Dans le cadre de la campagne des législatives anticipées, French Morning London a interviewé les candidats au poste de député des Français d’Europe du Nord (incluant le territoire du Royaume-Uni). Le premier tour du scrutin commencera dès le mardi 25 juin (midi, heure de Paris) pour le vote en ligne, et se tiendra le dimanche 30 juin dans les bureaux de vote.
Parachuté ? Non, répond-t-il sans vraiment y répondre, juste “cette volonté d’aller plus loin dans (mon) engagement en représentant les autres”. Pourtant Vincent Caure, désigné par le camp présidentiel pour être candidat sur la troisième circonscription des Français de l’étranger lors des législatives anticipées des dimanches 30 juin et 7 juillet, est inconnu sur le territoire : il n’y vit pas ou n’y a jamais vécu. A 32 ans, le jeune homme a fait toute sa carrière à Paris, entre l’Elysée où il a été chef de cabinet adjoint au président de la République et les ministères comme conseiller, il y a encore quelques jours, du ministre des Affaires étrangères.
Fidèle parmi les fidèles d’Emmanuel Macron, il a rejoint dès 2016 le mouvement En Marche et n’a donc pas quitté le chef de l’Etat depuis. Mais Vincent Caure l’assure, le choix de prendre le relais d’Alexandre Holroyd, élu député de la circonscription depuis 2017, n’a “pas été facile”. “C’est un nouveau chapitre de mon engagement qui s’ouvre. J’ai accepté cette proposition de passer de l’ombre à la lumière en quelque sorte, d’aller me présenter au suffrage des gens et de leur demander leur confiance pour les représenter”, confie-t-il lors de son premier déplacement à Londres lundi 17 juin. Mais il pourra compter sur l’appui du député sortant. “Vincent a plus d’expérience que moi pour faire les campagnes car il était sur le terrain pour toutes les campagnes nationales”, lance Alexandre Holroyd, “certes, il ne les a pas faites en son nom, mais je ne pense pas qu’il a besoin de mes conseils, il est prêt. Et je serai évidemment à ses côtés”. “Une campagne, c’est surtout une affaire de collectif”, poursuit-il.
Le parlementaire sera d’ailleurs suppléant de Vincent Caure pour ces législatives anticipées. “Je vais changer la nature de mon engagement, mais je resterai militant. Vincent m’a proposé d’être son suppléant, ce que j’ai accepté parce que c’était lui. Et je continuerai à être à ses côtés s’il a besoin de moi”, répète-t-il. Comme il l’avait écrit dans son long texte, jeudi 13 juin, pour annoncer qu’il ne se représentera pas, Alexandre Holroyd explique que cette décision a été motivée par son engagement pris devant les électeurs. “Je me suis engagé auprès du président de la République en 2016 et quand je me suis présenté à la députation en 2017 je soutenais son programme et l’une de ces mesures était basée sur l’idée que l’engagement politique devait être un chapitre de la vie et qu’il fallait avoir de la respiration démocratique”.
S’il estime que ces sept années de mandat ont été “un immense honneur”, il juge aussi que c’est “une bonne chose pour notre pays et la vie démocratique de savoir changer de responsables politiques pour un tas de raisons différentes, comme pour des idées de renouveau mais aussi pour des raisons personnelles”. “Quand je me suis présenté en 2022, c’était avec l’intention de finir le mandat mais en me représentant, cela m’aurait emmené au-delà”, analyse Alexandre Holroyd avant d’ajouter, “c’est une circonscription et un projet politique auxquels je me suis dédié corps et âme. Être député requiert des sacrifices qui concernent aussi les proches. Alors je suis arrivé à la conclusion que le temps était venu de passer le témoin”. Il s’est dit “rassuré” de savoir que Vincent Caure voulait s’engager. “Je sais que c’est quelqu’un qui a la même volonté de participer au bon équilibre du pays, de porter un projet qui a des valeurs très claires, humanistes, européennes. Cela n’a pas rendu la décision facile mais cela a facilité la décision”.
