“C’était ça ou j’arrêtais tout”. Marielle Perraut est cadre infirmière dans un des plus grands hôpitaux de Londres. La pandémie, elle l’a vécue au plus près. Pression, surcharge de travail… et en plus, elle a été elle-même touchée par le virus en mars 2020 pendant la première vague. “Cela a duré 5 jours, avec beaucoup de fièvre. J’ai cru que c’était la fin pour moi”, confesse la Française, installée en Angleterre depuis 26 ans. C’est à ce moment-là qu’elle questionne le sens de sa vie. “J’ai eu peur, et cela a provoqué en moi une totale remise en question”. Au point de vouloir tout plaquer. Mais c’est sa passion pour la décoration d’intérieur qui lui a permis de se remettre à flot. Elle vient même de lancer en juillet son entreprise, “Reinvented Interiors”, devenue véritable soupape pour l’infirmière.
En effet, après sa reprise du travail, avec des horaires impossibles – incluant les week-ends et les nuits -, Marielle Perraut, qui gère 200 infirmières et beaucoup d’autres responsabilités administratives en plus de ses interventions en unité Covid, se dit qu’elle doit trouver une sorte d’exutoire pour continuer à tenir. Surtout lors de la seconde vague de la pandémie, qui fut, décrit-elle, encore plus “usante”. “On avait l’impression de ne jamais voir le bout du tunnel. En août 2020, je voulais même tout arrêter, j’avais envie de rentrer en France”.
Mais quelques mois auparavant, en juin 2020, elle était tombée par hasard sur un cours de décoration d’intérieur sur internet. “J’ai toujours été créative, je fais du tricot et du crochet depuis toute petite. Je me suis dit pourquoi pas me lancer dans une formation en décoration, ça me changera les idées”. Une formation qui durera un an. “Cela m’a permis de trouver quelque chose sur lequel me focaliser quand je n’étais pas à l’hôpital”, explique Marielle Perraut, “tout en comblant cette soif d’apprendre que je ressentais à ce moment-là”.
Se lancer dans cette formation lui a aussi permis de voir les choses autrement. “Je me suis dit : si ma vie se termine d’un coup, au moins je n’aurais aucun regret”. Pendant tout le cursus, elle monte différents projets. D’abord personnels, avec la rénovation totale de sa cuisine. “Puis, des amis ont demandé mes services et certains m’ont même poussé à monter mon entreprise”. Ce que Marielle Perraut décide de faire. “Mais je ne savais pas par où commencer. Je n’avais jamais créé de site internet par exemple”, confie la quadragénaire.
Elle fonde finalement sa société en tant que “sole trader”, puis s’attaque au site, qu’elle réalise seule en trois mois. “Tous les soirs après le travail, je me plongeais dedans. J’ai fait beaucoup de tests”. C’est en juillet 2021 que finalement les choses deviennent complètement concrètes : Reinvented Interiors est enfin né. Marielle Perraut propose donc à ses clients de réinventer, “réimaginer”, leur intérieur. “Une manière pour moi de les aider à se sentir bien chez eux”, explique-t-elle, faisant le parallèle avec son métier d’infirmière. “Je veille au quotidien à ce que les gens se sentent mieux sur le plan de la santé. Je souhaite que ce bien-être se prolonge à la maison et je crois que c’est essentiel surtout après ces mois de confinement passé dans son intérieur”. Elle s’est donc donnée pour mission avec son entreprise d’apporter des solutions de confort.
Pour mieux comprendre leurs attentes, Marielle Perraut demande d’abord aux personnes de remplir un questionnaire en ligne. Puis, en fonction de ce qui est souhaité, la Française repense l’espace. Grâce à un logiciel 3D, le ou la cliente peut même mieux se projeter sur ce à quoi cela va ressembler. “Je donne toujours deux options”, confie la décoratrice d’intérieur, qui dresse aussi des listes shopping, en suivant le budget – il existe trois packages différents, le premier commençant à £150 – des personnes et leurs goûts. “A eux ensuite de décider s’ils ont envie ou non d’acheter”.
Marielle Perraut a déjà quelques projets dans les cartons et se dit heureuse de s’être lancée. Car créer Reinvented Interiors lui a redonné l’envie de poursuivre sa carrière d’infirmière. “J’ai trouvé un équilibre dans ce que je fais dorénavant”. Dans les 5 ans à venir, elle imagine bien consacrer un peu plus de temps à son entreprise.