Il n’aurait jamais pensé que ses vidéos créées au départ pour aider ses élèves de primaire à préparer la classe connaîtraient autant le succès. Mais la pandémie étant passée par là, parents et professeurs français du monde entier ont trouvé dans l’idée de Lucas Schildknecht, aidé par son cousin Benoît (basé à Londres), de vrais contenus ludiques et pédagogiques très utiles alors que les cours en distanciel se sont multipliés à cause des confinements à répétition. Créée il y a trois ans et baptisée “Maître Lucas”, la chaîne Youtube compte aujourd’hui plus de 26.000 abonnés et plus de 3 millions de vues en cumulé. Un succès qui est remonté jusqu’aux oreilles du président de la République, Emmanuel Macron. “Il nous a envoyé une lettre début mai pour nous féliciter et remercier de cette initiative”, confie fièrement le Français de Londres.
Tout commence à New York en 2017 quand Lucas Schildknecht, professeur des écoles dans un établissement français, se dit qu’il serait intéressant de réaliser des petites vidéos ludiques et pédagogiques pour ses élèves de CE1. “Aux Etats-Unis, mon cousin a découvert de nouvelles méthodes d’apprentissage et il a décidé de s’en inspirer. Ces vidéos avaient au départ pour but d’aider les enfants à préparer le cours avant la classe et ainsi avoir une plus d’interavicité avec les élèves”, explique Benoît Schildknecht. Le trentenaire commence d’abord à bricoler des contenus sous forme de dessin animé avec les moyens du bord. La méthode séduit les élèves comme les parents. A son transfert au Luxembourg en 2018, Lucas Schildknecht continue à produire ces modules pédagogiques, mêlant grammaire, mathématiques, ou encore les sciences, la physique… Jusque-là, les vidéos, postées ponctuellement sur la chaîne Youtube, restent plutôt confidentielles.
C’est au moment du premier confinement que les choses vont prendre une autre dimension. “Les professeurs, qui s’étaient passé le mot, ont commencé à utiliser le contenu de Lucas pour leurs cours en distanciel”, explique Benoît Schildknecht, “le trafic de la chaîne est passé de 1,000 vues par mois à des milliers par jour pour atteindre les 50,000 vues entre mars et juin 2020”. Instituteurs comme élèves commencent alors à formuler des demandes spécifiques auprès de Lucas Schildknecht. C’est ainsi que ce dernier contacte en septembre son cousin Benoît, basé à Londres et travaillant dans une entreprise digitale française. “Il m’a demandé des conseils puis il m’a expliqué qu’il pensait à créer un site internet, car Youtube était trop limité. A part poster des vidéos, on ne peut rien faire d’autre”, explique le jeune homme de 34 ans, qui lui apporte alors son expertise et lui offre son aide technique dans la réalisation de son nouveau projet. Sur le site, les élèves et les parents ont désormais accès aux vidéos mais aussi à des quizz et des cartes mentales.
Malgré le retour des cours en présentiel à la rentrée scolaire de septembre, le site comme la chaîne (où étaient postées jusqu’à 15 vidéos par mois lors du confinement) continuent d’attirer professeurs de primaire, parents ou élèves. Car c’est la méthodologie qui les séduit avant tout. “On n’est pas le CNED, on ne remplacera jamais non plus un professeur en classe. Mais avec Maître Lucas, on souhaite simplement accompagner les enfants dans leur scolarité”, explique humblement Benoît Schildknecht. En avril dernier, quand le gouvernement français a annoncé un nouveau confinement, le trafic explose de nouveau. “On a reçu 87.000 visites en une semaine”, se félicite Benoît Schildknecht. Et l’intérêt pour Maître Lucas ne vient pas que de France. “On constate qu’une partie du trafic provient d’écoles françaises basées à l’étranger, comme à Londres”, explique, ravi, le jeune homme.
Depuis un an, les remerciements pleuvent de toutes parts et les cousins y trouvent là leur gratification. Car si Maître Lucas est 100% gratuit, Benoît et Lucas Schildknecht ne touchent eux-mêmes de leurs vidéos, pourtant vues jusqu’à 200.000 fois par mois, aucune rémunération de la part de Youtube. “C’était un choix dès le départ de Lucas, parce qu’il ne voulait surtout pas que des enfants de cet âge-là soient exposés à la publicité”, explique Benoît Schildknecht. Cependant, les deux associés réfléchissent à de nouveaux projets et comment trouver des formes de monétisation, sans jamais rendre Maître Lucas payant. En attendant, ils viennent de finaliser la mise en ligne de jeux éducatifs et d’articles blog avec des interviews de spécialistes de l’enfance sur des sujets divers.