Mikael Grou va représenter la France lors des Gaggenau Sommelier Awards qui se déroulera mardi 16 et mercredi 17 octobre à Pékin en Chine. Cette compétition, qui existe depuis 2014, se délocalise pour la première fois hors de l’Europe et consistera en une dégustation à l’aveugle et une épreuve sur le service. Une belle compétition, mais l’assistant sommelier du restaurant Alain Ducasse at The Dorchester n’en est pas pour autant stressé, même s’il reconnaît que la seule pression qu’il se met vient du fait qu’il espère ne décevoir personne.
Perdre ? Mikael Grou ne se pose même pas la question. “Si on a peur de perdre un concours, alors le mieux est de ne pas en faire”, résume le Breton d’origine pour qui “participer à ce genre de compétitions ne peut être que quelque chose de personnel. On ne doit le faire que si on en a envie”. Il faut dire que le jeune homme de 29 ans est un habitué des concours, avec déjà une dizaine aux compteurs. Il reconnaît qu’au fil des années, ces épreuves lui ont beaucoup apporté. “J’adore apprendre, me remettre en question. J’aime aussi ce côté “challenge” et puis, ce sont des vrais tremplins de l’apprentissage”.
Pas grave s’il ne monte pas sur le podium lors des Gaggenau Sommelier Awards, confie le Français. “Se tromper ou ne pas gagner ne remet pas en cause votre travail du quotidien”, philosophe-t-il. A Pékin, il essaiera tout de même de donner le meilleur, alors qu’il sera l’ambassadeur du drapeau tricolore. “J’ai déjà été surpris d’avoir été sélectionné pour la finale”, avoue Mikael Grou. Pour se préparer, il continue d’apprendre par cœur les différentes saveurs et définitions des vins. “Je m’entraîne également beaucoup sur les dégustations et je fais aussi beaucoup de quiz professionnels”. De quoi être prêt le jour J. Il peut aussi compter sur le soutien de l’équipe du Dorchester. “On sera bien évidemment très heureux s’il gagne”, confie le restaurant d’Alain Ducasse.
Mikael Grou pourra aussi s’appuyer sur sa passion, qu’il cultive depuis plus de 15 ans maintenant. Même si le métier de sommelier n’était pas au départ dans ses plans de carrière. En effet, le Rennais avait davantage un penchant pour la cuisine. “Dès mon plus jeune âge, j’ai eu la chance de manger aux plus belles tables de la région, c’est d’ailleurs peut-être là que j’ai eu le déclic”. A 11 ans, Mikael Grou sait donc déjà que sa vie sera derrière les fourneaux. “Je cuisinais à la maison, et ça me plaisait beaucoup”, confie-t-il.
Il s’inscrit alors en apprentissage et découvre pendant sa scolarité à Dinart les multiples facettes de la profession. C’est là qu’il se dit que finalement la cuisine n’est pas faite pour lui. C’est un de ses professeurs, ancien maître d’hôtel sur le France, qui va lui conseiller de se diriger vers la sommellerie et va même le convertir au métier “Il savait comment nous intéresser, il racontait beaucoup d’histoires autour des vins, c’était vraiment une année d’études extraordinaire”.
Après l’obtention de son diplôme, Mikael Grou enchaîne avec sa première expérience. “Je ne voulais pas forcément évoluer dans le monde du luxe. Je me rêvais plutôt dans un bar à vins”, confesse le jeune homme. Mais son professeur va lui imposer un stage au George V à Paris. Au bout de cinq semaines à peine, la direction lui propose un poste de commis. Il refuse dans un premier temps, mais se laisse finalement convaincre par les deux chefs sommeliers des lieux. “Le personnel était extraordinaire, même si travailler dans un trois étoiles, c’est une grande pression. Le George V est tout de même le bateau amiral des palaces parisiens”.
Mikael Grou rêve aussi à l’époque d’autres horizons, comme voyager dans le monde entier. Après 7 ans en poste à Paris, il décide de s’envoler vers l’Australie. D’abord à Melbourne puis dans le Queensland, où il sera sommelier pour un établissement “avec une très belle carte des vins”. Un an plus tard, alors que son visa arrive à expiration, il se met à chercher un poste en France. Finalement, il débarquera à Londres, au sein du Dorchester en août 2017. Après une période d’essai au Grill at The Dorchester, il rejoint le restaurant étoilé d’Alain Ducasse en mars dernier. Il s’y plaît, confie-t-il. “C’est un trois macarons Michelin, il y en a très peu dans la capitale anglaise donc c’est un vrai privilège. En plus, je retrouve l’univers du George V avec une clientèle connaisseuse. Il y a donc de la pression, mais avec toute l’équipe on travaille à honorer le nom et le savoir-faire d’Alain Ducasse, qui nous fait confiance et donc cela nous donne davantage envie de bien faire”.