Quand Antoine Roset, ancien garçon de café originaire de Cruseilles (Haute-Savoie), a créé son entreprise en 1860, il n’aurait certainement pas imaginé qu’elle prendrait une dimension internationale. Des cannes pour ombrelle au célèbre canapé Togo, Maison Roset, devenue depuis Ligne Roset, est aujourd’hui présente dans une soixante de pays – l’international représente d’ailleurs 60% de son activité – dont le Royaume-Uni.
L’histoire de la marque française sur le sol britannique débute à la fin des années 70. Après avoir conquis l’Allemagne, l’entreprise souhaite alors traverser la Manche. Avant de vraiment se lancer, elle préfère tâter le terrain. Alors c’est un Britannique qui sera chargé de faire connaître Ligne Roset. Depuis son abri de jardin, faisant office de bureau, il travaille à promouvoir le savoir-faire et le made in France. “A l’époque, nous étions probablement l’une des seules entreprises européennes à vendre au Royaume-Uni. Il n’y avait donc pas de compétition”, commente Asa Hirst, actuel directeur de la marque dans le pays.
Mais même avec un socle bien établi en France, Ligne Roset a compris qu’il était nécessaire de toujours s’adapter aux différents marchés dans lesquels elle choisissait de s’implanter. Si celui du Royaume-Uni semble dès le départ “très similaire à la France”, certains ajustement ont dû être faits au fil des années, notamment sur l’utilisation de certains tissus, introuvables sur le sol britannique ou interdits à cause de la réglementation sur le textile. Le succès a été très vite au rendez-vous, et la première boutique a officiellement ouvert dans les années 80, dans le Westend, sur Mortimer Street.
Aujourd’hui, la marque en possède trois autres magasins à Londres, à Bromley, Hampstead et Chelsea. Un nombre suffisant aux yeux d’Asa Hirst. “Quand j’ai rejoint l’entreprise, la stratégie était d’essayer d’ouvrir autant de boutiques que possible. Mais le problème est qu’il est coûteux d’ouvrir un magasin au Royaume-Uni, notamment dans certains quartiers”, avance le directeur, qui se dit aussi satisfait de la présence de la marque ailleurs dans le pays, grâce à son réseau de 30 revendeurs. “Si on doit ouvrir une nouvelle boutique, il faut le faire de manière qualitative, les gens ont une nouvelle manière de consommer aujourd’hui des produits de design”.
Mais pour l’heure, aucune autre ouverture n’est programmée, assure Asa Hirst, qui a choisi de se concentrer sur le développement de l’existant, en se focalisant sur l’évolution des magasins, intégrant de vrais showrooms et en créant une identité unique. “Une seule entreprise, une seule voix et une seule vision. Peu importe où vous allez dans le monde, vous saurez que vous êtes Ligne Roset”, lance le directeur. L’objectif pour la marque est aussi de toujours de surprendre. “Chaque année, en avril, nous lançons un nouveau produit, ce qui crée un certain enthousiasme auprès des clients”. Ainsi, pour étonner tout en répondant à de nouveaux besoins, Ligne Roset s’entoure des “meilleurs designers au monde”, comme les frères Bouroullec ou Sebastian Herkner. Chacun apporte une touche nouvelle mais tout en respectant les classiques qui ont fait et font le succès de la marque d’ameublement.
83% des produits vendus au Royaume-Uni sont fabriqués en France. Le reste provient entre autres d’Inde (notamment pour les tapis), du Portugal, d’Espagne et d’Italie. “Quand vous avez le tampon made in France ou Europe, ça fait une grande différence pour les clients”, qui sont donc prêts à payer le prix d’un produit de qualité. D’autant que la clientèle de Ligne Roset est exigeante, souligne Asa Hirst. Parmi les produits les plus vendus au Royaume-Uni, l’incontournable canapé Togo, qui pour beaucoup est lié à des souvenirs d’enfance. “Il y aussi le sofa Ploum et Prado qui rencontrent un beau succès”.
Après plus de 40 ans de ce côté de la Manche, Ligne Roset UK souhaite continuer à séduire les clients britannique mais souhaiterait surtout retrouver la communauté française. “Nous souhaitons vraiment nous reconnecter à elle”, confie le directeur, “je pense qu’au cours des dernières années, nous avons probablement perdu cette clientèle soit parce qu’elle n’a pas été séduite par nos produits, soit parce qu’elle a oublié que nous étions aussi ici”. D’ailleurs, l’ouverture de la boutique à Chelsea n’est pas un hasard, l’ambition étant de se rapprocher au plus du quartier le plus français de Londres, South Kensington.
En plus de ses magasins dans la capitale, Ligne Roset UK, qui emploie aujourd’hui sept personnes, souhaite s’attacher, dans le future, à poursuivre diverses collaborations avec différents acteurs comme des propriétés commerciales, des architectes, mais aussi des hôtels, dont dernièrement le Royal Garden Hotel. L’entreprise française a ainsi meublé les 217 chambres que compte l’établissement.