Quarantaine, races interdites, vaccins spéciaux… Le protectionnisme britannique en matière d’expats à quatre pattes était légendaire et rebroussait le poil des voyageurs continentaux, découragés de traverser la Manche. Vétérinaire français, Pascal Sulzer, installé à Londres depuis 2001, fait le point sur l’expatriation animale, bien plus souriante qu’autrefois.
“Cette quarantaine de 6 mois avait été instaurée au XIXème siècle, pour protéger l’île britannique contre une épidémie de rage vulpine. Elle a finalement été supprimée le 28 février 2000”, explique le vétérinaire français. “Aujourd’hui, comme dans tous pays européen, les animaux doivent être identifiés par une puce électronique sous la peau, vaccinés contre la rage 21 jours avant le départ, et nantis d’un passeport, établi par votre vétérinaire”.
Seule obligation supplémentaire pour les chiens, l’animal doit être vermifugé de 1 à 5 jours avant de passer la frontière et rentrer en Grande-Bretagne, contre un parasite appelé l’échinococcose. Pascal Sulzer ajoute : “Attention, les types Pitbull, Dogues argentins ou Tosa japonais sont interdits ici”. Enfin, il faut penser à faire vacciner son chien contre la toux du chenil, très répandue au Royaume-Uni.
“En revanche, il faut prendre en compte une contrainte pratique, qui concerne le mode de transport”,prévient Pascal Sulzer, “voyager avec un animal est interdit en Eurostar, et en avion, les procédures sont compliquées et le tarif prohibitif pour votre compagnon à quatre pattes ». Ainsi, Air France les accepte pour sortir du Royaume-Uni, British Airways les prend pour rentrer, mais sachez que votre animal voyage alors en cargo, donc en soute. Restent la voiture par l’eurotunnel, et le bateau, pour un coût de 10 et 30€.
Oiseaux, invertébrés, lapins et petits rongeurs domestiques voyagent gratis. Mais impossible d’emmener plus de 5 animaux, sauf si vous justifiez, preuve à l’appui, de participer à une compétition sportive ou à une démonstration.
“En France, je faisais beaucoup de traumatologie, de chirurgie et d’orthopédie. Mais ici, depuis 2001, j’ai dû soigner 2 fractures en 15 ans. Les Anglais sont plus attentifs aux animaux”, constate Pascal Sulzer, “ils vont très loin dans les soins : ostéopathes, homéopathes, aqua-thérapie … Il y a beaucoup de spécialistes et un taux d’assurance animalière très élevé par rapport à la France !” Le véto remarque aussi qu’“on voit très rarement aussi un chien attaqué par un autre au parc, car ici on les stérilise, au contraire des Latins, irréductibles, qui refusent de castrer leur animal”.
Et qu’est-ce qui distingue Pascal Sulzer de ses homologues british ? “L’anglais médical n’est pas évident, du coup, les Français sont rassurés par un compatriote. Ils savent aussi que je leur dirais si leur animal souffre trop, au contraire des Britanniques, qui vont le plus loin possible dans les traitements et ne prennent pas la responsabilité de suggérer de piquer un animal”.