Six candidats (sur les onze déclarés), quatre thématiques et plus de deux heures d’échanges parfois tendus : French Morning London organisait mercredi 25 mai, à l’Université de Westminster à Londres, un grand débat sur les législatives 2022 en Europe du Nord. Retour sur les temps forts de ce grand rendez-vous démocratique.
Le débat s’ouvre sur deux sujets d’actualité, l’avenir de l’Union européenne et l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN. « Que souhaitez-vous dire aux pays qui souhaitent rejoindre l’Alliance atlantique ? » Charlotte Minvielle candidate NUPES et représentante Europe Écologie les Verts (EELV) au Royaume-Uni prend la parole en premier. « Mon parti est Europe Écologie les Verts, l’Europe est dans l’ADN de notre projet. Je suis fondamentalement européenne et fédéraliste et je porterai ces valeurs à l’Assemblée nationale », annonce la candidate.
Elle réaffirme ne pas être en accord avec les prises de position eurosceptiques de Jean-Luc Mélenchon, mentionnées par le candidat sortant Ensemble ! Alexandre Holroyd. Du côté des Républicains, Artus Galiay affirme apporter son soutien total à l’adhésion de la Suède et de la Finlande et avoir une pensée au Français des pays scandinaves et des pays baltes en première ligne face à l’invasion russe. Margaux Darrieus, candidate Reconquête !, choisit la prudence. Selon la représentante d’Éric Zemmour, « le rôle de la France est celui du médiateur. » À sa droite, le candidat du Rassemblement national, Willy Begon, la rejoint et joue la carte de l’autonomie. « La France est une puissance nucléaire, elle n’a pas besoin d’une Europe de la défense ».
A la question : « Si vous êtes élus députés, quels leviers défendrez-vous auprès de votre groupe pour protéger le pouvoir d’achat des Français ? » Artus Galiay répond que le pouvoir d’achat est une question qu’il juge « escamotée par Emmanuel Macron, notamment lors de la crise des Gilets jaunes. » Le jeune Républicain propose une taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques “flottante”. Pour faire face à l’inflation, Alexandre Holroyd (Ensemble !) fait le choix du statu quo avec le prolongement des mesures gouvernementales actuelles. « Nous voterons en faveur de l’extension du bouclier tarifaire pour protéger les consommateurs français contre l’augmentation du prix de l’énergie ».
Charlotte Minvielle, quant à elle, porte les couleurs de son parti en prônant une économie circulaire au service de la transition climatique, comprenant une rehaussement du salaire minimum à 1,500€ net par mois, une revalorisation du secteur de l’assistance à la personne ainsi que des retraites dignes. La candidate écologiste envisage l’application d’un « ISF climatique ». De l’autre côté du spectre politique, Margaux Darrieus (Reconquête !) fait le portrait d’une France engagée dans la baisse de la fiscalité des PME et dans la réindustrialisation. Des propos corroborés par ceux du candidat du Rassemblement national, Willy Begon, affirmant défendre une économie souveraine et indépendante avec une production énergétique autonome.
La représentante EELV au Royaume-Uni appelle à la sortie de l’élevage industriel et la transition vers l’agroécologie en instaurant un revenu paysan digne et l’application du 100 % biologique et local dans les cantines. « Je porte l’écologie des actes, non pas l’écologie des mots », affirme Charlotte Minveille avec force. Pour le député Ensemble !, il est nécessaire de déléguer la responsabilité environnementale à Elisabeth Borne. « La première ministre est celle qui arbitre entre tous les ministères capable d’organiser cette transition qui est un bouleversement de notre société », explique Alexandre Holroyd.
Le nucléaire reste la sempiternelle pomme de discorde française en matière d’énergies à faibles émissions carbones. Pour Charlotte Minvielle, « il faut que l’État français apporte un soutien massif aux énergies renouvelables » et appelle à la fin de « l’entêtement français du nucléaire ». Face aux arguments de l’écologiste, la candidate Margaux Darrieus s’impose fermement contre une écologie qu’elle juge « punitive » et « verticale ». Artus Galiay fait, quant à lui, le pari d’une écologie pragmatique, garantissant la préservation des capacités nucléaires françaises. Mesure phare de son programme, le Républicain met l’accent sur le ferroviaire en proposant l’introduction de nouvelles entreprises faisant concurrence à Eurostar. La candidate divers centre Laurence Helali-Depuis le rejoint : « Il faut soutenir le ferroviaire, mais je ne pense pas que nous sommes les mieux placés en France. »
Réduction des coûts du ferroviaire entre la France et l’Angleterre, baisse des frais de scolarité pour les Français dans les établissements français à l’étranger, augmentation des effectifs et formation d’un plus grand nombre d’enseignants, les problématiques relatives aux Français de l’étrangers ont été détaillées avec minutie. Effet de surprise dans les échanges quand le candidat du Rassemblement national Willy Begon explique souhaiter le développement d’une France « forte » pour encourager les Français de l’étranger à rentrer en France de manière définitive.
Un pied en France et un autre dans les pays de leur circonscription, les représentants des Français établis hors de France ont de lourdes responsabilités. Laurence Helali-Dupuis, candidate divers centre, conseillère des Français de l’Étranger en Irlande et élue AFE Europe du Nord, insiste sur l’importance de ces représentants : « En France, il y a pléthore d’élus pour représenter les Français. À l’étranger, les conseillers ont une voix consultative, nous avons un rôle très peu entendu ». Riche de son expérience de 5 ans, Alexandre Holroyd affirme que « le député s’inspire de son territoire pour voter dans l’intérêt de son pays, c’est la richesse et la beauté de l’Assemblée nationale. »
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