Une voiture à hydrogène a la même autonomie qu’une voiture classique, sauf qu’elle est silencieuse, qu’elle ne rejette que de l’eau et qu’on peut faire le plein en trois minutes. Assez impressionnant, n’est-ce pas ? Il reste un problème toutefois : aujourd’hui, on utilise de l’hydrogène fabriqué à partir d’énergies fossiles. Donc on décale simplement la pollution du pot d’échappement à la production d’hydrogène.
En 2017, Matthieu Guesné, alors ingénieur électronique dans un centre de recherches à Nantes, décide de travailler à la résolution de ce problème. Il en est convaincu, “il faut produire de l’hydrogène vert massivement parce que ça permet les bas coûts et parce qu’il en faut partout. Et pour cela, nous pouvons utiliser les éoliennes marines.” C’est avec ce constat que naît Lhyfe il y a cinq ans.
La première usine voit le jour en Vendée en 2021, loin de la recherche cette fois, c’est une vraie usine à échelle industrielle qui sort de terre. Le fondateur de la start-up décrit le processus. “On prend l’eau de mer que l’on dessale, puis on l’utilise pour l’électrolyse, donc pour extraire l’hydrogène (H2) de l’eau. L’eau, c’est H2O, donc une fois qu’on retire H2, il reste 02, soit de l’oxygène. Il n’y a donc pas de pollution lors de la production de ce nouveau carburant.”
Lhyfe amène une solution non polluante et utilisable à très grande échelle. Et c’est important parce que comme le précise Matthieu Guesné, “souvent, on rencontre un problème d’ordre de grandeur quand on veut remplacer les énergies fossiles. Quand on regarde la quantité d’énergie fossile, gaz ou pétrole, que l’on consomme, c’est très difficile de trouver une source qui permette de tout remplacer.”
D’après le PDG, en Europe, le gisement d’énergie disponible en mer est équivalent à onze fois notre consommation électrique actuelle. Il est donc possible de produire en quantité suffisante et localement, de créer des emplois et d’être compétitif avec des prix stables. Que des avantages donc ! Alors, pourquoi avoir attendu si longtemps pour développer de l’hydrogène vert ?
Matthieu Guesné explique que “c’est une question de maturité technologique.” Il faut du temps pour que les technologies développées dans le privé arrivent jusqu’au grand public, pour produire à grande échelle et à bas coût pour que l’individu moyen puisse acheter une voiture à hydrogène.
Aujourd’hui, le marché est prêt. En Europe, les soutiens et les réglementations sont d’abord arrivés en Allemagne, au Portugal, en France puis dans l’Union européenne. Maintenant, c’est au tour du Royaume-Uni de se doter d’une ambition hydrogène significative.
Matthieu Guesné est particulièrement enthousiaste d’ouvrir la filiale de Lhyfe au Royaume-Uni, car “c’est un marché conséquent avec les ressources nécessaires à la production d’hydrogène. Il y a beaucoup d’éoliennes qui marchent très bien en Écosse, en Irlande du Nord, jusqu’aux îles Shetland et surtout, le pays mise beaucoup sur la production d’hydrogène offshore.”
Le fondateur reprend : “On a une très grande ambition pour le Royaume-Uni, car la vision britannique est très pragmatique. C’est un vecteur de développement formidable pour nous, avec la possibilité de produire pour le pays, mais aussi d’exporter.”