En 2016, le Royaume-Uni figurait à la 9ème position des nations que les Français souhaitaient le plus visiter, selon une étude menée conjointement entre l’organisme Visit Britain et l’institut Ipsos. Six ans plus tard, le pays est tombé à la 14ème place. La faute à qui ? Ou plutôt à quoi ? Au Brexit, évidemment. Car depuis le 1er octobre 2021, les Français, comme tous les Européens d’ailleurs, ne peuvent plus utiliser leur carte d’identité pour entrer sur le sol britannique et doivent dorénavant présenter un passeport valide pour passer la frontière.
Une règle migratoire qui, selon un article du Guardian, daté du samedi 8 avril, dissuaderait de plus en plus de voyageurs français, mais aussi allemands. Les acteurs principaux du tourisme britannique seraient ainsi, toujours selon le quotidien britannique, inquiets expliquant que si “les Américains sont revenus en grand nombre, les Français et les Allemands ne l’ont pas fait”. Et ces professionnels avancent : “le nombre de véhicules de tourisme transportés par Le Shuttle à travers le tunnel sous la Manche au cours des deux premiers mois de 2023 est tombé à 251,175 contre 314,497 en 2019. Brittany Ferries a déclaré en décembre avoir enregistré 155,000 arrivées en 2022 contre 338,000 en 2019”.
Parmi les touristes français touchés par la mesure du passeport, les enfants. En effet, “après le Brexit, le gouvernement britannique a supprimé le visa d’entrée de groupe de la “liste des voyageurs” de l’UE pour les écoliers, ce qui a fait chuter de plus de moitié le nombre de réservations de voyages scolaires des pays de l’UE vers la Grande-Bretagne par rapport aux niveaux d’avant le Brexit en 2023, selon une enquête de Tourism Alliance auprès de l’industrie en novembre dernier”, explique de son côté le journal Financial Times dans un article daté du vendredi 7 avril. Cette étude révélait alors une baisse de 83% du nombre d’écoliers et d’étudiants visitant le Royaume-Uni, entraînant une perte économique de £875 millions et la disparition de 14,500 emplois.
Dans le Guardian, Hayley Beer-Gamage, directrice générale d’Experience Oxfordshire, explique que les réservations des groupes français et allemands sont à 50 % des niveaux d’avant la pandémie. “Cela montre clairement qu’en réalité le marché ne revient pas, et [le] désir … de visiter l’Oxfordshire, en Angleterre, au Royaume-Uni, n’est pas là comme il l’était avant la pandémie. Nous devons nous assurer que la nation ne perd pas ces marchés après la pandémie.”
Pour tenter de redonner envie aux Français de traverser la Manche, Visit Britain a lancé une grande campagne marketing début mars. Baptisée “Votre tasse de thé”, elle “jette un regard décalé sur la passion des Britanniques pour le thé et utilise des images et des vidéos pour raconter une histoire originale sur l’offre touristique disponible pour les visiteurs. Elle leur affirme : ‘Quelle que soit votre tasse de thé… la Grande-Bretagne vous allez adorer !'”, détaille l’organisme dans un communiqué de presse. VisitBritain travaille également avec des partenaires comme Lastminute.com et l’agence de création de contenu Matador afin d’amplifier la portée de la campagne en France et de stimuler les réservations. Mais aussi avec Brittany Ferries autour d’une campagne mettant en avant les destinations de la côte sud-ouest de l’Angleterre, depuis les régions du quart Nord-Ouest de la France. L’organisme de tourisme rappelle que “la France est un marché très important pour la Grande-Bretagne, le deuxième en volume et le quatrième en valeur en 2019 avec 3,6 millions de visites et 1,4 milliard de livres sterling de recettes”.
Le prochain couronnement de Charles III à Londres et l’organisation de l’Eurovision à Liverpool, deux événements qui se tiendront en mai, pourraient donner envie à nouveau aux touristes français de revenir au Royaume-Uni. Même si le problème reste toujours le même : la nécessité d’avoir un passeport pour se rendre sur le sol britannique.
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