Ils ont troqué leur fish and chips pour nos bœufs bourguignons, nombreux sont les Britanniques à avoir choisi la France pour lancer leur entreprise. Qu’il s’agisse de restauration ou d’art, l’Hexagone est, pour eux, une terre d’opportunités. Tel est le cas du couple franco-britannique à l’origine du succès triomphant de Rose Bakery. Rose et Jean-Charles Carrarini ont décidé de lancer leur premier concept store à Paris en 2002, après avoir passé plus de 35 ans en France. Le couple a fait ses premiers pas dans le commerce en ouvrant deux boutiques à Londres, alliant épicerie, restaurant, charcuterie et boulangerie. « Nous ne trouvions jamais les produits que nous aimions dans les boutiques, nous avons alors décidé d’ouvrir Rose Bakery », explique-t-il.
Lassés du Royaume-Uni et en quête d’une nouvelle aventure, les deux entrepreneurs innovants ont exporté leur concept novateur et pêle-mêle made in Britain dans la capitale française. Le concept, qualifié de « multi-approches » par Jean-Charles Carrarini, séduit le public français. Vingt ans plus tard, le couple est à la tête de six boutiques à Paris, dans des lieux emblématiques tel que le site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France.
Même s’ils ne rencontrent pas de difficultés majeures au quotidien quant à leur droit de séjour en France, ces entrepreneurs britanniques déplorent la décision du Royaume-Uni de sortir de l’Union européenne prise en 2016. Jean-Charles et Rose Carrarini ont dû cesser d’importer des produits britanniques en France pour compléter leur offre parisienne. « Le Brexit est un des plus grands scandales du 21ème siècle », déplore-t-il avant de préciser, « nous importions près de 30,000 euros de produits britanniques vers la France chaque année, il s’agit d’une somme que nous investissons auprès de producteurs européens, les complications administratives sont devenues nombreuses. »
La success story de Rose Bakery n’est pas un cas isolé. Charlotte Goldspink, artiste-peintre originaire de Manchester, témoigne de l’engouement que suscite le made in Britain dans un territoire résolument français. Nichée dans son atelier de la Croix-Rousse à Lyon, l’artiste recouvre ses tableaux des couleurs de la troisième ville de France depuis 15 ans. « Mes peintures représentent le paysage lyonnais, les touristes qui souhaitent ramener un bout de la ville chez eux font un arrêt obligatoire dans ma boutique », s’enthousiasme-t-elle.
Établie en France depuis 1992, la Britannique a osé lancer sa carrière en tant qu’artiste-peintre loin de son pays natal. « Je ne trouvais pas l’inspiration en Angleterre, il s’agissait d’une rupture nécessaire pour avancer dans mon parcours professionnel », se souvient-elle. À présent mariée avec deux enfants franco-britanniques, Charlotte Goldspink a résolument choisi la France comme pays d’adoption.
Si le Brexit n’a pas eu d’incidence sur son statut de résidente, le divorce politique l’a, quant à elle, poussée à songer à l’obtention de la nationalité française. « Depuis que je n’ai plus de passeport européen, je me sens étrangère au pays dans lequel j’habite depuis si longtemps », commence-t-elle avant de reprendre, « devenir française n’était pas dans mes projets avant le Brexit, mais d’un point de vue administratif, la nationalité pourrait apaiser certaines de mes angoisses en cas de pépin ici ».
« Nous avons eu de la chance d’arriver en France avant l’entrée en vigueur du Brexit, la décision politique est un obstacle aux initiatives des jeunes entrepreneurs », affirme Fay Latham, co-fondatrice britannique d’un café à Paris. Arrivée en France en 2013 en tant qu’étudiante, la Britannique originaire de l’Île de Man est séduite par la vie à la française.
Accompagnée de son partenaire Ola Bosun, elle décide d’ouvrir un coffee shop à l’anglaise dans l’Est parisien. Buns oeuf avocat et cheddar, sandwiches de grilled cheese ou encore homity pies, le couple a fait d’Ola’s Café le point de rencontre entre le café à la française et l’offre diversifiée de recettes britanniques aux accents nigérians.
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Le mélange des cultures est célébré dans ce petit café du dix-huitième arrondissement, au grand bonheur des Français avides de découvertes. « Je pense que les gens poussent la porte de notre café car nous créons une atmosphère particulière. Le service y est différent d’un café parisien typique, nous avons de nombreux habitués qui viennent nous voir tous les jours », affirme Fay avec joie. Malgré le Brexit, l’entrepreneuriat made in Britain garde le vent en poupe en France.