Le centre Charles Péguy a eu vocation, dès sa création en 1954, d’accompagner et aider les Francophones qui souhaitaient s’installer à Londres. Mais avec le Brexit, effectif depuis le 1er janvier 2021, l’association a dû revoir sa façon de fonctionner. En effet, avec les nouvelles règles migratoires, pour venir vivre et travailler au Royaume-Uni il faut désormais être titulaire d’un permis de résident ou d’un visa. Finies donc les années où Français, Suisses, Belges autres Francophones pouvaient simplement traverser la Manche pour tenter de décrocher un job.
Il aura donc fallu au centre Charles Péguy s’adapter à cette nouvelle situation. “Mais il a toujours su et réussi, depuis sa création, à transformer ses activités au fur et à mesure”, assure Fabien Maero, conseiller emploi au sein de l’organisme. Aujourd’hui, il est seul aux manettes, alors qu’ils étaient encore deux avant la pandémie. Le centre a déménagé aussi. Auparavant installé dans des bureaux à Old Street, qu’il partageait avec le CEI, Centre d’Échanges Internationaux, il est accueilli dorénavant au sein de l’Eglise protestante française de Londres, dans le quartier de Soho. L’accompagnement des Francophones se fait désormais à distance, ce qui permet d’ailleurs aux Français, encore en France, de pouvoir se renseigner en amont via des rendez-vous virtuels.
Car, malgré le Brexit, les demandes de renseignement pour s’installer à Londres n’ont cessé d’augmenter entre 2021 et 2022. En un an, Fabien Maero a comptabilisé 1333 requêtes, sans compter les nombreux coups de téléphone reçus quotidiennement. Certes, le nombre de membres – il faut payer une cotisation pour avoir accès aux services – a baissé, passant de 800 membres au plus haut de l’activité du centre Charles Péguy à 500. Un chiffre encore très honorable et qui permet à l’association de continuer à vivre, étant donné qu’elle ne peut plus compter sur les subventions du ministère des Affaires étrangères ou de l’appui de sponsors privés (le centre est d’ailleurs à la recherche de nouveaux mécènes).
Malgré tout, l’activité reste donc forte, prouvant que le centre Charles Péguy a encore un rôle à jouer. “Nous sommes beaucoup sollicités par des personnes éligibles au pre-settled status mais qui sont rentrées en France pendant la Covid. Nous leur fournissons toutes les informations dont ils ont besoin pour faire leur démarche”, explique Fabien Maero, “nous avons aussi des questions sur les différentes types de visas qui existent, sur la possibilité de faire des stages ou de venir chercher du travail sur place…”
Le conseiller emploi se nourrit donc au maximum de toutes les réglementations qui sont entrées ou entrent en vigueur pour renseigner au mieux les candidats à l’immigration ou qui sont à la recherche d’un travail. “Je leur donne des conseils sur comment orienter leur candidature, comment bien cibler leurs recherches”.
Fabien Maero accompagne également les employeurs du réseau constitué au fil des décennies par le centre. Des employeurs, qui cherchent à comprendre comment fonctionnent les licences de permis de travail. “C’est vrai que pour le secteur de la restauration, cela devient plus compliqué de recruter”. Et la Covid qui s’est ajoutée dans l’équation n’aide pas. “Mais les restaurateurs sont optimistes sur la mise en place prochaine d’un visa spécifique pour ce secteur d’activité”. La pandémie cachant encore les effets du Brexit, le gouvernement britannique pourrait en effet, comme il l’a fait sur la question des chauffeurs routiers, assouplir la réglementation migratoire pour aider la restauration souffrant d’un manque de main d’œuvre, avec pourquoi pas un visa jeune comme proposé pour les Monégasques de 18 à 30 ans. Ce Youth Mobility Scheme leur permet ainsi de venir travailler pendant deux ans au Royaume-Uni.
Le centre Charles Péguy, près de 70 ans après sa création, démontre donc encore l’utilité de son existence.