Dans le cadre de la campagne des législatives anticipées, French Morning London a interviewé les candidats au poste de député des Français d’Europe du Nord (incluant le territoire du Royaume-Uni). Le premier tour du scrutin commencera dès le mardi 25 juin (midi, heure de Paris) pour le vote en ligne, et se tiendra le dimanche 30 juin dans les bureaux de vote.
Si en 2022, le candidat du parti Les Républicains s’appelait Artus Galiay, pour ces élections législatives anticipées, c’est Balthazar Roger qui a été désigné. Le Français de 47 ans, ingénieur à Londres mais aussi viticulteur en Champagne, a souhaité se frotter pour la première fois à une candidature. “La dissolution a un peu surpris tout le monde, donc il a fallu trouver des gens sur Londres, qui avait le temps de faire la partie administrative”, reconnaît d’abord Balthazar Roger . Adhérent actif chez Les Républicains du Royaume-Uni depuis 2016, juste après son arrivée à Londres un an auparavant, il explique s’être toujours impliqué dans la vie du parti en local. L’envie de se présenter à une élection, avoue-t-il, a toujours été forte. “Mais cela ne s’était jamais fait. Même si j’avais toujours à l’esprit qu’un jour je serai le maire de mon village à la retraite”, rit-il.
Quand l’occasion s’est présentée il y a quelques jours, Balthazar Roger n’a donc pas hésité à déposer sa candidature. Mais comment se positionne-t-il, lui, par rapport aux derniers événements concernant les LR, et en particulier l’alliance du président du parti, Eric Ciotti, avec le Rassemblement national ? “Notre approche, en ce qui concerne Les Républicains de l’étranger, est de rester indépendants, avec notre propre ligne, fidèles à nos valeurs et sans alliance”, répond le candidat de la droite. Il qualifie d’ailleurs la décision d’Eric Ciotti de “solitaire” et “pas validée par les députés LR existants”.
La circonscription Europe du Nord n’a pas particulièrement un territoire gagné pour les LR. En 2022, Artus Galiay, malgré un départ en campagne assez tôt , n’avait pas réussi à convaincre les électeurs et électrices. Le candidat avait en effet rassemblé un peu plus de de 6% sur l’ensemble du Royaume-Uni et fait chou blanc dans la plupart des pays de la circonscription.
Le contexte de l’époque ne lui avait pas été particulièrement favorable : en effet, la candidate LR à la présidentielle, Valérie Pécresse, n’était même pas parvenue à atteindre les 5%. Aux dernières Européennes, la tête de liste LR, François-Xavier Bellamy – qui a dit qu’il voterait RN au second tour des législatives en cas de duel entre le Rassemblement national et le Nouveau Front Populaire – a convaincu 8,17% des électeurs de la circonscription de Londres, et 4,42% sur celle de l’Ecosse. C’est peu, et surtout bien loin derrière des listes de la majorité présidentielle et de la gauche réunie.
Mais Balthazar Roger pense que le parti a encore “toute sa place” au sein de l’Assemblée nationale. “Les élus LR sont des élus de proximité. Souvent, ce sont des gens avec une expérience au sein de mairies, de régions. Quand les gens votent pour un député, c’est souvent pour quelqu’un en qui on a confiance”, estime le candidat. Il reconnaît que vu le peu de temps accordé à la préparation de ces législatives, l’étiquette, plus que la personnalité, restera une boussole pour les électeurs. Balthazar Roger espère aussi convaincre par son expérience personnelle. “Avant de vivre à Londres, j’ai vécu en Chine et en Belgique, donc être Français de l’étranger, c’est l’environnement dans lequel j’ai le plus évolué dans ma vie professionnelle”, souligne-t-il, “j’ai beaucoup d’amis français qui habitent à Oslo ou en Islande”. Cet avantage “Français de l”étranger” pourrait donc séduire une partie des électeurs. “Je suis aussi proche de la France, où j’ai une entreprise viticole avec ma sœur en Champagne, donc j’y retourne souvent. J’ai vraiment la chance d’avoir un pied des deux côtés depuis toujours”.
Aussi, lance-t-il, en parlant de son groupe politique, “tant qu’on n’a pas disparu, c’est qu’on existe encore” et il se dit “prêt à se battre jusqu’au bout”. Il prophétise même que pour la prochaine élection présidentielle, “à moins qu’Emmanuel Macron change les règles du jeu”, les cartes seront redistribuées. “Ce serait donc dommage que les LR jettent l’éponge maintenant, alors qu’on a encore des choses à proposer”.
Pour sa campagne, Balthazar Roger mise tout sur le numérique, qui permettra, selon lui, de toucher plus de monde. “On va envoyer des mails, être présent sur les réseaux sociaux. Avec le temps qui nous est imparti, nous n’aurons pas le temps de nous rendre dans tous les pays et les électeurs n’auront qu’une semaine pour prendre une décision, ce qui n’est pas forcément simple”. Mais le candidat se dit ravi de pouvoir compter sur l’équipe LR en France. “On est plutôt bien organisé avec notamment le sénateur des Français de l’étranger Ronan Le Gleut pour nous aider. Ses collaborateurs nous encadrent pour la partie administrative. On n’est vraiment pas livré à nous-mêmes”. Il dit aussi avoir le soutien d’Artus Galiay, qui lui souffle quelques conseils. Et s’il n’arrive pas au second tour, il se décidera selon les deux candidats en lice. “Ce sera donc au cas par cas”, répond-t-il.
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