Dans le cadre de la campagne des législatives anticipées, French Morning London a interviewé les candidats au poste de député des Français d’Europe du Nord (incluant le territoire du Royaume-Uni). Le premier tour du scrutin commencera dès le mardi 25 juin (midi, heure de Paris) pour le vote en ligne, et se tiendra le dimanche 30 juin dans les bureaux de vote.
A 85 ans, Yvan Bachaud est le doyen de cette élection sur la troisième circonscription des Français de l’étranger. L’ancien dentiste, qui vit dans le sud de Lyon, a décidé d’être candidat à la demande du mouvement “Décidons nous-mêmes”. “On m’a appelé le dimanche (16 juin, ndlr) à 14h pour me demander si j’étais intéressé, alors même que les dépôts des candidatures se clôtureraient à 18h”, se souvient-il. S’il a accepté, c’est que le collectif “Décidons nous-mêmes” prône “un changement de cadre et de régime” en donnant la parole aux citoyens par le moyen du référendum d’initiative citoyenne (RIC) constituant. Une proposition qui parle à l’octogénaire, lui qui est considéré comme le père fondateur du RIC.
En effet, c’est en 1977 qu’il s’engage politiquement. “Je m’étais mobilisé contre la construction d’un grand lotissement que le maire voulait faire dans mon village”, raconte Yvan Bachaud, “j’avais alors lancé une pétition pour la création de l’association du référendum d’initiative citoyenne. On avait obtenu rapidement une centaine de signatures, ce qui fait que le maire a reculé”. Le RIC était donc né. Depuis cette date, et cette première victoire, le Français continue donc son combat “pour l’instauration du référendum d’initiative citoyenne à tous les niveaux territoriaux et en toute matière” et s’est même lancé, à 40 ans, dans une maîtrise de droit pour, dit-il, “suivre les questions constitutionnelles”.
Pour convaincre dans cette campagne éclair, Yvan Bachaud a envoyé une lettre, comme profession de foi, aux électeurs de la circonscription ré-expliquant que “cela fait des décennies que la droite et la gauche se succèdent au pouvoir sans pour autant résoudre le problème des gens”. Selon lui, “il serait donc assez logique de demander à ce que les citoyens puissent directement faire des propositions alternatives”. Dans le cas où la majorité parlementaire ne les approuvait pas, il faudrait la possibilité de demander un arbitrage de la part de la population.
Yvan Bachaud reconnaît qu’il a peu de chance d’être élu. “Je dis juste aux électeurs qu’ils ont la chance de pouvoir voter pour un candidat qui voudrait instaurer une démocratie réelle en France. Car aujourd’hui, quand ils élisent un député, pendant cinq ans, il pourra faire ce qu’il veut, même le contraire de ce qu’il avait promis, sans que les citoyens puissent intervenir. C’est quand même assez ridicule d’aller voter dans ces conditions”. Pour lui, “voter pour des gens que l’on ne peut pas contrôler et qui font n’importe quoi depuis 40 ans n’est pas raisonnable”.
Pour le second tour, il appelle les électeurs à voter nul, en glissant dans l’urne un bulletin spécial “RIC constituant”, ce qui appuiera ainsi la demande du collectif. Pour appeler à un soutien d’un candidat “quelque soit son bord politique”, il faudra que ce dernier ait signé, avec son nom et prénom, assurant qu’il soutient le RIC. Il est peu probable, Yvan Bachaud le sait, que l’un des deux candidats se retrouvant au second tour, n’accepte. “Aujourd’hui, les seuls signataires sont des petits élus”, confirme le Français, “Si 73 députés de La France Insoumise avaient signé et déposé une proposition de loi en faveur du RIC constituant, la mesure n’est pas dans le programme du Nouveau Front Populaire et aucun n’a signé un engagement en faveur”.