Le Royaume-Uni et plus particulièrement Londres a toujours été un tremplin unique pour les start-ups françaises. Traverser la Manche est souvent le premier pas avant de partir à la conquête du reste de l’Europe et surtout des États-Unis.
Les formalités administratives simplifiées grâce au marché unique permettaient de confronter son produit/service au marché anglophone sans trop de risque et avec des coûts limités.
Mais comme chacun sait, depuis le 1er janvier 2021, la donne a changé. Ouvrir une branche de sa start-up à Londres est devenu un petit casse-tête bureaucratique, faire venir des talents de toute l’Europe coûte cher, et importer et exporter des produits est un calvaire douanier. Cette nouvelle situation pour les start-ups françaises à Londres, Raph Crouan, président de la French Tech London, en a conscience.
La French Tech London, communauté de francophiles de plus de 3,000 membres, accompagne l’arrivée des start-ups françaises au Royaume-Uni. Sa mission principale est d’accélérer les connexions dans le milieu britannique pour aider le développement des projets français. Ainsi, Raph Crouan est au premier rang pour observer les arrivées des jeunes pousses françaises. Selon lui, “la manière de travailler depuis le Brexit n’a pas fondamentalement changé, mais l’agenda a un peu ‘shifté’.”
Les start-ups françaises qui cherchent à s’exporter vont peut-être désormais commencer par d’autres hubs européens comme l’Allemagne ou les Pays-Bas avant de venir au Royaume-Uni. Si Raph Crouan n’a pas de chiffres officiels à communiquer, il est tout de même convaincu que les entreprises traversent toujours la Manche. “Il y a toujours un afflux important de start-ups qui viennent s’installer au Royaume-Uni, pour la bonne raison que c’est plus facile de lever des fonds.”
En effet, l’environnement en Angleterre est très favorable pour les start-ups early stage, car le gouvernement propose des réductions d’impôts pour les investisseurs. Deux systèmes (EIS et SEIS) ont été créés pour encourager les investissements dans les petites et moyennes entreprises (moins de 250 salariés, non cotées en bourse et dont l’actif brut maximum est de £15 millions avant l’investissement). Les défiscalisations possibles étant assez importantes, les Britanniques sont friands de ces opérations et investissent plus facilement que dans n’importe quel autre pays de l’Union européenne.
D’autre part, le président de la French Tech London rappelle qu’“il est très facile et rapide de créer une entreprise en Angleterre, qui reste un hub international avec une ouverture qui est beaucoup plus globale que n’importe où en Europe.”
À côté de ces points positifs indéniables, c’est surtout la question du recrutement des talents qui se pose avec le Brexit. “Maintenant pour recruter des entrepreneurs, il faut un visa, c’est une démarche supplémentaire avec un coût”, explique Raph Crouan.
Ce point peut en retenir quelques-uns qui préfèrent s’installer à Amsterdam par exemple, où cela coûte moins cher. Mais le président de la French Tech London reste persuadé que les entreprises finiront par venir au Royaume-Uni. “Ils vont être confrontés à une limitation de la taille du marché et l’Angleterre est aussi la première marche pour aller attaquer le marché américain. C’est un des premiers marchés internationaux, avec un accès aux capitaux américains.”