Louchka, c’est le surnom que lui donne son père, mais c’est aussi le nom de la marque qu’elle vient tout juste de lancer. “C’est ma petite sœur qui m’a soufflé l’idée”, confesse Ophélie Usannaz-Joris, “j’ai tout de suite trouvé que cela collerait bien à l’image originale que je voulais donner à ce que je faisais”. Et ce qu’elle fait, cela se résume en un concept assez audacieux : aider les femmes à continuer à consommer la mode mais sans coût environnemental.
“La mode a le pouvoir de raconter une histoire, celle de qui on est ou de qui on veut être”, explique Ophélie Usannaz-Joris, “s’affirmer et traduire nos humeurs passent par notre style. C’est pour cela que les gens achètent continuellement des vêtements. Mais s’il est nécessaire de se faire plaisir, il ne faut pas oublier que cela coûte énormément à la planète”. Devant ce constat, la toute jeune diplômée du prestigieux London College of Fashion a souhaité démocratiser le seconde main et le vintage pour imaginer une mode – et un monde – où plaisir et écologie pourraient se marier parfaitement.
“Pour moi, il faut vraiment donner envie aux gens d’acheter du seconde main”. Mais comment faire quand sa propre étude de marché révèle que la plupart des gens n’aiment pas l’expérience des magasins de seconde main car ils n’y trouvent pas de jolies pièces et voient souvent encore ces boutiques comme poussiéreuses ? En créant Louchka, Ophélie Usannaz-Joris s’est alors fixée alors pour objectif de changer cette perception en sélectionnant des vêtements de choix, en les nettoyant professionnellement, en les raccommodant et enfin en les stylisant pour leur donner un air plus mode. Mieux, elle voulait montrer que l’expérience d’achat du seconde main pouvait être à la hauteur de celle ressentie quand on achète des plus grandes marques, service clients inclus.
L’avantage d’être à Londres est que la ville était prête pour un tel concept. “Les Britanniques sont très friands des friperies, boutiques vintage. De manière générale, ils sont plus sensibles aux questions écologiques”, reconnaît la Française. D’ailleurs, ce n’est par hasard qu’elle a choisi la capitale anglaise pour faire ses études en école de mode. La mode, ce domaine dans lequel elle s’est toujours imaginée. “Petite, je dessinais des robes de mariées dans ma tête”, se souvient-elle. Adolescente, elle fabrique les costumes pour les cours de théâtre de son établissement scolaire. Sa tante, styliste pour la marque de sous-vêtements Princesse Tam Tam, l’a aussi beaucoup inspirée dans son choix de carrière.
La jeune femme intègrera ainsi le London College of Fashion en 2015, où elle s’est spécialisée dans le “fashion design and development”. “J’avais été prise dans une école à Paris, mais j’ai préféré Londres, car cette université est très axée sur l’écologie et propose de nombreux programmes”. Elle fera de l’environnement son cœur de formation, elle écrira même des essais sur le sujet. Si elle a beaucoup aimé le London College of Fashion, c’est aussi parce que “les professeurs nous donnent beaucoup d’autonomie, ils nous laissent expérimenter pour que l’on apprenne de nos propres erreurs”.
Une liberté qui lui a permis de conforter une autre envie de longue date, celle de lancer sa marque. “J’ai toujours eu le goût de l’entrepreneuriat”, avoue Ophélie Usannaz-Joris. A tel point, qu’avant ses études de mode, la jeune femme a d’abord passé un diplôme de commerce. Avec un tel bagage de formation et son diplôme en mode en poche depuis juin dernier, la Française s’est donc sentie prête à sauter le pas. Après avoir lancé son étude de marché, elle a commencé à travailler sérieusement sur son projet. “J’ai ensuite demandé à mes proches de me donner des vêtements qu’ils ne voulaient plus, j’ai chiné d’autres pièces”. La jeune femme leur a ainsi tous redonné vie avec sa petite touche personnelle et moderne.
Puis est arrivé le moment de créer le site internet de Louchka et de commencer à bâtir une vraie présence sur les réseaux sociaux. Le concept plaît déjà, grâce notamment à la présence de tailles adaptées à toutes les morphologies mais aussi des prix situés dans une fourchette de £10 à £500 (pour les articles plus “luxe”). Ophélie Usannaz-Joris a poussé son concept si loin que les commandes sont même envoyées dans des emballages biodégradables pour coller à sa philosophie : moins d’impact possible sur l’environnement.
Si pour l’heure, elle se concentre sur la renaissance du vintage via sa marque, la jeune entrepreneure n’exclut pas un jour de dessiner elle-même des collections, toujours avec cette idée de la durabilité et en exploitant des concepts sur lesquels elle a déjà travaillé durant ses études : l’utilisation de tissus biologiques, le recyclage de vieux vêtements ou la fabrication de vêtements durables…