La première édition de VIN s’était tenue en février 2023 avec l’idée de faire de cet événement une véritable vitrine du savoir-faire viticole français. Devant le succès de ce rendez-vous professionnel, Business France, qui en est l’organisateur, a décidé de lancer une seconde édition, qui se tiendra cette année jeudi 1er février dans un grand hôtel du quartier de Marylebone. “Le marché britannique est un marché très concurrentiel, et il est important que la France soit présente et communique”, explique Claire Prothon, chargée d’affaires export chez Business France UK & Ireland.
D’autant plus que de nombreux autres pays, qui veulent s’implanter ou maintenir leur présence sur ce marché britannique des spiritueux, organisent, de leur côté, ce type d’événements. “On pense souvent qu’il n’y a pas grand chose à découvrir dans les vins français, tant ils sont considérés comme de grands classiques. Au contraire, il y a beaucoup à découvrir, comme des cépages moins connus, des appellations plus confidentielles, des méthodes nouvelles. Il y a donc une diversité et une richesse à mettre en avant auprès des acheteurs britanniques”, poursuit la responsable.
Ainsi, jeudi 1er février, sur le même modèle qu’en 2023, 38 producteurs français et quatre importateurs seront présents à ce rendez-vous professionnel, basé sur des rencontres et des dégustations de vins, dont du champagne. “Nous souhaitions rester à taille humaine”, souligne Claire Prothon, avec cet objectif de permettre aux producteurs français de pouvoir échanger plus facilement avec les prospects britanniques.
Le vin made in France est très apprécié de ce côté de la Manche : globalement, la France est le premier fournisseur en valeur (en chiffre d’affaires) et troisième en volume. “Sur les circuits de ventes ‘off trade’, autrement dit la vente à emporter (supermarchés, cavistes…), nous arrivons quatrième en volume et troisième en valeur. Pour ce qui est du ‘on trade’, soit de la vente sur place comme dans les hôtels-restaurants par exemple, nous sommes deuxièmes en volume et en valeur”.
Des chiffres qui montrent que le vin français se porte bien sur le marché britannique, et ce, malgré le Brexit. “Nos principaux concurrents sont les Italiens, donc Européens et soumis aux mêmes contraintes que nous”, expose Claire Prothon, qui reconnaît les difficultés en matière d’import-export nées de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. “Cela a été des nouvelles habitudes à prendre, des nouvelles manières de fonctionner. Il y a eu des difficultés sur certaines mesures administratives, qui n’étaient pas toujours claires, et une période d’adaptation a été nécessaire à la fois pour les producteurs comme pour les importateurs. Mais cela n’a pas empêché que les vins français se portent bien et nous n’avons constaté aucune chute des importations”, assure la chargée d’affaires chez Business France UK & Ireland.
Les producteurs présents jeudi 1er février ont été sélectionnés selon des critères bien précis établis par Business France. “Notre équipe en France a géré le recrutement et nous sommes venus en soutien pour faire en sorte qu’ils soient prêts pour le marché britannique qui est un marché exigeant avec des attentes très élevées”, avance Claire Prothon. Parmi les éléments importants par exemple, avoir un site web et des supports de communication en anglais ou encore un discours préparé dans le détail avec des éléments clés qui accrochent rapidement le prospect britannique. “Les producteurs ont aussi des conseillers internationaux en région qui les accompagnent, leur viennent en aide, les guident et les préparent aux différentes exigences des marchés export. Nous travaillons étroitement avec eux sur de nombreux sujets sur le Royaume-Uni, comme par exemple, leur maîtrise des réseaux sociaux”, poursuit la chargée d’affaires export. Toute cette mise en place a ainsi permis à certains professionnels l’an dernier, pour la première édition de VIN, de signer des contrats. Mais Claire Prothon rappelle que, comme pour tout marché, le retour sur investissement peut prendre du temps, voire beaucoup de temps. “Sur le marché britannique, il faut compter en moyenne deux années actives. Il faut donc beaucoup de patience et de persévérance”.
Si les vins français, et notamment le rosé ou la mise en avant de la production éco-responsable qui peuvent être de vraies cartes à jouer pour la France afin de se distinguer de ses concurrents, sont plutôt bien appréciés au Royaume-Uni, est-ce que cela ne risque pas de changer avec le changement climatique ? En effet, selon une étude de l’University of East Anglia (UEA), sortie en 2022, le réchauffement de la planète pourrait avantager la production viticole britannique. Le professeur Steve Dorling, chercheur principal à l’UEA, expliquait ainsi que “la viticulture au Royaume-Uni s’est développée de près de 400%, passant de 761 à 3 800 hectares entre 2004 et 2021. Au cours de cette période, le réchauffement climatique a favorisé un rendement et une qualité beaucoup plus fiables des cépages Pinot Noir et Chardonnay – ces cépages sont assemblés dans la production de vin mousseux de style champagne. Les saisons de culture chaudes et sèches du Royaume-Uni comme 2018, avec des problèmes de maladies dans les vignes inférieurs à la moyenne, ont conduit à une production record de 15,6 millions de bouteilles et ces conditions de culture sont déjà devenues et devraient devenir plus courantes”.
Pas de quoi inquiéter Business France et les producteurs. “La superficie du Royaume-Uni est à peu près un tiers plus petite que celle de la France avec une population supérieure. Cela implique une pression sur les coûts des terres, ces dernières n’étant pas extensibles”, analyse Claire Prothon, avant d’ajouter, “pour nous, c’est un petit phénomène. Certes, nous avons vu des maisons de champagne acheter des terres britanniques, mais la force des Britanniques c’est qu’ils sont bons en communication. Nous devrions nous en inspirer d’ailleurs”. La chargée d’affaires reconnaît cependant que les producteurs doivent s’adapter à des nouveaux goûts, avec notamment la tendance du low alcohol. “Même si cela représente un challenge pour eux, ils ont beaucoup de répondant et sont très créatifs pour proposer des productions nouvelles de qualité”.
Crédit photos : Business France UK