Chassez le naturel, il revient au galop, dit-on. Maxence Masurier en sait quelque chose. Né dans une famille de commerçants et restaurateurs, le jeune homme a d’abord tenté de faire son chemin comme ingénieur du son avant de revenir à ses origines. Après avoir travaillé dix ans avec son père à Paris, il a traversé la Manche où il a ouvert en 2015 une première boutique, Made In Little France, spécialisée dans la vente de vins exclusivement français. Le succès est tel que, cinq ans plus tard, un deuxième magasin vient de voir le jour.
C’est à Stoke Newington que Maxence Masurier a décidé d’établir son second Made in little France, qui a ouvert ses portes en juin dernier. “Une opportunité s’est présentée dans le quartier et je l’ai saisie”, explique tout simplement le caviste, “et depuis l’ouverture, les choses marchent plutôt bien”. Il reconnaît cependant que tout n’a pas été simple à cause du confinement. “Tout était fermé, c’était difficile de trouver des gens pour travailler, les travaux ont pris deux plus de temps”. Notamment pour les meubles, dont la fabrication est 100% française. C’est un ami ébéniste de Tarbes qui a créé tout le mobilier, des étagères aux bancs en passant par l’enseigne extérieure. “J’avais travaillé avec lui pour la première boutique située à Angel et il était logique que je fasse à nouveau appel à lui pour la seconde”, confie Maxence Masurier. “Il a pu venir prendre les mesures pour la fabrication mais quand il y a eu le confinement, les choses se sont compliquées. Il a fallu que j’aille chercher les meubles et c’est ça qui a pris le plus de temps”.
Mais cela en valait la peine car ce côté authentique et artisanal donne un cachet unique à ses magasins, qui ne proposent que des vins français. Un pari osé pour un caviste installé dans une capitale cosmopolite. “Mais je crois que c’est ce qui fait la clé de ma réussite, je pense que ce n’est pas bon de trop se diversifier. Pour moi, il vaut mieux se concentrer sur un domaine particulier”. Beaucoup, au départ, l’ont pris pour un “fou”, raconte-t-il, mais il sait aujourd’hui qu’il ne s’est pas trompé. C’est en 2014 que le jeune homme débarque de ce côté de la Manche, après avoir travaillé pendant dix ans avec son père, qui possédait un bistrot traditionnel à Paris. “On y proposait des vins et mets très classiques”, détaille Maxence Masurier. Quand l’établissement a été vendu en 2013 que le Français pense à tenter l’aventure dans un pays anglo-saxon. “J’hésitais entre New York et Londres, j’ai finalement choisi la capitale anglaise pour des raisons de praticité”.
Il travaillera d’abord comme sommelier dans des restaurants londoniens. Le vin est une passion pour lui, il en a goûté pour la première fois à l’âge de 14 ans. “Mon père et mon grand-père, qui sont des collectionneurs, m’ont tout appris. Et puis, depuis la guerre, ma famille a tenu nombre de bars et de restaurants, je peux même dire que je suis né dans un restaurant”, rit-il. Il a bien tenté un moment de s’écarter du chemin familial en s’essayant comme un ingénieur du son, mais rapidement il est revenu sur ce sentier plus familier. “J’ai toujours eu ça dans le sang. Quand c’est comme ça, on a beau vouloir faire autre chose, ça vous revient toujours à un moment donné ou un autre”.
Sa première expérience à Londres lui donne rapidement le goût d’ouvrir son propre commerce. C’est en 2015, après un an et demi de travail, que la première boutique Made In Little France ouvre ses portes dans le quartier de Clerkenwell. Maxence Masurier fait le choix immédiatement de ne proposer que des vins français, issus de producteurs qu’il connaît et affectionne. Il les a tous rencontrés et a choisi avec eux les bouteilles qu’il présenterait à Londres. Dans sa “cave”, les prix commencent à £8.50, pas loin de ceux affichés dans les supermarchés. “Mais je dis toujours que la qualité a un coût”, commente le spécialiste, “j’offre des vins exclusifs qui racontent une vraie histoire. Les producteurs avec qui je travaille sont des artistes”.
Il croit depuis le départ “dur comme fer” à sa philosophie et ça marche. L’ouverture de sa seconde boutique est une preuve. “C’était la suite logique, cela fait cinq ans que la première avait été lancée. Les choses se sont bien développées, on s’est fait bien connaître”. Même l’épidémie de coronavirus n’a pas eu d’impact sur ses affaires, à part l’arrêt de ses événements autour de la dégustation de vins. “Nous n’étions pas concernés par les fermetures de commerces. Certes, au début il y a eu un petit coup de frein mais les gens ont continué à venir et le chiffre d’affaires a été en hausse de 20%”.
Pour le lancement de ce deuxième Made In Little France, Maxence Masurier a imaginé un concept “révolutionnaire” et écologique. Depuis ce mois de septembre, le magasin propose en effet aux clients un système de recharge de vins. A l’entrée, ils trouveront un grand tonneau avec un robinet conçu par un vigneron du sud de la France où les personnes pourront remplir leur bouteille de vin rouge, blanc, de rosé ou encore pétillant, le tout pour £10 (le prix de la bouteille vide est compris).
Le caviste réfléchit maintenant à la possibilité d’ouvrir un restaurant. “Pour cela, il faut que je trouve un bon chef. Mais l’idée reste vraiment dans un coin de ma tête”. Avant, il lancera peut-être une troisième boutique, cette fois-ci dans l’ouest de Londres. “Je regarde 2021 avec un grand sourire”, lance-t-il.