Dans le cadre de la campagne des législatives anticipées, French Morning London a interviewé les candidats au poste de député des Français d’Europe du Nord (incluant le territoire du Royaume-Uni). Le premier tour du scrutin commencera dès le mardi 25 juin (midi, heure de Paris) pour le vote en ligne, et se tiendra le dimanche 30 juin dans les bureaux de vote.
“La situation politique actuelle montre que les partis existants et la configuration actuelle du paysage politique ont besoin d’un souffle nouveau, de nouveaux engagements et de nouveaux acteurs”, affirme Emmanuel Constantin, candidat du parti Equinoxe, qu’il présente comme cette autre voie possible.
Une voie qui pourtant doit encore se faire connaître car Equinoxe est un très jeune parti politique, créé en 2021, et qui comme l’explique le candidat de 33 ans “se veut au service du sens de la mesure face à la démesure du monde, en plaçant notamment en son centre la conviction qu’il faut lutter de toute urgence contre la menace climatique, mais en le faisant de manière pragmatique et efficace sans tomber dans l’outrance ou les symboles inutiles.”
Des priorités politiques qui pourraient sembler proches de celles des écologistes, mais le candidat souligne des différences significatives, tant sur le fond que sur la forme. Sur le fond, Equinoxe, fondé par des ingénieurs, s’appuie sur des “données scientifiques et techniques solides”. Sur la forme, Emmanuel Constantin critique l’écologie politique française pour sa “grande tradition d’un militantisme (qu’il) qualifierait volontiers d’hystérique, en faisant de certains symboles des causes disproportionnées et qui, à l’inverse, s’interdit de considérer des solutions efficaces”. Il cite en exemple le soutien d’Equinoxe au nucléaire.
En raison de sa création récente, le parti n’avait présenté que trois candidats aux élections législatives de 2022. Cependant, ayant “recueilli environ 75,000 votes à l’échelle nationale aux européennes”, comme le détaille Emmanuel Constantin, les adhérents d’Equinoxe ont vu dans la dissolution de l’Assemblée nationale une “opportunité importante de présenter un bon nombre de candidats aux législatives, avec 41 candidats en France pour le scrutin du 30 juin”.
En ce qui concerne la candidature d’Emmanuel Constantin, il met en lumière que “ce n’est pas (son) premier engagement politique, mais c’est (sa) première candidature.” En effet, en 2017, le trentenaire avait mené une toute autre campagne, pour le mouvement En Marche avant de travailler de 2018 à 2021 au ministère de la Transition écologique. Par la suite, il a travaillé dans le privé et avant de rejoindre Véolia à Londres. “J’ai travaillé sur des projets dont j’ai été content de faire avancer la transformation écologique. Mais je pense qu’elle n’a pas été prise en compte de manière adéquate par le gouvernement, tel qu’il a évolué. La transformation écologique n’a pas été saisie dans toute la radicalité. Il y a une approche que l’on pourrait qualifier de 100% technophile dans l’écologie telle qu’elle est pratiquée par le pouvoir en place.”, justifie le candidat sur son changement de position.
Cependant, il ne s’agit pas d’un changement idéologique complet du Français, car il affirme que “le cœur de (son) engagement en 2017, a certaines racines communes avec (son) engagement aujourd’hui, le souci de la chose publique, et le sentiment qui était très fort en 2017 et qui malheureusement est aujourd’hui encore très présent : que l’offre politique est à bout de souffle”.
Equinoxe se propose donc comme une réponse en “souhaitant dépasser les clivages et ne se réclamant ni de droite ni de gauche”, comme indiqué sur le site internet du parti, et en proposant “des convictions et un type d’engagement nouveaux”, comme affirme le jeune candidat. Sur le plan écologique, cela signifie “être conscient des exigences de sobriété, donc une réflexion très profonde sur nos modes de vie et en même temps ne se priver d’aucune solution technique efficace et efficiente”, explique Emmanuel Constantin.
Il reste une dizaine de jours, voire moins, car le vote en ligne ouvre mardi 25 juin pour les Français de l’étranger, pour qu’Equinoxe se fasse une place dans les débats. Conscient de ces brefs délais, Emmanuel Constantin, tout comme les autres candidats, a dû repenser sa stratégie de campagne. “Par définition, cela va créer une campagne qui se jouera beaucoup moins sur le terrain, en se concentrant sur les médias via les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille.” Résidant à Londres, où se trouve le plus gros contingent d’électeurs de la circonscription d’Europe du Nord, il restera sur place, mais n’oublie pas les neuf autres pays. “Equinoxe a des adhérents à Londres, mais aussi à Stockholm, Dublin… Donc, nous comptons sur eux pour relayer les messages au maximum”, s’enthousiasme-t-il.
Lorsqu’il s’adresse aux électeurs, Emmanuel Constantin insiste sur le fait qu’un vote pour sa candidature a du sens. Ce n’est pas un vote pour faire pression sur d’autres partis, ni un vote par défaut. Il rappelle que “dans cette période politique un peu troublée, on en oublie parfois le sens des élections législatives, qui favorisent le pluralisme démocratique et permettent aux partis politiques de se financer”. Au premier tour, il croit qu’il faut “voter par conviction, et si les électeurs se retrouvent dans des convictions nouvelles, un nouveau type d’engagement tel que le propose Equinoxe, il ne faut pas hésiter, il faut voter pour Equinoxe”. Pour lui, c’est plus qu’un vote pour un député, c’est aussi “un vote utile car il contribue à la notoriété d’Equinoxe et à son financement”.
Et, en cas de non-qualification de son parti pour le second tour, Emmanuel Constantin prendra position sur la question du vote “en temps opportun”, en fonction de la situation politique. Pour l’instant, il souligne que “l’essentiel est de reconnaître l’importance du premier tour, un vote qui peut revitaliser l’offre politique à court et moyen terme”, précise-t-il.
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