorité, l’éducation. “Cela fait longtemps que le Rassemblement national soulève le problème du coût de la scolarité des enfants français à l’étranger. Les frais ont augmenté de 28%, alors que ce n’est pas justifié”, lance Willy Begon, qui propose alors de “réallouer le budget de l’aide médicale d’Etat (dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins, ndlr) à l’éducation”. Aussi, le trentenaire promet de “développer la culture et le rayonnement de la France” dans la circonscription avec “l’organisation d’événements à l’ambassade par exemple”.
La campagne du candidat RN, dont la suppléante de 29 ans, Chantal Piron, est assistante parlementaire et basée en France, va surtout consister en l’envoi postal de tracts à destination des Français installés hors de Londres. “L’expérience de 2017 nous a montré que les déplacements sur le territoire de la circonscription ne rassemblent pas beaucoup de monde. Donc le rapport coût-impact n’est pas intéressant pour nous”, confie Willy Begon, qui prévoit tout de même une réunion de campagne avant le premier tour.