Son personnel est composé à 90% de femmes. “Les seuls hommes sont mes chefs de partie et mes kitchen porter (ceux qui s’occupent de la plage, NDLR) Ce sont des métiers très physiques et ce n’est pas simple de trouver de femmes pour ces postes”, confie Eve Ricard, à la tête depuis plus d’un an du restaurant Les Nénettes, du côté de Hackney. Celle qui voulait devenir hôtesse de l’air a tout quitté en France pour venir apprendre l’anglais à Londres, avant de se lancer par hasard dans la restauration. Un coup du destin qui lui a plutôt bien réussi.
C’était il y a 18 ans. Eve Ricard débarque à Londres de son sud-ouest natal, après avoir vécu un peu partout en France, entre le sud, les Alpes et Paris. “Je suis venue, un peu comme la plupart des Français, d’abord pour améliorer mon anglais”, confie la restauratrice, “je voulais être hôtesse de l’air chez Air France et j’avais besoin de perfectionner la langue”. En arrivant, elle cherche un petit boulot et travaille alors dans la restauration.
La vie va lui faire changer ses plans. Un an après son arrivée, elle attend un heureux événement. “Je ne me voyais plus partir voyager pour mon travail avec un enfant en bas âge à la maison”, raconte Eve Ricard. Du coup, elle continue à évoluer dans le monde de la restauration. “Ce n’était pas un échec. Au contraire. En plus, j’ai grandi avec une mère qui cuisinait beaucoup”. Elle commence alors cette nouvelle carrière au très chic Club Gascon, où elle travaillera six ans. “C’est là que j’ai tout appris, je suis passée de la cuisine, au service puis à la gestion de l’administratif”.
Eve Ricard rejoint ensuite un autre restaurant, cette fois-ci à Covent Garden, The Forge, où elle fera une rencontre déterminante pour la suite, celle de Robert Singler. Ce dernier possédait alors trois établissement dans le quartier, avant d’en revendre un. “Il m’a alors dit qu’il voulait en ouvrir un autre dans Soho et je lui ai expliqué qu’il ferait mieux de s’installer à Hackney. Cela fait 18 ans que je vis là et pour moi c’était le lieu idéal”.
L’homme d’affaires lui fait confiance et ensemble, ils commencent à monter une équipe en vue de l’ouverture de l’établissement. La première tentative de local échoue, mais la seconde est la bonne. “A l’été 2016, on avait trouvé l’endroit, puis on a lancé les travaux et on a ouvert en mars 2017”.
Le choix du nom du restaurant s’est imposé par lui-même, selon Eve Ricard. “Mon père nous appelait toujours “les nénettes de Londres” quand je rentrais le voir avec mon ancienne collègue et mon actuelle cheffe, Emilie Fuller”, rit-elle. Elle a choisi de faire la part belle aux femmes au sein de son établissement, car dit-elle, elles ont moins de problèmes de comportement. “Et puis, je travaille avec Emilie depuis des années, j’ai toute confiance en elle”.
Les deux amies sont d’ailleurs allées se former dans le sud-ouest pour les plats qu’elles proposent aujourd’hui sur leur carte. “On a repris les recettes de ma mère, on a appris à faire le foie gras. Je dis toujours que moi c’est les idées et Emilie, le savoir-faire”. Un duo complémentaire qui veut mettre en valeur le terroir français. “On fait du classique mais moderne”, résume Eve Ricard, “par exemple, nos cuisses de grenouilles sont épicées, notre magret de canard est servi avec des pâtes de Royan, nos escargots sont présentés sur une côte de boeuf”. Tout est fait maison avec des produits de saison et à majorité venus de France ou de producteurs français installés à Londres.
Les Nénettes a donc fêté ses un an en mars dernier. Eve Ricard se dit heureuse que son restaurant fonctionne bien, mais ne veut pas se précipiter. “Je veux me focaliser sur cet établissement pour faire en sorte d’en faire une adresse sûre, avant de vouloir répliquer le concept ailleurs dans Londres”.