Litter Free Norbury, c’est l’association que Guillaume Raillard a lancée il y a maintenant un an. L’objectif est, explique-t-il, de pallier les manquements de certains services publics de sa municipalité. En effet, le Français vit depuis près de 10 ans à Norbury, non loin de Streatham Common, à Croydon Nord. Problème, son council s’est retrouvé en banqueroute pendant la pandémie. “La municipalité, bien que faisant partie de Londres, ne bénéficie pas des mêmes fonds publics que d’autres quartiers”, précise Guillaume Raillard. Le ramassage des poubelles et le nettoyage des rues ou des graffitis sur les murs de la ville ont ainsi été délaissés par la collectivité.
Si jusqu’à la pandémie, ce directeur d’une société spécialisée dans le marketing, GIMO, n’avait pas vraiment prêté attention à l’état de son quartier, le télétravail imposé pendant les différents confinements lui ont fait prendre conscience de cette énorme problématique. “Un jour, mon fils m’a dit qu’il avait honte de dire à l’école qu’il vivait là”, raconte Guillaume Raillard, propriétaire d’une maison dans le quartier depuis 2014. “Après avoir vécu dans l’est de Londres à mon arrivée en 2005, on s’est installé ensuite avec mon épouse et mes enfants à Norbury. Les prix y étaient encore abordables, on souhaitait aussi se rapprocher de la famille de ma femme et ne pas être loin de l’école des garçons, qui se trouve à Clapham”.
Un quartier donc idéal sur le papier. “Il y a des espaces verts, les gens sont très sympathiques, c’est très agréable”. C’est donc durant la pandémie que le Français apprend vraiment à connaître les lieux et notamment le voisinage. “Je suis passé par l’application Next Door pour faire connaissance avec d’autres habitants”, explique-t-il. Et le discours était souvent le même : vivre est là est une chance mais l’insalubrité pèse. Alors avec deux de ses voisins, Tony et Sujay, ils décident en 2021 de monter cette association, Litter Free Norbury. “Au départ, nous étions une dizaine, maintenant nous sommes près de 200 membres”, raconte fièrement Guillaume Raillard. L’association s’occupe de plusieurs choses, comme le litter picking, où tous les membres sont engagés. Chacun est chargé à tour de rôle de collecter quotidiennement les déchets abandonnés dans le parc ou dans les rues. “Chaque mois on organise également des actions collectives”. La prochaine est d’ailleurs prévue samedi 26 février.
Les bénévoles de l’association se sont aussi battus pour que la municipalité prenne des dispositions pour mettre fin au dépôt sauvage de meubles. “La mairie, par manque de moyens financiers, n’avait jamais engagé de poursuites contre ces sociétés de ‘waste management’ qui prennent le quartier pour une décharge”, expose Guillaume Raillard. Mais à force de faire du bruit, les membres de Litter Free Norbury ont obtenu quelques changements. “Tout n’est pas encore parfait, mais ça bouge”, se félicite le Français.
Autre réussite de l’association : avoir convaincu les commerçants et responsables de bars de nettoyer devant leurs portes et de demander à la mairie l’installation de poubelles en face de leurs établissements pour éviter que les clients ne jettent leurs déchets par terre. “On est parvenu à nous trouver une alliée au sein du conseil municipal”, ajoute Guillaume Raillard. En effet, Leila Ben-Hassel, une Britanno-algérienne, a pris le parti des habitants et les a aidés dans le combat.
Grâce à la mobilisation de ses membres, l’association a ainsi réussi, en un an à peine, à faire bouger sérieusement les choses. “On veut juste améliorer le quotidien de tout le monde, on aime notre quartier, qui a un très fort potentiel”, répète le Français. Ce dernier souhaiterait dorénavant transformer la structure en ‘charity’, ce qui permettrait ainsi de collecter des fonds et par exemple payer des sociétés privées pour nettoyer les graffitis. “Pour le moment, c’est nous qui nous en chargeons”, précise Guillaume Raillard. Mais ce projet va encore prendre du temps, car il y a du retard dans la gestion des dossiers. En attendant, l’association a lancé une collection d’art NFT (Non-Fungible Token), Litter Heroes. Tout le monde peut en acheter et ainsi aider financièrement la structure.