Pour le nouveau candidat, qui estime que le sujet de son parachutage n’en est pas un, la vraie question qui sera posée aux électeurs et électrices les dimanches 30 juin et 7 juillet, est : quel choix politique pour l’avenir de la France ? “Il existe trois options”, énumère-t-il, “un Front national et des Républicains qui proposent plus de frontières et plus de xénophobie, un Front populaire, sorte de une NUPES 2.0, qui propose plus d’impôts, et un front que l’on peut qualifier de républicain ou en tout cas une majorité majorité présidentielle unie et cohérente, dans la droite ligne de ce qui a été fait en 2017 et 2022”. C’est ce qui l’a motivé, jure-t-il à se présenter à cette élection.
Vincent Caure qualifie la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale de “courageuse”. “Le fait de redonner la parole aux électeurs, c’est un choix courageux et volontaire”, lance-t-il avant de reconnaître, sans vraiment le dire en ces termes, que ce coup de poker du chef de l’Etat était aussi une façon de sauver cette majorité présidentielle. “Le contexte était qu’il y avait une majorité relative à l’Assemblée nationale, l’annonce par l’ensemble des présidents de groupes de l’opposition d’une volonté de censurer le gouvernement à l’automne et des formations politiques sur les bancs de l’Assemblée nationale qui ont eu comme pratique institutionnelle l’obstruction et la “bordélisation” permanentes de l’hémicycle”. Dissoudre, c’était donc “anticiper ce qui semblait être une censure évidente à l’automne et redonner dès maintenant le pouvoir aux électeurs de dire clairement ce qu’ils voulaient. Au moins le débat d’idées se fait aujourd’hui au grand jour”.
Sur la troisième circonscription des Français de l’étranger, le vent a été jusque-là favorable aux macronistes. En 2017, Alexandre Holroyd avait obtenu plus de 70% des voix au second tour et 55,80% en 2022 face à la candidate Nupes, Charlotte Minvielle. Le député sortant avait alors pu alors compter sur le report des voix de ses anciens opposants, notamment de la candidate divers centre, Laurence Helaili-Chapuis, arrivée en troisième position des votes lors du premier tour. Elle avait d’ailleurs immédiatement appelé ses électeurs à donner leur suffrage à Alexandre Holroyd.
Cette année, interrogée, l’ancienne candidate centriste (UDI) basée à Dublin, qui ne se représentera pas, a expliqué qu’elle avait échangé avec Vincent Caure, mais aussi Charlotte Minvielle (qui repart sous l’étiquette Nouveau Front Populaire) pour “(s)’assurer qu’ils avaient bien en tête les intérêts des Français en Irlande”, tout en précisant que “pour le moment personne ne (lui) a demandé d’action concrète” en matière de soutien. Mais Vincent Caure l’avoue : “Sans trahir de secrets, on a des échanges avec l’UDI, si effectivement on a des annonces à faire, on le fera avant le premier tour”.
“Politiquement, si on regarde les résultats des dernières législatives, c’est une circonscription qui a pu être considérée comme favorable à la majorité. De même, la liste de la candidate Valérie Hayer lors des élections européennes a réalisé dans certaines zones un très bon score, quand on la compare sur l’ensemble des résultats, mais rien n’est gagné”, assure Vincent Caure. Et il a raison, car si le plus gros contingent des voix se trouve à Londres, la circonscription compte 10 pays au total, qui ont quasiment tous (sauf en Estonie) placé la gauche en pôle position lors des élections européennes.
Un défi de taille donc pour le candidat, qui est inconnu sur le territoire et ne disposant que de quelques jours pour faire campagne, le vote par internet pour le premier tour débutant mardi 25 juin (à midi heure de Paris). Et il le sait. “J’ai la chance de pouvoir faire cette campagne avec Alexandre, dans la droite ligne qui a été son action et la manière dont il a représenté les Français d’Europe du Nord, mais il faut que je me présente à un maximum de gens car c’est comme ça qu’on fait campagne, ce n’est pas en restant chez soi”, reconnaît-il. Il compte, pour se présenter et se faire connaître, sur l’organisation de réunions publiques, à la fois en visioconférence, comme c’est le cas samedi 22 juin, et en présentiel, dont l’une (en présence également d’Alexandre Holroyd) aura lieu lundi 24 juin à 6.30pm, à MPW (old Baden-Powell House), dans le quartier de South Kensington (90-92 Queen’s Gate, London SW7 5AB). “Aussi, dès que je pourrai aller physiquement quelque part (hors de Londres, ndlr), j’irai et je rencontrerai les Français”.
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