C’est à la suite du confinement du printemps 2020 que l’idée de créer une crèche bilingue est née dans l’esprit de Yuriko Kagotani et Frédéric de la Borderie. Ce couple, composé d’une Franco-japonaise et d’un Français, a une fille de 3 ans, inscrite jusque-là dans une crèche (non bilingue). Mais ‘lockdown’ oblige, ils doivent la garder à la maison, comme des millions de parents. Pas simple ainsi de jongler entre le télétravail et une petite en bas âge.
Les trois mois de confinement passés, le couple fait face à un coup dur : la crèche d’Agnès ferme définitivement ses portes. Face à cette situation, Yuriko Kagotani et Frédéric de la Borderie commencent alors à réfléchir à une solution. Très attachés à la promotion du bilinguisme et à l’immersion dès le plus jeune âge des enfants dans un environnement bilingue, le couple finit rapidement par conclure que la meilleure des solutions est de fonder leur propre établissement. Cela tombe plutôt bien car Frédéric de la Borderie a de l’expérience dans le domaine. En effet, avec son ami de longue date Laurent Batut, il est à la tête d’une société de conseils qui a aidé à la création du Collège Bilingue Français de Londres (CFBL) et du Lycée international Winston Churchill.
Le projet d’une crèche bilingue français-anglais est ainsi lancé et Laurent Batut y est tout de suite intégré. “Cela a été un immense sprint pendant un an”, confient les trois associés, qui reconnaissent également avoir vécu beaucoup “de hauts et de bas”. Le plus difficile ? Trouver les bons locaux. “Cela a été plus long que prévu”, racontent-ils. Finalement, c’est en janvier dernier que le trio finit par trouver le lieu idéal pour leur crèche, à Vauxhall. “C’est un quartier qui a beaucoup changé, très vert. Il y a même une ferme à 5 minutes à pied et des aires de jeux à proximité”, expliquent les associés, “en plus, il y a beaucoup de diversité, aussi bien ethnique que sociale et c’était très intéressant pour nous d’y promouvoir le bilinguisme”.
Petit hic cependant : les locaux sont des anciens bureaux, il faut donc demander l’aval de la municipalité de Lambeth pour changer la destination urbanistique du lieu afin qu’il puisse accueillir une crèche. Après plusieurs échanges, le trio a gain de cause. Reste alors à lancer quelques travaux notamment pour installer une cuisine. Mi-avril, les locaux sont ainsi prêts, mais il reste encore beaucoup à faire. Ils recrutent ainsi la future manager et son adjointe. “La manager est ‘level 7 qualification child care’, soit le top niveau, et sa deputy manager est une ‘qualified teacher’. Notre priorité était d’avoir de bonnes fondations en recrutant des gens expérimentés”, expliquent Yuriko Kagotani, Frédéric de la Borderie et Laurent Batut.
Demeure encore un obstacle avant que Little Agnes Nursery ne voie vraiment le jour : l’Ofsted (Office for Standards in Education) doit lancer une inspection avant l’ouverture. “Ils viennent vérifier les connaissances des propriétaires sur la réglementation sur la petite enfance”, expliquent les trois fondateurs, “l’objectif étant de s’assurer que nous serons capables de gérer et surveiller tout ce qui se passe au sein de l’établissement”. Le trio se forme alors en accéléré sur le sujet, plonge dans d’innombrables livres éducatifs et réussit, en juin dernier, à passer l’inspection avec succès.
Le 5 juillet, Little Agnes Nursery ouvre enfin ses portes. “La crèche sera ouverte 51 semaines par an”, détaillent les associés, “et on accueille les enfants de toutes les nationalités”. Le personnel anglophone ne s’adressera par ailleurs aux petits qu’en anglais et celui francophone qu’en français pour ainsi ne pas apporter de confusion et permettre une vraie immersion bilingue. La crèche est séparée en trois salles : une pour les 3 à 20 mois, l’autre pour les 20 à 36 mois et enfin pour les 36 à 60 mois. “Mais les espaces sont ouverts donc, en fonction du développement des enfants, ils pourront passer d’une salle à l’autre”. Les fondateurs souhaitent ainsi proposer une approche éducative différente avec une attention portée à chaque petit et à chaque âge. Ils ont aussi déjà prévu l’intervention d’un danseur japonais, francophone, qui viendra animer un atelier une fois par semaine pour aider les enfants à prendre conscience de leur corps. Des sessions qui ont également pour but de permettre de rétablir les liens de sociabilité, de travailler sur la confiance en soi, ainsi que gérer ses émotions.
Et le concept de Little Agnes Nursery a l’air de déjà plaire. Depuis trois semaines, les demandes de visites et d’inscriptions sont nombreuses, expliquent Yuriko Kagotani, Frédéric de la Borderie et Laurent Batut. “On incite vraiment les deux parents à venir voir les lieux, même tour à tour, car choisir une crèche c’est une question d’alchimie”, pensent-ils, “car l’adhésion et l’implication des parents sont essentielles, notamment dans le choix d’un établissement bilingue”.