Dans le cadre de la campagne des législatives anticipées, French Morning London a interviewé les candidats au poste de député des Français d’Europe du Nord (incluant le territoire du Royaume-Uni). Le premier tour du scrutin commencera dès le mardi 25 juin (midi, heure de Paris) pour le vote en ligne, et se tiendra le dimanche 30 juin dans les bureaux de vote.
Il n’habite pas Londres mais a “beaucoup de liens” avec la ville, assure Joël Heslaut. Lesquels ? De la famille et des amis, répond-t-il, mais aussi des clients. L’avocat raconte que le choix de se présenter à la députation sur la troisième circonscription des Français de l’étranger est né après une conversation “récente” avec une proche, qui a vécu à Londres et qui est mariée à un Anglais. “Elle m’a dit, par exemple, que la dernière fois les gens avaient voté pour Holroyd (le député sortant, ndlr). Un apparatchik utilisant la circonscription comme tremplin et absent quand on en a besoin”, rapporte Joël Heslaut, “elle m’a alors poussé à me présenter en me disant : ‘J’ai confiance en toi, si tu le fais, tu le feras professionnellement, tu seras là et quand on aura besoin de toi, tu seras joignable’”. Mais il a aussi fait le choix de se présenter parce qu’il se dit “atterré de la situation résultant du gouvernement personnel du président de la République”. “On doit revenir à l’essence même de la Constitution”, en faisant que chaque pouvoir reprenne sa place et joue le rôle qui lui incombe.
Pour lui, peu importe s’il n’est pas physiquement sur la circonscription. “Être à Londres, ce serait même plus difficile”, se justifie-t-il, “être là ou pas là, ça n’a pas de sens”. Joël Heslaut assure que s’il est élu, il sera bien présent. “A 62 ans, je suis à la fin de ma carrière d’avocat, je commence à transmettre mon cabinet. J’aurais donc du temps à consacrer à mon mandat. Certes pas à 100%, car il me restera des choses à faire. Je ne suis pas aux 32 heures, comme le prévoit le Front Populaire, je suis plutôt aux 80 heures, cela fait quand même pas mal d’heures pour être député”, rit-il. Avec son suppléant, entrepreneur dans la Tech, s’ils sont élus, mettront en place une plateforme en ligne pour permettre aux électeurs d’être en lien permanent avec eux. Il promet aussi de se déplacer. “Il y a 52 semaines dans l’année, 10 capitales sur la circonscription, cela permet de faire pratiquement deux voyages par an dans chaque ville”, détaille-t-il, “ce n’est donc pas un obstacle d’autant que les déplacements pour les députés sont pris en charge. Je viendrai donc découvrir ce que je ne connais pas et revoir ce que j’aime”.
Joël Heslaut, qui se définit comme “un vieil homme de droite avec des valeurs de gauche”, sera un candidat sans étiquette pour sa toute première élection. “Je veux être le député et le représentant de tous les électeurs de la circonscription, c’est pour ça que je veux être indépendant, ne pas être encarté dans un parti politique”, assure le sexagénaire. Logique donc, ajoute-t-il, qu’il rejoigne le groupe LIOT (Libertés, Indépendant, Outre-Mer et Territoires), s’il est élu. “Ils ont été capables, et ils l’ont montré depuis deux législatures, de porter la voix des libertés et de la contradiction sans être des opposants systématiques”.
Pour faire connaître sa candidature, il compte sur sa directrice de campagne, basée à Londres, et son “gros réseau” dans la capitale anglaise, qui seront ainsi chargés de diffuser l’information et les idées qu’il porte. Son programme repose sur une circulaire de deux pages et des mesures telles que : continuer la simplification de l’État via sa digitalisation, promouvoir la mise en place d’un système favorisant le retour en France des expatriés lors de leur retraite, favoriser une immigration choisie notamment avec l’organisation contrôlée des départs depuis les pays d’origine, faciliter la réintégration dans le système scolaire public français des enfants d’expatriés ou encore simplifier la fiscalité des Français non résidents en France et les transferts de capitaux pour eux… Côté déplacements pour aller à la rencontre des Français du territoire, ils seront très peu nombreux. Il sera samedi 22 juin à la synagogue de Holland Park et dimanche 23 juin à la messe de 11am à Notre Dame de France à Leicester Square. “Le problème est que la dissolution a pris tout le monde de court et j’ai encore quelques activités professionnelles avec des audiences de prévues la semaine prochaine”.
Joël Heslaut croit en ses chances. “Voter pour la majorité présidentielle, c’est continuer ce qui nous a amené dans l’erreur. La seule façon de changer les choses, c’est que des bancs se lèvent pour revenir à l’essence même de la Constitution”, estime le Français, “la politique et les discussions doivent se faire au Parlement et pas dans les ministères et pour ça, il faut des élus qui représentent leurs électeurs, leur territoire et des valeurs de la République”.
C’est pourquoi, il le répète, qu’il a choisi “de ne pas se présenter avec l’étiquette d’un parti politique” pour “rester indépendant”. Comprendre là, précise-t-il, que contrairement à certains de ses opposants, lui votera en fonction, non pas des ordres d’un parti, mais bien des attentes des Français de la circonscription, parfois différentes de celles de “Métropole”. Mais sa victoire dépendra, selon lui, de la mobilisation de son réseau. Et il ajoute, confiant : “Si je suis au second tour, je gagne”. Si ce n’est pas le cas, à qui apporterait-il son soutien ? “La réponse ne sera possible que dimanche 30 juin à 21h. Parce que c’est une élection qui se joue dans une incertitude totale”, lance-t-il. Une chose est sûre, poursuit-il, il se dit “opposé aux extrêmes”. “Entre le choix de la faillite et le choix de la sécurité qui piétine la liberté individuelle, cela va être compliqué”, conclut-il.