Elle a 27 ans et elle s’appelle Marie. La Française cartonne depuis des mois sur internet grâce à ses vidéos culottées, mais qui dénoncent avec justesse les injustices de notre société contemporaine.
Pourtant rien ne prédestinait la jeune femme, qui se produira samedi 24 mars au London Jewish Cultural Centre, à se lancer sur ce créneau. “Il y a deux-trois ans, j’ai eu un avoir pour aller au cours Florent et j’ai développé une passion que je ne soupçonnais pas pour le théâtre, alors j’ai décidé d’être comédienne”. Virage à 380° pour l’étudiante en prépa ENA (Ecole Nationale d’Administration) à l’époque. “Il a bien fallu faire un choix. Cela a été un moment difficile, j’avais ce sentiment d’être déclassée socialement, et en même temps d’être épanouie à l’intérieur”.
Marie commence alors à faire des vidéos. “J’avais testé un casting une fois et j’ai détesté, je me suis alors dit “plus jamais”, il a donc fallu que je trouve une alternative à la voie classique”. Ce sera donc par l’image. “Je voulais tout entreprendre par moi-même, c’est à dire être ma propre productrice, réalisatrice et être aussi comédienne, car je tiens à ma liberté et mon indépendance”.
Ces vidéos, Marie voulait qu’elles soient des satires sociales. Pour mettre tout cela au point, elle s’est associée avec Maxime Allouche, avec qui elle crée ce “projet fou, dense, exhaustif, particulièrement passionnant et drôle”. Parfois critiquée pour ses provocations, elle estime que “pour montrer les choses de la manière la plus forte, pour pouvoir critiquer les moeurs, il faut trouver des moyens, comme l’autodérision, la dérision mais aussi la désobéissance. Cela peut être choquant de nous voir nous mettre en danger, on peut même nous détester, mais c’est intéressant de le faire”.
“Marie s’infiltre” donc partout : à la fashion week, dans les trains, dans les agences immobilières, dans la rue pour dénoncer les conditions de vie des migrants, au Front national… “Je crois que mes vidéos sont une sorte de tampon entre mes études à Sciences-Po, mes rêves d’administration que j’avais à une époque et ma folie et ma passion pour le théâtre que j’ai découvert”.
Grâce à son bagou, son audace, sa provocation, Marie s’est faite connaître sur internet. Mais elle ne compte pas que sur les réseaux sociaux pour construire son projet. “Facebook a par exemple changé son algorithme, donc les vidéos sont moins visibles maintenant. Pas de problème, on trouvera autre chose”. Marie reconnaît qu’internet l’a aidée en termes de visibilité, mais pour elle, ce qu’elle propose n’est pas que du divertissement, “c’est un projet sérieux, je me bats pour que ça marche”. Elle aimerait que dans quelques années ses vidéos soient utilisées pour voir à quoi ressemblait la France dans les années 2010.
Samedi 24 mars, elle montera donc sur scène pour montrer une autre facette d’elle. Mais elle n’en dira pas beaucoup plus. “C’est une grande surprise, en général les gens sont plus déboussolés en sortant qu’en entrant”. Elle confie juste que c’est “une petite pièce de théâtre” où elle sera seule sur scène. “Le récit est assez autobiographique, avec cette question qui m’interpelle beaucoup : qu’est-ce que c’est de s’infiltrer, d’usurper une place, d’être une éternelle “incruste”? Car cela peut être perçu comme une faiblesse mais cela peut aussi être une force”.