C’est un événement qu’Aous Labbane espère voir grandir dans les années à venir. Membre de l’association des anciens étudiants tunisiens des grandes écoles françaises (ATUGE), il organise à Londres le tout premier festival du film tunisien, qui se tiendra les 25 et 26 septembre au cinéma Rich Mix à Bethnal Green.
Initialement prévu en juin 2020, le festival a dû être repoussé non pas une fois mais trois fois, pandémie de la Covid oblige. “C’est un événement auquel on réfléchissait depuis 2019”, expose Aous Labbane, arguant que si les films tunisiens ont souvent fait partie de sélection de festivals cinématographiques à Londres ou au Royaume-Uni, “ils finissaient toujours un peu noyés dans la programmation”. Parce que, dit-il, le cinéma tunisien a sa particularité, il méritait d’avoir son propre événement.
Déjà organisatrice de différentes manifestations, la branche britannique de l’ATUGE a donc voulu créer un rendez-vous à part pour promouvoir la création cinématographique de la Tunisie. “Depuis la révolution de 2011, il y a une euphorie artistique, beaucoup de cinéastes ont émergé”, justifie Aous Labbane pour qui il est donc important de montrer cette nouvelle vague du 7ème art. “On souhaite accompagner cette évolution mais aussi encourager par ce biais les réalisateurs à venir tourner ici, qui se sont jusqu’à présent plus tournés vers la France ou l’Italie”.
Parce que c’est un premier festival, les organisateurs ont vu petit avec une sélection de 5 films seulement répartis sur 2 jours. “Le programme a beaucoup évolué depuis 2020 et on a souhaité se concentrer seulement sur des longs-métrages pour commencer”, détaille Aous Labbane, qui espère ainsi que pour la prochaine édition, une journée supplémentaire pourra voir le jour afin de programmer des courts métrages.
“Notre critère de sélection était avant tout basé sur le fait que les films devaient être sous-titrés en anglais”, poursuit-il, “ensuite on souhaitait proposer des œuvres qui abordent diverses thématiques comme l’immigration (avec le film “Bonne mère” de Hafsia Herzi), la politique (avec le documentaire “La transversale” de Sami Tlili et “Eclipses” de Fadhel Jaziri), le terrorisme (avec “Un fils” de Mehdi M. Barsaoui ou encore “Fatwa” de Mahmoud Ben Mahmoud). Des sujets actuels mais aussi universels qui pourraient autant intéresser la diaspora tunisienne que nord-africaine mais aussi les Britanniques”.
Sur ces 5 films, quatre seront d’ailleurs projetés pour la première fois au Royaume-Uni. Pour faire de cet événement un véritable festival à part entière, l’ATUGE proposera aussi des séances de questions-réponses avec les réalisateurs. “Deux se feront en présentiel (pour les films “Fatwa” et “La transversale”) et les trois autres en virtuel”, détaille Aous Labbane, qui se félicite que le cinéma Rich Mix de Bethnal Green, dans l’est de Londres, ait accepté d’accueillir l’événement. “C’est un lieu très international et donc ce festival y a toute sa place”.
L’organisateur espère qu’Alyssa, le nom du festival (qui fait référence à la première reine de Carthage), rencontrera le succès pour cette première édition. Car l’objectif est d’installer l’événement sur la durée.